I will travel across the lines, searching far and wide - Partie 3

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Brigades d'Entraînement, sud du Mur Rose, 22 mai 847

Le réfectoire était aussi sombre qu'animé. Des tables, beaucoup de tables de pin envahissaient l'espace ; leurs amis les bancs les suivaient avec délice. C'était sur eux que les recrues étaient assises, et bavardaient énergiquement entre elles. Les nombreuses torches, accrochées aux nombreuses poutres, faisaient danser leur lumière jaune sur les nombreuses têtes qui se dressaient là. Qu'elles soient blondes, brunes, rousses ou châtain, elles étaient logées à la même enseigne...

Celle d'Eren mise à part.

Un joli bandage recouvrait son front. Il était installé près de la porte, dos à la fenêtre donnant sur le terrain d'entraînement, que la nuit noire noyait avec brio. L'adolescent observait avec horreur son potage grisâtre : Antoine pouvait le voir, même de la tablée isolée où il se trouvait.

Pas grand-monde ne s'était assis autour de lui. Il avait fait de son mieux pour ne pas sociabiliser. On l'avait déjà chargé d'atteindre le top dix de la promotion pour chourer la place d'Historia. Ce seul fait, doublé à ses capacités physiques, allaient assez attirer l'attention comme ça... D'autant plus que, pour Annie, Reiner, et Bertolt, il sortait de nulle-part. Il y avait aussi Leah, qui ne se gênait pas pour être gentille avec les autres. Ce qui était différent, c'est qu'elle aussi était une Résistante... Et elle va peut-être me percer à jour, elle. Mais bon, ils ont aussi vu que Livaï n'était pas là... En espérant qu'ils me considèrent comme l'enfant d'un effet papillon...

Certains avaient essayé de lui parler plus en profondeur, durant ces trois dernières semaines de renforcement musculaire. Historia, déjà, avec son air pseudo-angélique. Armin, intéressé par ses pseudo-ambitions d'ingénieur. Reiner, poussé par sa pseudo-amicalité... Et même Jean, plongé dans sa franchise aussi franche que franche. « La gonzesse », l'avait-il appelé, peut-être pour attirer son attention. Il avait vite été mitigé par Marco.

Résister à toutes ces potentielles discussions avait été dur. Marion l'avait un peu trop bien entraîné à vivre en société ; désormais, il devait retenir ses réflexes à la « Yo, quoi de neuf ? », « Putain, ton lit est encore moins bien fait que le mien ! », ou « Excuse-moi, tu as de la sauce sur la gueule. » Combien d'amitiés aurait-il pu nouer avec de telles paroles ? Peu avait importé, jusque-là.

Peu avait importé, mais la situation dans laquelle il se trouvait ce jour-ci allait s'avérer délicate.

Ils venaient de passer le test d'aptitude à la manœuvre tridimensionnelle, le genre de trucs usuellement compliqué. Seules Mikasa et Annie l'auraient classiquement passé dès la première fois, sans souci aucun. Sasha aussi s'était bien démerdée, mais c'était un OVNI.

Le souci qui se posait, c'était qu'Antoine l'avait réussi un peu trop facilement. C'était-à-dire, haut la main. C'était-à-dire, grâce à des capacités physiques à la Livaï, et qui paraissaient sortir du fion d'une personne aléatoire venue d'une ligne d'univers parallèle. Ça y était, il s'était fait repérer, il était dans la mouise, il aurait largement préféré perdre salement une partie de League of Legends que de supporter les regards stupéfaits des autres en prétendant de n'en avoir rien à faire.

Et le pire, c'était qu'Eren quémandait désespérément des conseils auprès des débutants ayant le mieux réussi... Et qu'il vient de me regarder, là ?! Il se pencha illico sur son assiette, sous pression ; mais il entendait déjà le semi-géant s'approcher de lui. Merde. Il tritura machinalement le bout d'une de ses longues mèches noires. Ses yeux clairs, eux, tentèrent de rester fixer sur son verre de terre cuite...

En vain. Lorsque le héro de l'Attaque des Titans posa une main sur son épaule musclée, ils ne purent que se lever sur lui. Son visage triangulaire et un poil hâlé reflétait un agacement manifeste. « Antoine Caven, c'est ça ? » Non. Non, non, non.

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant