Chapitre 8

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D'un coup, mes yeux s'ouvrirent et je vis une silhouette dans un premier temps. Juste une silhouette debout à côté de moi comme je l'avais senti. Mais elle ne me paraissait pas menaçante. Je rouvris mes yeux une seconde fois et là, tout me sembla plus net. La personne avait changé de position, s'asseyant à même le sol, sa tête à mon niveau. Je devais être dans un canapé car l'endroit était moelleux et je n'avais pas froid.

Le jeune homme était blond. Fichtre ! La personne en question était encore une fois Luke !

« Mais c'est pas possible ! Il me poursuit partout celui-là ! » pensai-je fortement.

Où étais-je au fait ? Je regardai autour de moi. La maison dans laquelle je me trouvais me semblait totalement inconnue. Jamais vu de ma vie.

— Où suis-je ? questionnai-je en me relevant très rapidement, ce qui me surprit.

Lui aussi se releva de façon vive sans vraiment que je m'en aperçoive. Soit c'était mon cerveau qui allait à deux à heure, soit on m'avait injecté un produit dopant pour que je me retrouve dans cet état. Je n'avais jamais été droguée mais tout portait à croire que je venais de l'être à mon insu. D'une voix posée, Luke me répondit :

— Calme-toi. Tout va bien.

Tout va bien ? On voit bien qu'il avait fait l'école du rire celui-là. Non, tout ne va pas bien ! J'ai l'impression d'être dans un monde parallèle comme si j'avais bu une trop grande quantité d'alcool. L'espace autour de moi semblait bouger alors que j'étais statique. J'avais des vertiges. Je ne sentais plus certains membres. Mon ouïe captait de nombreux sons, mon odorat pouvait déceler les notes de cèdre dans le parfum de Luke. Je ressentais tout plus intensément qu'avant. Je semblais même sentir l'air entre mes doigts. Au moment où je pressai mon pouce et mon index, je ne ressentais plus aucune sensation. Que m'avait-il fait ?

— Ça ne répond pas à ma question ! m'énervai-je en me reconcentrant sur le garçon me faisant face. On est où ? Pourquoi je suis ici ?

J'observai les différentes sorties au cas où je devais m'enfuir rapidement. La porte d'entrée n'était pas très loin et la porte fenêtre également.

— Et au fait, il est où Matthieu ?

— Au sous-sol.

Ah oui d'accord, j'étais carrément tombée sur un psychopathe qui enfermait ses victimes dans les caves pour après les torturer et ainsi se divertir. Oh la la, mais dans quelle situation m'étais-je encore fourrée !

— Je veux le voir, dis-je d'une voix déterminée.

— T'inquiète pas, tu vas le retrouver tout à l'heure. Pour le moment il faut que tu te reposes.

C'est ça ! Je vais bien sûr me reposer. De mieux en mieux. Là, ça partait carrément sur du délire ! Je ne pouvais pas me résigner à penser que c'était la fin pour moi. Il fallait fuir et maintenant !

Je ne renouvelais pas une seconde fois ma demande. Je me levai du canapé et courus vers la porte d'entrée à une vitesse hallucinante. En moins d'une seconde, j'étais arrivée devant la porte. J'en étais persuadée maintenant : j'avais changé depuis l'accident. Je m'arrêtai, choquée de la prouesse que je venais d'accomplir.

Un rayon de soleil hivernal traversait la vitre opacifiée de la porte d'entrée. J'entendis le chant léger d'un pinson des arbres. Puis un bruit de moteur d'une voiture qui allait passer. Tout ça, je l'entendais la porte fermée. La maison était-elle mal isolée ? J'en doutais.

Le conducteur de l'automobile ne passa pas, il s'arrêta juste devant la maison. Des pas sur le goudron entraînèrent l'envol de l'oiseau. La personne à l'extérieur se rapprochait de plus en plus. Que faire ? Partir. Oui, mais où ? J'étais coincée de toute part. Luke toujours debout dans le salon et un homme devant qui pouvait être un complice.

J'ôtai ma main de la poignée que je tenais depuis quelques secondes. Je reculai de quelques pas pour, d'une part, ne pas m'éloigner de la menace potentielle et, d'autre part, pour une question de logique. Se recevoir une porte dans la figure a rarement fait du bien à la personne qui se la prenait.

Je regardai à ma gauche (toujours en reculant) et je le vis debout, statique sur ses deux jambes. Luke m'observait avec ses yeux d'un vert puissant. J'orientai de nouveau mon regard vers la porte d'entrée qui allait s'ouvrir. La silhouette laissait deviner une carrure d'homme. Il venait de gravir les marches et inséra la clé dans la serrure.

Je vis la poignée doucement s'abaisser.

𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐉𝐞𝐦𝐦𝐚 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant