87 / Sous le soleil exactement

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Aren et Wira marchaient seuls sous le soleil déclinant, depuis un long moment déjà. Le paysage désertique autour d'eux était monotone, et rien ne venait troubler les murmures du vent. Wira trop occupé à écouter ce qui vivait sous ses pieds ne se formalisait pas du silence de Aren, qui lui, était absorbé par les conclusions tirées hâtivement des derniers événements.

— Tu es sûr de la direction ? demanda Aren qui finissait par douter de la capacité à s'orienter des insectes que Wira consultait pour les guider.

— Ben oui. Qu'est-ce que tu crois ?... Et puis, si tu es si pressé, tu n'as qu'à nous emmener en volant.

— Je t'ai déjà dit que je n'étais pas superman. Je ne sais pas voler.

— Ça n'est pas ce que l'on m'a dit.

— On t'a dit n'importe quoi.

— Mathilde aurait dit n'importe quoi ?

— Ça m'étonnerait beaucoup que la Matriarche t'ait dit quelque chose de ce genre sur moi...

— Si tu es capable de soulever un bus avec tous ses passagers dedans, tu es capable de te soulever toi-même, et moi avec ! Ce serait plus rapide que de suivre les scarabées ! lança Wira avec vigueur. Ce qui chez lui tenait du fait rare, voire incroyable.

— Laisse tomber, souffla Aren qui refusait de se disputer.

Mais Wira pour une raison inconnue, ne voulait pas « laisser tomber » justement. Lui aussi en avait ras-le-bol de marcher dans ce désert. Quand bien même, il regorgeait de vies intéressantes. Depuis quelques temps son existence avait pris une tournure violente qu'il n'appréciait pas particulièrement.

— On n'aurait pas dû écouter cette femme. On aurait dû attendre les secours avec les autres.

— Nous avions fait des choses trop étranges devant eux. Même si elle a réussi à remodeler leur mémoire des événements et effacer les traces sur leurs téléphones, ça aurait pu déraper.

— Quelle idée aussi de faire avancer ce bus sans prendre le temps de s'asseoir au volant.

— Pas le temps. Il aurait fallu déloger le chauffeur mort, m'installer à sa place, régler le siège parce qu'il faisait bien deux têtes de moins que moi et simuler un démarrage. Et puis, j'aurais été dans la ligne de mire. D'autant que l'ennemi aurait eu le temps de se mettre en travers de la route. Ce que je voulais éviter à tout prix.

— Il te suffisait d'utiliser ton don sur le chauffeur... Et puis, même s'ils avaient réussi à se mettre en travers de la route, tu aurais fait passer le bus par-dessus.

— Ou pas. J'ignorais si j'étais capable de faire bouger ce tombeau sur roues. Et faire flotter un corps avant de partir, ne me paraissait pas très judicieux...

Wira commença par hausser les épaules. Puis, il changea d'attitude, avec une idée (fixe) derrière la tête.

— Bah... t'as assuré comme un chef ! s'exclama-t-il, tout sourire, en tapant dans le dos de Aren, le faisant trébucher. Maintenant fais-nous voler !

— C'est une obsession chez toi ?!

— Ben, c'est juste que je ne vois pas l'intérêt de marcher par cette chaleur, alors qu'on pourrait prendre le vent et filer.

— Ou s'échouer comme deux merdes dans le sable... ou être repérés par n'importe qui avec une simple paire de jumelles et un fusil... bougonna Aren.

— Tu grognes comme un ours mal léché, là.

— Ça tombe bien que tu saches parler aux animaux... Tu devrais encore pouvoir me comprendre.

De notre sangWhere stories live. Discover now