Chapitre 47

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Démasqué, le Killer attrapa le premier objet qui lui vint sous la main. Il balança violemment la chaise roulante dans ma direction. Je me levai d'un coup en l'évitant de justesse. J'entendis des objets se briser derrière moi. Il avait profité de cette diversion pour sortir par la fenêtre. Je me précipitai vers l'endroit de sa fuite mais je ne le vis pas. Je tapai du poing contre le rebord de la fenêtre. Il m'avait encore échappé !

La seconde d'après, mon père débarqua dans ma chambre. Il avait été réveillé en sursaut, ce que je comprenais compte tenu du vacarme qu'il y avait eu. À la minute où il était apparu, je savais que je ne lui donnerai jamais la vraie version des faits car cela mettrait sa vie en danger.

— Il s'est passé quoi ici ? Il y a quelqu'un d'autre avec toi, dans cette pièce ?

Il avait l'air intrigué par la situation. Flo n'avait pas dû le mettre au courant de que qu'il s'était passé. Il n'avait jamais été à l'aise dans ce genre de situation, contrairement à maman...

Je passai une main sur mon visage pour sécher ce qu'il restait de larmes. Je laissai tomber mes bras le long de mon corps pour faire comme si de rien n'était, imitant un petit enfant sage. Je réfléchis en vitesse pour trouver une bonne excuse.

— La fenêtre s'est ouverte à la volée. J'ai cru voir une ombre mais je n'ai fait que rêver.

Il sembla se contenter de cette explication. Sauf que lorsqu'il se retourna pour partir, il vit la chaise et les objets tombés au sol.

— Et pour la chaise ? me questionna-t-il en me faisant face.

Misère ! Qu'allais-je bien pouvoir inventer pour cette chaise ? Lui dire qu'elle venait d'être balancée par le vampire qui s'était introduit dans ma chambre ? J'étais un peu mal barrée...

— C'est quoi tout ce bordel ?

Flo venait juste d'apparaître à la porte de ma chambre. Elle se frottait l'œil droit tout en essayant d'être présentable. À sa façon de se tenir, elle venait de tomber du lit pour s'informer de ce qu'il venait de se produire.

— Ta sœur allait m'expliquer pourquoi la chaise a fait tant de dégâts, répondit-il en pointant l'objet en question.

Suite à cette phrase, elle me regarda dans les yeux et comprit que je n'avais pas d'explication « valable » à lui fournir. Sans donner plus de détail, elle me sauva la mise en déclarant :

— Cette chaise était déjà louche. À chaque fois que je voulais m'asseoir dessus, elle reculait. C'était comme si elle n'aimait pas que j'y pose mes fesses. Elle doit avoir un soucis de roulettes.

Elle prit notre père par le bras et lui conseilla :

— Il faudrait mieux que tu te reposes. Le médecin a recommandé de faire toute tes heures de sommeil pour que ton mal de crâne se résorbe.

— Mouais...

Ce n'était pas dans ses habitudes de lâcher l'affaire aussi facilement. Avec la mort de maman suivit de la « disparition » de Matthieu, il essayait de me laisser un peu d'espace. Tyler avait sûrement demandé à Flo de ne rien dire à propos de la mort de Matthieu. Il était préférable que ce soient les enquêteurs ou la police qui le retrouvent... qui retrouvent son corps. Cette pensée me fit frissonner.

Une fois la porte de ma chambre fermée et le calme revenu, j'attendis patiemment dans mon lit le temps que tout le monde se soit recouché. Dix minutes après, ne pouvant plus me contenir, je fis quelques pas dans ma chambre. Je me demandais ce que le Killer était venu faire et surtout, comment il avait pu entrer. Je me remémorai le moment où Flo était venu me réconforter avant de faire cet affreux cauchemar. Je compris que ma sœur avait entrouvert la fenêtre juste avant de quitter la pièce. Cela avait permis au Killer de s'introduire dans la maison sans forcer la moindre serrure. Si j'avais su que ma vie était à ce point menacée...

Je décidai de téléphoner aux garçons. Je n'avais plus du tout sommeil avec tous ces évènements. Je sentais que je m'étais retransformée en vampire. La première partie de la nuit avait été plus humaine que vampire et l'autre partie, l'inverse. Je me saisis de l'annuaire dans ma table de chevet – je suis probablement la seule fille au monde à avoir un annuaire dans sa chambre – et je recherchai le numéro de téléphone des frères. Je ne trouvais pas de « Wyllis » ni dans cette ville ni à Londres.

Si je ne pouvais pas les appeler, il ne me restait plus qu'une chose à faire : me rendre chez eux. Je me couvris rapidement avec un pull violet et un jean noir. J'enfilai une paire de chaussettes puis je quittai ma chambre. L'escalier en bois grinça à deux reprises. Ma condition de vampire me permit de savoir que je n'avais pas réveillé mon père, ce dernier ronflant paisiblement dans sa chambre.

Arrivée devant la porte d'entrée, je pris ma verte noire sur le porte-manteaux. En l'enfilant, j'eus une lueur de lucidité. Je me souvins que j'avais recopié le numéro de Tyler sur un bout de papier l'autre matin, juste avant de me doucher. Ni une ni deux, j'attrapai le combiné et je me rendis dans la salle de bain. Une fois le morceau de papier récupéré, je me planquai dans les toilettes de la maison. C'était le seul coin tranquille et assez isolé pour ne pas réveiller les autres personnes endormies.

Je composai le numéro après avoir allumé la lumière. J'attendis deux sonneries avant que quelqu'un ne décroche.

— Tyler c'est toi ? tentais-je

Je sentis bien l'étonnement dans sa voix quand il m'interrogea :

— Jemma ! Pourquoi tu appelles à cette heure-ci ? Tu vas bien ? Tu as besoin que je passe te voir ?

Toujours aussi attentionné ce vampire.

— Non ça va pour moi mais le Killer est entré dans ma chambre il y a quelques minutes.

— Attends, tu as dit quoi là !?

Rien que de penser que ce monstre ait pu me regarder dormir me donnait des nausées. Je continuai d'informer Tyler sur ce qu'il venait de se passer :

— Le Killer était chez moi cette nuit. Je l'ai surpris quand je me suis réveillée. Il était penché sur mon bureau et...

Mais comment n'ai-je pas pu regarder à mon bureau ? Je n'avais même pas pris la peine de regarder ce qu'il était en train de faire avant que je ne l'interrompe.

— Et quoi ?

— Il était en train de faire quelque chose avant que je ne le surprenne. Je ne sais pas quoi mais je vais monter. Promets-moi de ne pas parler avant que je t'en donne l'autorisation. Si je me fais choper, mon père nous tuera.

Juste avant d'ouvrir la porte des toilettes, je murmurai au combiné :

— Et chuchote pour ne pas faire trop de bruit s'il te plaît.

— D'accord.

Je me déplaçai dans le couloir le plus silencieusement possible. Je refermai la porte derrière moi une fois après avoir pénétré dans ma chambre. Je m'approchai de mon bureau et c'est alors que je remarquai un bout de papier.

Voyant des sortes de signes, je me rapprochai de la fenêtre afin d'avoir un minimum de lumière pour lire ce qui était marqué. Ma main se porta à ma bouche pour éviter de crier. Le Killer n'avait pas pris de l'encre pour l'écrire mais avait utilisé du sang ! Et je n'avais aucun doute sur la provenance de ce sang : il appartenait à Matthieu !

𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐉𝐞𝐦𝐦𝐚 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant