ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟

Menace - Partie 1

Quelque part au nord des Murs, 1er mars 852

Des plaines, des plaines, des plaines, couvertes par un ciel morose qui contrastait avec le vert de leurs feuillages. Il faisait froid, par ici. Il n'y avait que l'odeur de la transpiration des subalternes de Mike pour perturber celle de la terre humide, des buissons rabougris par le gel et de la pluie à venir. Ils étaient partis il y avait deux jours de cela de la cité du nord de Maria, pour repérer la base américaine qui se trouvait certainement droit devant eux.

A sa droite, Albert Hopft galopait sur son cheval gris ; sa tignasse rousse se balançait au rythme de ses foulées. Sa face pâle et triangulaire était si concentrée que le chef d'escouade en aurait presque oublié ses tâches de rousseur. Il était chargé de s'occuper, avec l'officier, des potentiels titans qui les attaqueraient. C'était son agilité à toute épreuve que Mike avait voulu mettre en avant.

Un peu plus en arrière, Viktor Krum tirait la charrette de ravitaillement. Lui devait utiliser ses yeux dorés, dont la précision ne connaissait aucune rivale. Suivait finalement Gelgar, lequel remplaçait Luise. Il était dommage que celle-ci ne les ait pas accompagnés, mais puisque Livaï était hors d'état de combattre, il fallait bien quelqu'un de costaud pour protéger la base. Il avait confiance en elle : bien qu'elle ne soit pas une lumière, sa force à toute épreuve compensait grandement.

Et puis, être quatre avait des avantages non négligeables. Passer inaperçus tant auprès des américains que des géants, porter peu de matériel, être plus rapides et efficaces. L'escouade réunie pouvait aussi s'en sortir au niveau stratégique.

Pour saupoudrer le tout, ils avaient choisi des habits sombres, dont les teintes variaient du gris au kaki en passant par le noir ; leur veste militaire se voyait remplacée par une cape en accord avec le reste. Seuls les fourreaux encombrants de leur équipement tridimensionnel et la rusticité de leur charrette pouvaient les trahir. Dans ces conditions, rien de trop mal n'allait leur arriver.

Un lièvre passa en trombes devant sa monture baie. Celle-ci ne cilla pas. Elle n'avait pas de quoi, après tout : les heures – non, la journée et demi qui s'était écoulée avait été particulièrement calme. Et quand bien même un titan se pointerait...

« Chef d'escouade Mike ! » s'exclama Gelgar par-dessus le tumulte des sabots. « Deux titans foncent sur nous ! » Il fronça les sourcils ; en effet, un couple de mastodontes de cinq et douze mètres arrivaient par la droite. Son flair ne les avait pas détectés ? Peut-être bien. Lorsqu'ils n'ont pas encore dévoré d'humain...

Le souvenir de l'odeur acide des cadavres frais envahit ses sinus. Il l'ignora, et dégaina ses lames fines. « Ils nous ont vus. Fuir ne servira à rien. Gardez le cap, je m'en occupe. » Sur ce, il lança son destrier au grand galop, sous le regard confiant de ses soldats.

Il ne lui fallut pas longtemps pour avaler la distance qui le séparait de ses ennemis, en grande partie car ils étaient en train de sprinter vers lui. Des déviants ? Cela ne l'aurait pas étonné. Dans tous les cas, leur face hideuse était penchée sur lui, et leurs yeux globuleux et bestiaux le scrutaient avidement.

Ils arrivèrent rapidement, très rapidement. Ce fut de justesse qu'il bondit de sa selle. Son axe se planta dans l'épais genou du plus petit ; il se lança immédiatement, lui trancha le talon, le laissa tomber à terre. Lorsqu'une main géante se referma brusquement devant son nez, il écarquilla les yeux.

L'autre était déjà sur lui. Il esquiva son poing pour remonter son bras. Les entailles sanguinolentes s'enchaînèrent sur son passage ; il arriva enfin à son épaule, et planta profondément ses épées dans sa nuque. Le monstre s'étala à son tour.

C'est la nouvelle génération... Un instant plus tard, le dernier subit le même sort. Le châtain observa sombrement leur cadavre déjà embrumé. Plus agiles, moins protégés. Marion les avait à la fois sauvés et mis en difficulté...