107 / Le chaos

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— Lucie va t'atomiser, Camille ! Et je ne parle même pas de Dresden ! s'écria Sola sans aucune considération sur la probable répercussion de sa voix dans les trois couloirs qui se déployaient autour d'elle.

— Mais qu'est-ce que tu fous là, Sola !

— J'ai senti que t'allais faire une connerie au moment même où tu t'es mise à cavaler après ce rat de bibliothèque !

Les deux jeunes femmes se fixèrent un bref instant avant que Camille ne fasse un sourire contrit en haussant les épaules.

— Il fallait les empêcher d'atteindre le Sanctuaire. C'est du lourd qui arrive !

— Parce que tu crois que ton petit mur, là, il va les arrêter ! Si c'est du lourd, ça va forcément péter ! Alors crois-moi ! Ça va pas suffire !

— Je vais les arrêter !

— C'est ça ! Et tu vas faire comment, bichette ? Tu vas leur mettre des murs partout ?

— Non, je vais faire sortir les guerrières de l'aube.

— J'ai cru comprendre que tu ne savais pas comment faire...

Sola s'arrêta de parler brusquement et fit feu sur l'obscurité à sa droite. Les Dévoreurs avaient laissé des torches électriques à chaque intersection qu'ils avaient passées, mais ça ne suffisait pas pour éclairer l'ensemble des couloirs. Camille édifia aussitôt deux remparts pour qu'elles puissent se battre sans être, pour autant, des cibles trop visibles. Puis Sola explosa la torche d'une salve de revolver.

— J'ai pas de chargeur et vu que tu nous as coupé de la seule source d'approvisionnement en arme à feu, va falloir finir à la lame, murmura Sola en rejoignant son abri.

— Pourquoi tu m'as suivie aussi...

— Pour te sauver les miches, comme toujours !

Camille grogna. Puis eu une idée.

— Ils ont bien des lunettes thermiques ?

— Oui, ce qui fait que, même dans l'obscurité, ils vont nous canarder comme des ballons de foire.

— Sauf si on brouille les fréquences.

— Et tu comptes faire ça comment ?

— Tu ne vas pas aimer ça, Sola, mais fais-moi confiance, dit Camille en se collant soudain à son amie.

— Ça va être désagréable jusqu'à quel point ?

— Pour toi ? Très haut niveau, je pense.

Sola sentit aussitôt une caresse remonter sur sa peau depuis ses jambes. Une caresse qui bientôt se solidifia et enserra ses membres de manière très désagréable.

— Putain ! Tu fais quoi ? chuchota-t-elle furieuse.

— Moi, rien. Mon élément, en revanche... Je nous recouvre de terre. Je brouille la lecture thermique.

— Si je me retrouve statufiée, ça va être moins pratique pour combattre.

— Tu peux bouger comme avant. C'est juste une sensation, Sola !

— T'es sûre ?

C'est à ce moment-là qu'une longue flamme vint illuminer le couloir principal, jusqu'à lécher les parois de terre que Camille avait érigées.

— Putain ! Ça a intérêt à fonctionner ! siffla Sola en s'élançant sur le côté pour se noyer dans l'obscurité.

Camille fit la même chose à droite. Elle sentit l'ennemi tout proche ici aussi. Des soldats étaient tapis dans l'ombre. Sauf qu'ils ne semblaient pas avoir vu son déplacement car ils firent feu sur sa position initiale.

De notre sangWhere stories live. Discover now