𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐉𝐞𝐦𝐦𝐚 [Terminé]

Chapitre 43

Surgie de nulle part, la silhouette dévala les marches à une vitesse phénoménale. Même moi, vampire, je ne pus presque pas la voir lorsqu'elle passa devant moi. Je me suis senti projeté en arrière lorsqu'elle arriva à mon niveau. La personne fut encore plus violente avec Tyler. Je me relevai en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Je manquai de glisser sur la dernière marche de l'escalier. Tyler sembla totalement déboussolé.

Une porte claqua. Je me précipitai à sa poursuite mais en ouvrant la porte d'entrée, je ne vis personne. Rapidement, je gagnai le fond du jardin mais sans succès. Je pestiférai : le vampire nous avait échappé ! Je rejoignis Tyler dans la maison. Il venait de se relever du sol et se touchait l'arrière de son crâne en grimaçant. Je m'enquis de sa santé et il me déclara que tout était ok pour lui.

— Il s'est passé quoi ?

— C'était lui...

Tyler ne demanda pas qui j'avais en tête car il savait pertinemment que je parlais du Killer. Que venait-il faire chez Matthieu ?

— Et s'il était venu pour effacer les traces de son passage ?

— Impossible, affirma mon accompagnateur qui leva la tête vers le haut des marches.

Je regardai soudain Tyler devenu sérieux en l'espace d'une seconde.

— Et pourquoi donc ?

— Dans un premier temps, le Killer aurait essayé de te tuer ou de te porter un coup fatal. Il ne serait pas parti comme ça sans en avoir fini avec toi et moi. Celui ou celle...

— Celui, coupai-je, il y a des signes qui ne trompent pas.

— Donc je reprends si tu veux bien : celui qui t'as poussé l'a fait de façon plutôt gentille...

Je me passai une main sur mon fessier pour bien lui signifier que je n'avais pas vraiment la même opinion sur le sujet.

— ...alors que, connaissant le Killer, il t'aurait prise et balancée dans un coin de mur ou contre un objet aiguisé histoire que tu meures sur le coup.

Je déglutis. Tyler avait raison. Je n'avais pas remarqué tous ces détails dans le feu de l'action. Que pouvait bien faire un vampire autre que le Killer dans la maison de Matthieu ? Nous ne cherchions probablement pas au bon endroit les réponses à toutes nos questions. Il se peut que l'homme cagoulé qui fouillait la maison soit un membre des Hauts-Dirigeants. Cette perspective me fit un frisson dans le dos.

— Allons voir ce qui a changé à l'étage, commandai-je.

La chambre de Matthieu semblait normale. Par rapport à d'habitude, il y avait quelques trucs par-ci par-là mais pas un gros bazar. Cependant, les objets dispersés dans la pièce pouvaient témoigner d'un empressement. Matthieu ne se précipitait jamais pour aller en cours ou nulle part ailleurs.

J'avais trois hypothèses. La première : il était stressé de me revoir au lycée parce qu'il voulait m'avouer son crime et ne faisait plus attention aux petits détails comme le rangement de sa chambre. La deuxième : soit c'était la personne qui était venue qu'avait mis en vrac sa chambre habituellement bien rangée. La troisième : Matthieu était venu entre le jour de sa disparition et notre venue chez lui pour retrouver ou cacher des preuves. À noter : sa mère nous avait affirmé ne pas l'avoir vu du tout. Une vérité me frappa avec violence.

— Et si le vampire de tout de suite était Matthieu ?

Tyler ne disait plus rien. Il se frotta son menton rasé de près. Lui non plus n'avait pas songé à cette possibilité. Cela expliquerait bien des choses ! Pourquoi il est introuvable, pourquoi je n'arrive plus à le voir, pourquoi il nous a quittés sans rien dire à personne...

Tyler ajouta sur le ton de la déduction :

— Pendant son retour chez lui, samedi matin, il a pu croiser le Killer. Ce dernier l'a emmené et, pour une raison que nous ignorons, il a été transformé à ce moment-là.

C'était une possibilité qu'il ne fallait pas négliger. Mais envisager que Matthieu soit devenu un vampire était un comble. La blague de la journée. Sauf que cette blague n'avait rien de drôle.

Tyler s'adossa contre le mur, les bras croisés sur son torse. Il semblait se poser mille et une questions. Il ouvrit la bouche mais le son n'arriva qu'après, le temps qu'il trouve comment formuler ce qu'il se passait dans son cerveau.

— Une chose me dérange. Si on émet cette possibilité, pourquoi le Killer ne l'aurait-il pas tué directement au lieu de s'encombrer d'un vampire ?

Mouais, cette hypothèse n'était pas à exclure.

— Tu peux me donner ton portable s'il te plaît ? demandai-je. Je voudrai vérifier quelque chose...

Il me tendit son smartphone et je sortis de ma poche le bout de papier sur lequel j'avais écrit le numéro de mon meilleur ami. J'avais demandé confirmation du numéro à un élève de la classe quelques heures plus tôt. Je savais que Matthieu l'appréciait beaucoup.

Je composai le numéro sur le pavé tactile et j'attendis un temps qui me parut long. Rien à faire, je tombai directement sur le répondeur. Je détestai tellement les répondeurs !

« Que faire maintenant ? Fouiller la chambre ? »

— Bonne idée Jem ! On s'y met.