𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐉𝐞𝐦𝐦𝐚 [Terminé]

Chapitre 33

Pour aller plus vite tout en continuant à me poser des questions, Flo était allée chercher ses affaires et les avait ramenés dans ma chambre.

— Je pourrais avoir envie de boire un peu de ton sang, surtout si tu me mets en colère, répondis-je. Mais tant que je suis en compagnie de Tyler et Luke, je me sens moins sensible à votre odeur. Tu peux donc te méfier et avoir peur de moi quand ils ne sont pas là pour me surveiller.

— Très amusant mais là on parle de ma vie.

Flo eut du mal à enfiler sa robe noire. Je ne sus pas si le plus comique était de la voir les cheveux coincés dans la fermeture de sa robe ou bien assister au déhanchement qu'elle faisait pour essayer de les décoincer.

Je finis par lui venir en aide et nous réussîmes à retirer de la fermeture Éclair sans lui enlever trop de cheveux. Un trou de cheveux dans le crâne à 22 ans, ce serait étonnant.

— Reprenons, déclara-t-elle.

— Oui c'est ça reprenons l'interrogatoire de mademoiselle Jemma se déroulant le...

— Arrête de me couper, bon sang !

— Oh non il ne fallait surtout pas dire ça à un vampire ! m'exclamai-je en pouffant de rire.

Flo croisa les bras en attendant que je me calme. Voyant que mon rire s'atténuait, elle fit une autre tentative pour me poser sa question.

— Ça y est, t'es enfin prête à m'écouter ?

J'opinai du chef et elle reprit la parole pendant que j'enfilais mes chaussures.

— Tout à l'heure, Tyler a dit que le Killer me croyait au courant et que c'était certain qu'il ferait tout pour me tuer. Si Matthieu connaît l'existence des vampires, alors lui aussi est en danger ?

— Oui et c'est pour ça qu'on est parti à sa recherche ce matin.

— Et comment fait-on pour arrêter le Killer ?

— On le tue en premier.

La phrase était sortie tellement naturellement que je m'étais même demandée pendant un instant si c'était bien moi qui l'avais prononcée.

— Bon les filles, vous avez bientôt fini ? tonna notre père dans l'escalier.

— On arrive papa, lui répondis-je en articulant bien.

Ouais bah le « On arrive papa » j'aurai pu m'en passer parce que je ne m'étais pas encore totalement habillée. Flo décida de descendre pour me couvrir et elle en profita pour raconter que c'était moi qui avais eu le problème de cheveux coincés dans la fermeture de ma robe.

Pendant tout le temps de la cérémonie, des larmes avaient inondé mes joues. Je n'avais presque rien vu de l'enterrement vu la quantité de larmes qui s'était écoulé de mes yeux. Une demi-heure avant, nous étions en train de lui dire un dernier au revoir.

Arrivés au cimetière, je n'arrivais pas encore à me dire que ce serait la dernière fois que je la « voyais ». Flo m'avait donné une rose rouge, d'une couleur si intense que j'eu l'impression qu'elle n'était pas réelle. Les fleurs comme celle-ci étaient si rares en février. La rose rouge était la fleur préférée de notre maman. Pour elle, la rose rouge représentait l'amour familial.

Aujourd'hui, notre père avait pris toutes les disposition pour que nous en ayons. Je savais que l'enterrement l'impactait tout autant que nous même s'il essayait de ne pas le montrer. Je le voyais à la droite de Flo, essayant de garder la tête haute, des larmes coulant silencieusement le long de ses joues.

On s'était approchés un par un devant le trou laissé par l'ouverture de la tombe. Le cercueil se trouvait au fond. Elle allait reposer ici, paisiblement, à quelques rues de notre maison. Après tout ce qu'il s'était passé, je n'arrivais pas à me dire que je ne sentirai plus sa présence comme avant.

Je vis ma sœur laisser tomber sa fleur qui atterrit doucement sur le cercueil. De ma main libre, j'essuyais une larme. Une seconde tomba sur un pétale flétri de la rose. Celui-ci se transforma. Il redevint comme tous les autres pétales : il avait retrouvé son éclat sans la moindre imperfection. Je fus surprise de ce qui venait de se produire.

Je n'eus pas le temps de m'attarder dessus quand Flo reposa son bras autour du mien. Il était temps pour moi de faire comme elle. La rose flotta un moment dans les airs et se posa délicatement sur le lit formé par les fleurs qui venaient d'être déposées quelques secondes avant.

Je me positionnai aux côtés de Flo, dans une des allées du cimetière. Toutes les personnes qui avaient suivies le cortège vinrent nous saluer et nous offrir leurs soutiens dans cette épreuve. Certaines personnes ne me disaient « Courage », d'autres me faisaient la bise et reprenaient leur chemin.

Au-dessus de la foule, je vis dépasser une petite touffe de cheveux que je connaissais bien. Ça me fit chaud au cœur de le savoir-là, présent à cette cérémonie. Puis je vis apparaitre son visage, et celui de Luke. Quand Tyler fut près de moi, il me demanda :

— Ça va aller ?

Je compris par ce propos qu'il ne parlait pas seulement de mon moral mais il voulait aussi savoir si j'étais redevenue vampire. Pour lui signaler que j'étais encore humaine, je trouvais une phrase assez pertinente.

— Je suis toujours aussi sensible.

— D'accord, dit-il en me posant une main sur l'épaule. Si tu veux, j'ai pris des mouchoirs.

— Non ça va aller, merci.

Il fut ensuite quelque chose qui me surprit : ses bras étaient venus m'entourer et il m'avait approché de lui. Je recevais la première accolade depuis un long moment. Cela raviva mon angoisse vis-à-vis de la disparition de Matthieu. Il n'était pas présent alors que c'était la personne la plus importante à mes yeux. Durant ces dernières heures, sa présence avait manqué. J'avais énormément besoin de lui. Son visage toujours compatissant et son sourire rassurant dont il avait le secret.

« Nous allons tout faire pour le retrouver ».

Tyler avait encore eu accès à mes pensées. Il se décala de moi et me fit un clin d'œil amical. Je sentais que je pouvais lui faire confiance.

En tournant ma tête, j'eus le temps de voir Luke tenir les mains de Flo. « Oh non ! Il m'a menti ! ». Soit Tyler n'avait pas entendu mes pensées, soit il se taisait parce que lui aussi l'avait remarqué. Ma sœur amoureuse d'un vampire : on aura tout vu !

Mon esprit se reconcentra sur les personnes qui venaient nous voir. Je ne connaissais même pas leur identité pour la plupart. Certains me disaient quelle était la nature de leur relation avec ma mère défunte comme pour se justifier de leur présence. Je n'avais pas trop la tête à me demander s'ils avaient raison ou tort. Le reste de mes pensées étaient dédiées à mon meilleur ami.

Était-il en bonne santé ? Allait-il bien ? Le reverrai-je bientôt ?

J'avais toujours connu les enterrements avec le moment après où tous se retrouvaient pour partager des souvenirs, discuter, etc. Cela se déroulait habituellement chez la famille en deuil.

La maison n'avait pas été autant habité depuis des mois. Je reconnus certaines personnes de ma famille dont des oncles et tantes, des cousins aussi. Maman aurait été heureuse de nous voir tous réunis. Je l'aurai été également dans d'autres circonstances.

Il n'y avait pas de jeunes de mon âge. Le plus jeune de nos cousins était de la même année que Flo. Je n'avais donc personne avec qui partager mon chagrin. Je n'avais jamais connu mes grands-parents maternel et ceux du côté de mon père étaient décédés quand nous étions petites. Je n'ai que deux ou trois souvenirs d'eux.

Je m'éclipsai d'un groupe d'adultes et je sorti de la maison. Je m'avançai au niveau du muret qui délimitait notre jardin. L'herbe haute venait me chatouiller mes chevilles. Je m'assis sur les pierres froides. En levant la tête, je vis quelques nuages parsemés dans le ciel. Le soleil déclinait lentement. La nature offrait un beau paysage à celui qui prenait le temps de la contempler.

Un rayon de soleil vint me réchauffer. Pour en profiter un maximum, je tendis mon visage vers cette source de chaleur. Une larme coula le long de ma joue. Alors, je repensai à une phrase que m'avait dit l'un de mes oncles : « Quand un rayon de soleil vient te caresser le visage cela veut dire qu'une personne là-haut te dit bonjour ».

Bonjour maman...