72 / Creuser sa tombe et en sortir

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La terre était son alliée. La terre était son élément. La terre était une mère, une amie. Camille se sentait bien aux creux de ses bras. Elle avait chaud. Elle était tranquille. Elle n'avait pas conscience d'avoir mal, ni d'être en danger.

Jusqu'à un certain point cependant. Quelque part dans l'esprit de la jeune femme, un murmure l'avertissait. Elle ne pourrait pas rester là éternellement. L'oxygène allait manquer. Son cocon était un piège. Une tombe dont elle n'aurait plus la force de s'extirper si elle n'y prenait garde. Mais ça n'était qu'un murmure, un souffle presque inaudible.

***

— Elle s'enfonce, dit Wira qui creusait près de Dresden.

— Comment sais-tu ça ?

— Les animaux me le disent. La terre ne veut pas nous la rendre. Elle est jalouse. Elle veut la garder pour elle. Pour la protéger.

— Bordel... Il faut continuer.

— Il faut qu'elle nous aide. Il faut qu'elle se réveille.

***

Il y eut une première brûlure. Vive et éphémère. La seconde irradia plus lentement, cherchant à provoquer un sursaut. Camille ouvrit les yeux et chercha la cause de sa douleur. Avait-elle été atteinte par une balle ? Une lame ? Ses mains tâtonnèrent jusqu'à l'origine de son mal : Le médaillon. Le bijou donné par Dresden lui brûla la paume quand elle chercha à le prendre. Elle aurait voulu retirer la chaîne de son cou pour l'éloigner, mais son sanctuaire était étroit. Il ne lui permettait pas une telle action. Elle jura. Et puis, parfaitement consciente désormais, elle réalisa où elle se trouvait.

***

Dresden creusait toujours plus vite espérant que Tonio pourrait agir dans cette situation. Le Znūntāk avait les doigts abîmés, et de la terre partout, comme Wira, qui avait appelé quelques-uns de ses amis pour les aider. Trois singes, presque aussi grands qu'un enfant de cinq ans, creusaient frénétiquement avec eux, tandis qu'Alya guettait l'ennemi qui n'avait pas abandonné l'idée de tous les tuer. D'ailleurs plusieurs d'entre eux, armés de lance-flamme approchaient

— Putain ! Ils veulent nous cramer ! Je crois qu'on les a bien énervés ! hurla Alya en se tournant vers les autres Znūntāks. Grouillez-vous ! finit-elle en grimpant dans un arbre afin d'avoir la hauteur nécessaire pour viser les réservoirs des Dévoreurs.

— Qu'est-ce que vous foutez ? cria soudain Sola, apparue sans qu'ils l'aient entendue arriver. Elle est où Camille ?

Voyant ce que faisait Dresden et Wira, elle n'attendit pas de réponse. Elle avait compris. Et le seul moyen de les aider était qu'elle se batte. Et ça, elle savait bien faire. Elle donna un coup de botte dans le cadavre de Louis de la Vétrière pour s'assurer qu'il était bien mort, avant de lui prendre ses armes pour canarder le sous-bois.

Le python avait abandonné sa proie sur les conseils de Wira, Pas que le Znūntāk ait eu pitié, mais vu l'attirail porté par le Dévoreur, il était probable que l'ingestion aurait nui à l'animal. Et puis, savait-on seulement de quoi ce nourrissait un Dévoreur ?

— J'en suis à sept, boule à zed ! Fais mieux, si tu peux !

— Dix, bichette ! Va falloir faire mieux ! hurla Alya en réponse à Sola depuis le haut de son arbre.

Puis, une forte vibration stoppa net tous les combattants. Dresden et Wira échangèrent un regard avant de voir, comme dans les pires films d'horreur, une main surgir de la fosse déjà ouverte, alors que dans leur dos, comme pour marquer le retour vers la lumière de l'une des plus puissantes d'entre eux, diverses explosions soufflaient la clinique.

De notre sangWhere stories live. Discover now