Chapitre 1

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FÉVRIER 2019, Angleterre.

Boum !

Je ne voyais plus rien. Les yeux ouverts ou fermés, il n'y avait aucune différence. J'essayais de percevoir quelque chose autour de moi mais impossible de distinguer un simple élément dans cette obscurité. Pas une once de lumière, pas un signe qui aurait pu me dire où je me trouvais. Je tournais désespérément la tête de gauche à droite mais en vain.

Je sentais bien que j'étais coincée entre des objets durs car je ne parvenais pas à faire le moindre geste avec ma jambe droite. En plus de cela, d'atroces douleurs me paralysaient des pieds jusqu'au bassin. Je n'avais aucune idée de comment je m'étais retrouvée dans une telle situation. Mon seul souvenir « d'avant » était plutôt clair : ma mère au volant de notre voiture, nous ramenant chez nous. Je venais de faire un entrainement de foot pitoyable. Il faisait froid et j'avais raté la moitié de mes tirs. Le genre de séance d'entraînement qui te faisait douter de tes capacités.

J'avais appelé ma mère pour qu'elle me ramène. Elle n'aimait pas que je marche le long des grandes départementales, que ce soit en journée ou tard le soir. J'avais dû attendre plus d'une demie heure dans le froid hivernal car elle avait été retenue à son travail.

Je me rappelais bien qu'elle était arrivée en s'excusant, j'avais râlé un peu comme à mon habitude. Nous avions pris la route de la maison, une musique de Imagine Dragons apaisant le son du moteur. Je me souviens m'être repassé dans ma tête ce dernier tir au but. Mon dernier penalty lamentable : le ballon n'avait qu'effleuré le but, passant juste au-dessus de la barre transversale. Je m'étais trop penchée en arrière. Sur cette pensée, j'avais fermé les yeux. Puis, plus rien. J'avais un gros trou noir. Je ne m'étais quand même pas endormie ? Et si c'était le cas, que s'était-il passé ?

Tout-à-coup, je sentis une goutte me tomber sur mon avant-bras droit. Puis une seconde. Et une troisième. Le liquide continua de me dégouliner dessus. Je déplaçai mon coude pour me repositionner. J'étais assise dans un siège. Je sentais le revêtement en tissu le long de mes bras.

Je voulais savoir d'où provenait ce liquide. Je me contorsionnai pour pouvoir atteindre mon portable que j'avais mis le long de ma cuisse, dans une poche étroite. Ce n'était pas la meilleure des idées, je le conçois. En bougeant, je ressentis une douleur encore plus vive au niveau de ma jambe comprimée. Mais que s'était-il passé ?

Du bout des doigts, je réussis à faire glisser mon portable dans ma main. J'appuyai sur le bouton d'allumage et une lumière m'éblouit. Je fus partiellement aveugle pendant un moment puis mes yeux se réhabituèrent. Finalement, je réussi à composer mon code pour ensuite augmenter la lum...

Ploc ! Une énième goutte me tomba sur mon bras. C'était au moins la vingtième, si ce n'était plus. J'allumai la lampe de mon portable de plus en plus intriguée. Je fis glisser la lumière au niveau des impacts.

Horreur ! Ce que je vis ne fit qu'amplifier ma peur. Du sang ! C'était du sang qui me coulait sur la peau et s'étalait sur le siège... de la voiture. Ma main sembla bouger d'elle-même pour remonter à l'origine de ce petit flux de liquide rougeâtre. C'est alors que je perçus une présence près de moi. La personne à ma droite était nulle autre que ma mère ! Je compris immédiatement : je n'étais pas arrivé chez moi. Nous avions eu un accident sur la route.

— Maman ! Maman, ça va ?

Je l'avais presque crié. L'angoisse croissait à mesure que le temps passait. Elle ne bougeait pas et je ne sentais pas de pouls au niveau de son cou. Je replaçai mes cheveux, catastrophée. Je sentis immédiatement que mes doigts collaient. Du sang. Il venait du bras gauche de ma mère et également de sa tête, penchée vers l'avant.

Je tremblai de tous mes membres et ce n'était même pas dû à la fraîcheur dans l'habitacle. Je n'avais pas froid du tout. J'avais peur. J'étais tétanisée à la vue de cet horrible spectacle. Aucun bruit ne venait concurrencer le silence qui s'était installé. Je m'étais arrêtée de respirer pendant tout ce temps et l'air ne m'avait pas manqué. Je me sentais bizarre. Je remis ça sur le coup de l'accident sans me poser plus de questions.

J'eus alors une lueur de lucidité. Il fallait que j'appelle les secours. D'une main fébrile, j'appuyai successivement sur les différentes touches. Des traces de sang s'agglutinaient sur l'écran tactile. J'approchai le combiné de mon oreille et j'attendis impatiemment que quelqu'un daigne décrocher. Mes mains tremblaient davantage et je remarquai que j'avais du mal à contrôler mes soubresauts.

Soudain, une voix d'homme s'éleva dans le silence oppressant de la voiture.

— Allô ? Centre de pompiers, j'écoute.

Soulagée, j'essayai de prendre une voix assurée mais elle se brisa lorsque je prononçai les mots suivants :

— Nous sommes coincées dans une voiture ! On a eu un accident mais je ne sais pas où. Ma mère est gravement blessée et perd beaucoup de sang. Faites vite ! Elle ne va peut-être pas tenir le coup...

Ma voix s'éteignit et je ne pus pas la finir par « et moi aussi ». Un bruit de sifflement strident parvint à mes oreilles et m'étourdit brusquement.

𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐉𝐞𝐦𝐦𝐚 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant