49 / Jalousie quand tu nous tiens

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Demetrios n'était pas d'accord. Aren non plus. Ils marchaient de long en large sur un ponton vide, non loin des maisons. Depuis que la Matriarche leur avait parlé de ses plans concernant Dresden et l'Amérique du sud, ils ne cessaient de chercher un moyen de la convaincre de ne pas les mettre en œuvre.

Il n'avait pas été difficile pour eux de deviner quel genre de sentiment animait Mathilde de Saint Roc quand elle avait pris sa décision. La Matriarche n'acceptait pas que le Yāasht lui vole l'un de ses amants. Surtout celui-là, car si Dresden avait toujours répondu à ses avances, elle n'avait jamais réussi à le rendre fou d'amour pour elle. Il était obéissant jusqu'à un certain point. Elle savait pouvoir compter sur lui, sur sa loyauté et sa protection, mais rien de viscéral comme ce qu'il montrait à l'égard de Camille. Même si elle savait pertinemment que la jeune femme n'avait rien provoqué consciemment, Mathilde était jalouse d'elle. Et sous le coup de la jalousie, personne ne pensait jamais raisonnablement.

Que deux femmes se battent pour Dresden aurait pu faire rire Aren et Demetrios, si la confrontation n'avait pas été aussi dangereuse pour celui qui se trouvait au centre des convoitises. Or, sa vie était en jeu. Le lien du Yāasht s'était renforcé avec la transformation. Sans compter qu'éloigner les deux Kachnefers l'un de l'autre, c'était sans nul doute risquer bien plus que leur vie.

Abandonné dans sa souffrance, Dresden risquait de devenir incontrôlable. Et personne n'avait envie de voir Dresden Asterios incontrôlable. L'exécuteur était, sans aucun doute possible, le meilleur d'entre eux. Un tueur implacable et d'une efficacité redoutable face à l'ennemi. Il pouvait s'attaquer à un bataillon de Dévoreurs surarmés et le vaincre sans une égratignure. L'affaiblir à l'aube d'une guerre contre l'ennemi, c'était prendre le risque qu'il en paye le prix rapidement. Aucun d'eux ne voulait le voir périr juste à cause de l'aveuglement de la Matriarche.

Éloigner Dresden de sa « Kachnefer » aurait donc été une erreur monumentale. Quand bien même la jeune femme se refusait à lui, en restant à ses côtés, il avait atteint une sorte d'équilibre précaire qu'un souffle aurait pu renverser. Mathilde s'apprêtait à être ce souffle. Ni Aren, ni Demetrios n'était prêt à l'accepter.

***

Sola trouva Camille endormie, recroquevillée au sol, environnée de ce qu'il restait de sa chambre. Des plumes de l'oreiller s'était mêlés à ses cheveux, et ses mains serraient encore l'anse d'une carafe, dont le reste s'était éparpillé en mille morceaux non loin d'elle.

— Camille ? Camille, réveille-toi ! Bon sang ! Dans quel état tu es encore ! C'est pas croyable ! Il faut vraiment que tu arrêtes de faire n'importe quoi !

— Dégage Sola ! Laisse-moi tranquille ! marmonna l'intéressée sans bouger.

— No way ! Tu crois vraiment que c'est le moment de te laisser aller à tes conneries, là ?

— J'ai rien d'autre à faire ici, de toutes façons !

— Et sauver Dresden des griffes de la Matriarche ?

— Pardon ? lâcha Camille en se redressant, la mine renfrognée, les cheveux en désordre et débraillée.

— Putain ! Camille ! Tu sens toujours aussi bon ?! dit Sola en s'écartant légèrement.

— Comment ça ? Je sens toujours aussi bon ? Je croyais qu'une fois vampire, cette sorte d'attraction serait terminée !

— Ben non. Tu as encore du sang dans les veines ! Baka !

— Oui ! Bon ! On en reparlera ! De quoi tu parles, au sujet de Dresden et de la Matriarche ?

— Elle a décidé de l'emmener avec elle pour une mission importante, soi-disant. Mais elle a déjà deux exécuteurs avec elle, et Vahan ne devrait pas tarder à la rejoindre ! Elle n'a pas besoin de Dresden. Elle prétend que, comme tu le refuses comme compagnon, il n'a plus rien à faire ici ! Et elle l'a convaincu !

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