105 / L'ennemi en marche

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L'obscurité du couloir était imprégnée d'une odeur de pierre sèche et de sable. Le silence qu'aucun souffle n'avait plus perturbé depuis des millénaires, s'emplit peu à peu de bruissements étouffés. Cette vague murmurante devançait la lumière qui se répandait partout, comme une aube nouvelle pour ces lieux abandonnés, oubliés de tous ou presque.

Olivier de Ponchalarder, Commandeur de l'Ordre des séthiens, se tenait à l'arrière de l'escouade composée d'une vingtaine d'hommes armés, qui l'accompagnait dans son exploration. Il avait également amené avec lui quelques éléments indispensables à la tâche qu'il s'attendait à accomplir une fois sur place. Ils étaient une trentaine au total à se mouvoir comme des fantômes dans le couloir enfin découvert.

Ils y étaient arrivés ! Ils étaient enfin dans le temple ! Son plan semblait avoir fonctionné à merveille ! Il n'avait plus de nouvelles des hommes envoyés de l'autre côté du lac, mais il ne faisait aucun doute qu'ils tenaient tête brillamment aux ennemis. Sinon, il y aurait eu un comité d'accueil ici. Ce qui n'était pas le cas.

Il s'avançait avec la conviction de l'homme qui se sait dominant, un sourire triomphant aux lèvres. Tout à sa joie, il ne fit pas immédiatement attention à ce qui se trouvait représenté sur les murs autour de lui. Il avait déjà vu bien des ruines de ce type, et il n'était pas là pour observer.

Cependant, quand ce fut le cas, il fut fasciné par le spectacle coloré qui s'offrait à lui. Point de scène de vie quotidienne de l'antiquité, ici. Non. Les fresques représentaient des rituels oubliés accomplis par des Dieux disparus. Des batailles épiques qui honoraient des héros aussi puissants qu'effrayants.

Il resta un bref instant devant la représentation d'une femme qu'il connaissait bien. Nout. La déesse qui fit renaître l'un de ses fils et qui, pour le protéger, engendra les vampires. Nout, la magnifique, qui avait préféré l'un de ses fils à l'autre, créant cet antagonisme rageur à l'origine du conflit qui opposait séthiens et vampires depuis des millénaires. Il la détestait comme toutes ses créations.

Ponchalarder serra les poings et se détourna. Quand tout serait enfin fini, il reviendrait et effacerait toute trace de cette déesse. Mais pour le moment, il avait d'autres choses à faire. Il fallait progresser. Les séthiens n'avaient que peu d'avance sur l'ennemi, ils devaient profiter de l'aubaine. Ils attendaient une telle opportunité depuis si longtemps qu'il était inimaginable de la gâcher. Il reviendrait plus tard. Oui, plus tard. Et Nout disparaîtrait, comme tout ce qu'elle avait engendré.

Les couloirs s'élargissaient et se peuplaient de statues muettes des anciens dieux. Elles étaient si parfaitement intactes que les hommes armés qui les dépassaient, ressentaient une certaine appréhension à leur tourner le dos. Après tout, ici était né l'impensable. Ici, la magie avait opéré et persistait jusque dans l'éclat des yeux de ces gardiens de pierre.

Le commandeur sentait la crispation des hommes qui l'accompagnaient. Il les rassura en nommant chaque représentation comme si ça avait été de simples vestiges antiques. Pourtant, lui aussi ne pouvait ignorer la rémanence qui vibrait en ces lieux, cette puissance qui flottait encore dans cet air saturé de poussière et de sable. Mais peu importait en vérité. Cela faisait si longtemps que l'Ordre attendait ce moment. Il ne reculerait pas si près du but. Certainement pas après tous ces efforts fournis, tous ces sacrifices, et encore moins, à cause de fades effluves de pouvoirs anciens.

Depuis un certain temps déjà, l'Ordre savait où se trouvait l'entrée principale du temple de Nout, celui où se situait la source présumée du pouvoir des vampires. Indra leur avait donné des indications suffisamment claires. Cependant, parce que la lecture des esprits n'est pas une science exacte, qu'elle peut être sujette à interprétations multiples, que l'esprit lui-même a tendance à réinterpréter la vérité pour en faire un souvenir, et que leur alliée providentielle, même si elle avait été particulièrement coopérative, pouvait leur avoir caché des choses, les Séthiens avaient mis du temps à localiser l'emplacement exact de l'entrée ensevelie.

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