𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐉𝐞𝐦𝐦𝐚 [Terminé]

Chapitre 16

Durant cette longue conversation, Tyler m'avait donné plusieurs astuces pour paraître la plus naturelle possible, la plus humaine en quelque sorte. Du style, si j'étais amenée à lire un texte, il fallait que je fasse des pauses pour faire croire que je reprenais ma respiration. Ou aussi aller doucement dans mes déplacements. Celui dont je ne m'en étais pas remise était le conseil sur les toilettes : faire croire que l'on va aux toilettes en attendant quelques secondes à l'intérieur tout en imitant le bruit. Et oui un rien pouvait me faire partir dans des fous rires.

Matthieu arriva dans le salon, les cheveux tout décoiffés. Cela faisait un moment que je lui conseillais de se couper les cheveux mais il ne m'écoutait pas. Il passa devant nous en faisant un signe de la main et se dirigea vers le frigo. J'allais le prévenir mais il l'ouvrit juste avant. Matthieu fut aussi surpris que moi en découvrant le fromage moisi à l'intérieur. Il referma le frigo et se mit en quête de nourriture dans les placards.

Tyler comprit alors qu'il fallait qu'il aille faire des courses pour nous acheter de quoi nous nourrir. Pendant son absence, nous avions allumé la télévision (heureusement elle fonctionnait) et nous l'avions regardée. Luke nous avait rejoints sur le canapé cinq minutes après.

— Tu n'as pas froid Jem ? m'interrogea Matthieu.

— Non. Pourquoi ?

Ce fut au tour de Luke de prendre la parole, d'une voix glaciale.

— Elle a la peau très froide mais c'est une caractéristique d'un vampire. Mais ne t'en fais pas, elle ne fond pas au soleil.

Matthieu croisa ses bras sur son torse et détourna les yeux après l'avoir fusillé du regard. Il n'avait pas encore digéré le fait que ce soit lui qui m'ait mordu. Je ne savais pas s'il y avait autre chose aussi parce qu'il n'avait pas l'air de bon poil. Pour lui prouver que j'allais bien, je mis ma main sur son bras, à un endroit où le T-shirt ne le couvrait plus. Il eut un frisson et je la retirai de suite.

— Excuse-moi, parvins-je à dire.

— T'inquiète, je pourrais te demander de me refroidir en été si j'ai trop chaud, répondit-il avec un faible sourire.

À la fin du petit déjeuner copieux offert par Tyler, nous restâmes chez les deux frères afin de voir si j'étais prête à sortir au grand jour. Je ne savais pas encore si ma transformation était stable, si j'étais en mesure de me contrôler. Pour que cela se fasse dans les meilleures conditions, Matthieu était rentré chez lui après avoir recommandé aux garçons de prendre soin de moi.

Le soleil d'un samedi matin pointait à l'horizon. Dans le parc régnait d'une odeur de printemps. Certains bulbes de fleurs pointaient le bout de leur nez mais d'autres avaient mauvaise mine, à cause des gelées matinales. Il n'y avait pas foule dans ce petit parc. Contrairement à ce que j'avais pu voir dans la série de films Twilight, les vampires comme Édouard ne brillaient pas au soleil. D'autant plus facile pour nous de se fondre dans la masse. Pas besoin de se cacher les jours de beau temps.

Nous marchâmes puis tout-à-coup, une odeur d'humain me parvint. Je tournai la tête vers Tyler à ma droite. À quelques mètres devant nous, les écouteurs dans les oreilles et des lunettes de soleil sur le nez, Luke marchait tranquillement, les mains dans les poches. Il n'avait pas voulu venir mais son frère l'avait persuadé qu'il fallait deux personnes pour me neutraliser au cas où j'avais envie de mordre un passant. Au début, il avait traîné des pieds mais il s'était vite repris. Il s'était positionné devant afin de juger les personnes que j'aurais à croiser.

Pour les premiers passants, ce fut un peu compliqué de résister à la tentation. Passage après passage, Tyler me demandait mon impression. Plus j'étais confronté à l'odeur humaine, moins la tentation était importante. J'arrivais à me contrôler en essayant de fixer mon attention sur d'autres éléments tels que les arbres ou les statues étranges qui agrémentaient le parc.

Tout semblait relativement facile jusqu'au moment où je reconnus une fille qui marchait dans notre direction. Je sentis l'envie de mordre monter d'un cran.