Chute - Partie 3

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« Eha ! » s'écria Sara avec panique. Eha, qui gisait sur le plancher, devant elle, immobile, face aux compartiments de bois des douches, juste devant la porte. Son visage rond et hâlé était tordu par la douleur, et du sang coulait en abondance de son bras droit.

Devant elles, trois personnes armées, habillées de combinaisons kaki terriblement similaires à celles de leurs Divisions. Cependant, leurs ennemis aussi portaient les lanières tarabiscotées des soldats des Murs. Et ils avaient des bouteilles sur les cuisses, et de courtes bottes bien plus moulantes, et un plastron bien plus court que le leur, et des armes bien plus meurtrières. C'était l'une d'elles, un épais fusil noir au long canon, qui avait tiré sur la noiraude.

Les yeux ambre de Sara tremblèrent un long moment sur sa camarade... Pour se braquer rageusement sur le groupe ennemi. « Bande d'enfoirés... », gronda-t-elle. Bande d'enfoirés. Pourtant, elle ne put que les regarder, impuissante, ramasser les deux chèvres noires aux listes blanches, et la viser, elle. Ils chargèrent leurs armes dans un cliquetis affreux ; la rousse recouvrit la plus jeune de ses bras dans un cri paniqué. Mais alors qu'elle nichait son nez dans le cou de la jeune femme, les dents serrées au possible, un violent tremblement les secoua de toutes parts.

Des tuiles s'éclatèrent sur le sol, au-dehors. S'y mêlèrent des cris horrifiés, une déflagration tonitruante, et un « Hold up ! » paniqué. Une course lourde retentit dans le couloir.

« You got the goats ?!

Yes, captain !

The wall titans just got out ! They're going to crush us ! Retreat, now !

Roger ! »

Ce fut avec stupéfaction qu'elle les regarda prendre leurs jambes à leur cou. Tout ce qu'elle avait saisi, c'était un bref « titans ». Un allié s'était-il transformé, au-dehors ? Une énième secousse la projeta contre le mur, à côté. Elle protégea Eha de justesse.

Celle-ci laissa échapper un léger gémissement. « Et merde... Et merde ! » jeta la quadragénaire d'un ton tremblant. Elle écarta délicatement son amie, et l'étala au sol. Du pourpre, toujours plus de pourpre coulait de son biceps. Ses parties vitales n'ont pas été touchées... Elle jeta un œil aux autres cratères qu'avaient laissés les coups de feu de leurs adversaires. Elle le savait, elles avaient eu une chance sans nom.

Mais les autres s'en étaient-ils sortis vivants ? Et ces secousses... ? « Sara... », souffla difficilement Eha. L'intéressée posa illico ses yeux ambre sur elle ; des larmes y naquirent lorsqu'elle la vit tenter de se relever. « Ne bouge pas », débita-t-elle. Est-ce qu'il faut que j'aille voir dehors ? Non. Je me ferais descendre immédiatement. Mais Leonid... Sa face carrée et impassible passa rapidement dans son crâne. Il était à l'intérieur. Il va bien. Et Livaï, Boris, et Marlowe ? Sannes ? Est-ce qu'il est arrivé à temps ? Eux étaient dehors...

Son cœur se tordit sous l'angoisse. Pourtant, elle resta là, agenouillée auprès de sa camarade, qui plaqua une main frémissante contre la blessure. « Ça arrache... », grogna-t-elle. Elle va survivre. Putain de merde... « Il se passe quoi, là... ? Les chèvres ? »

Sara détourna le regard. Ce furent les éviers blancs du fond qui attirèrent son attention. « Ils les ont récupérées », laissa-t-elle tomber. Court silence. Bien que silence ne fût pas le mot : il y avait encore des rugissements déformés, à l'extérieur... Et des pas lourds de géant. Lequel ? Beaucoup trop de pieds semblaient fouler la terre. Même sans le voir, elle devinait largement le bordel qui se déroulait, là-dehors.

Elle prit une longue inspiration, puis se saisit doucement du poignet de l'autre. Celle-ci la gratifia d'un air surpris, qu'elle ignora. « Je ne sais pas trop comment t'aider... J'ai jamais vu une plaie comme ça... Tu penses qu'il faut retirer la balle ? »

ᴀʟʟᴇʀ-ʀᴇᴛᴏᴜʀ - ᴀᴛᴛᴀᴄᴋ_ᴏɴ_ᴛɪᴛᴀɴ&0.7[1] ⌜ᵗᵒᵐᵉ ⁴⌟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant