𝐃𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐲 𝐉𝐞𝐦𝐦𝐚 [Terminé]

Chapitre 19

— La personne se sentait peut-être trop coupable, je ne sais pas, déclara-t-il en se grattant le menton.

— Qu'est-ce que tu proposes ?

— Déjà voir ce qu'elle a pu filmer.

Il pointa du doigt la petite caméra de surveillance accrochée à un poteau. Il avait bien repéré les lieux. À mon avis, cette caméra ne semblait plus fonctionner.

— Il est possible qu'elle soit en panne, non ? Pas d'entretien, un peu vieille... Et en plus, si nous voulions savoir ce qu'elle a enregistré, il faudrait se rendre dans le commissariat. Tu vas aller braquer un commissariat ?

— Et pourquoi pas ? On est déjà sur un lieu de crime sans en avoir l'autorisation, en train de toucher à tout. Si on explique notre hypothèse, ils vont nous renvoyer bouler comme des malpropres. En plus de cela, si quelqu'un vint à regarder ce qu'elle filme actuellement, nous serons convoqués au commissariat pour infraction. Donc, si je résume, nous devons nous rendre au commissariat pour deux raisons : effacer l'enregistrement qui se fait actuellement et découvrir des indices.

Ce mec est totalement fou ! Il ne mesure pas le danger de la situation.

— Oui mais imagine on se fait choper, suggérai-je. Comment imagines-tu t'en sortir ? C'est rempli d'hommes armés à l'intérieur.

— Simple : on opère la nuit et on ne se fait pas prendre.

Je riais un moment, convaincue que cette technique ne marcherait jamais. Entrer par effraction dans un commissariat, il est vrai que c'est un truc que le vampire doit avoir l'habitude de faire.

— Bon on fait ça ce soir ? proposa Luke.

— Mais vous n'êtes pas complètement malades ? En plus, mon père est de permanence ce soir. Moi j'y vais pas !

— Tu ne veux pas savoir qui est le meurtrier de ta mère ? demanda Tyler d'un ton sérieux.

Ces mots me firent frissonner. Il savait parfaitement ce qu'il fallait dire pour que je change d'avis. Parfois, quand il prononçait ces phrases, j'avais l'impression qu'il disait la vérité et que je devais le croire. Comme si je le connaissais...

À l'occasion, il faudrait que je jette un coup d'œil dans la pièce de leur maison pour vérifier que je n'avais pas halluciné en croyant voir ma photo. Oh mince, Tyler ne parlait plus. Je levais les yeux et je compris qu'il fallait que je pense à autre chose ! Vite... heu...

— Tu as une petite amie ?

J'ouvris grand les yeux en comprenant ce qui venait de sortir de ma bouche. Alors là, j'avais réussi à créer la gêne la plus monumentale au monde. Mais pourquoi avais-je posé cette question ?

— Tu demandes ça à qui ? me questionna Tyler.

Comme je ne parvins pas à prononcer quoi que ce soit, Luke répondit à la première question.

— Moi pas encore et Tyler c'est compliqué avec sa petite amie.

Entendant ça, Tyler ne parut pas forcément apprécier le fait que son frère ait dévoilé sa situation amoureuse. Il le fusilla du regard. Bon, comme ça je savais qu'un des deux n'était pas casé.

— Pourquoi cette question ? continua-t-il.

Trouver vite une excuse bidon.

— Juste pour voir si on peut être normal même en étant vampires.

— Mouais..., réussit à sortir Tyler en surveillant son frère du coin de l'œil.

Étrange réaction de la part de Tyler. Il venait de changer subitement de comportement à la suite de la réponse de Luke.

Le fait que l'on ait trouvé la voiture avait reporté le déjeuner. Nous avions donc décidé de faire plus simple. Luke avait repéré un coin très passager pour les animaux. Les deux avaient choisi un animal en état potable, blessé ou vieux. Quant à moi, il avait fallu m'acheter un sandwich dans la supérette la plus proche. Foutus changements !

Nous restâmes longtemps dans un endroit reclus de la forêt à discuter de mon avenir dans le « nouveau monde ». Quelques heures après, nous repassâmes chez les frères Wyllis pour récupérer mon sac. Puis ils me ramenèrent à mon domicile. Sauf que retourner chez moi fut l'étape la plus compliquée. Il fallait que je fasse comme si je n'avais pas changé. Pas facile lorsque l'on avait un père policier.

En plus de cela, il me connaissait par cœur. Chaque parole dite, chaque geste fait, il savait si j'étais naturelle ou non. Je ne devais absolument rien lui dire. J'avais déjà mis Matthieu en danger de mort, alors mettre mon père dans confidence, jamais de la vie !