55 / Les fantômes passés et futurs

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— C'est la sorcière que j'ai vu passer, là ? demanda brusquement Sola en se redressant d'un bond.

Elle s'était affalée sur l'un des canapés du salon de la maison dont Aren disposait depuis leur arrivée. Elle attendait que Lucie revienne.

— C'est effectivement Imelda qui vient de passer. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vue. Elle ne semble pas avoir changé de corps. De plus en plus vieille et rabougrie, dit Aren calmement en reportant son attention sur le livre qu'il était en train de lire en attendant l'arrivée du bateau.

Lui aussi partait. Il n'approuvait toujours pas le départ de Dresden, mais après discussion avec lui, ils étaient tombés d'accord sur le fait que la situation n'évoluerait pas tant que Camille ne se résoudrait pas à son sort. Tous deux soupçonnaient que son obstination n'était pas simplement une colère bien mal venue. Il y avait autre chose. Une chose qu'elle cachait et qui n'appartenait pas à son passé. Car oui, Dresden savait maintenant d'où elle venait et ce qu'elle avait vécu, même s'il subsistait quelques zones d'ombre, comme ce sang qu'elle aurait eu sur les mains selon les Dévoreurs. Pour ça, ils ne pouvaient que faire des suppositions, faute de preuves tangibles. Quoiqu'il en soit, Camille dissimulait quelque chose qui la bloquait. Ils espéraient que cette rupture temporaire entre eux, pourrait faire avancer les choses.

Aren n'avait donc plus rien à faire ici. Il retournait à Paris. Mathieu lui avait demandé son aide devant la recrudescence d'attaque de Dévoreurs. Il serait occupé pour les prochaines semaines à éliminer cette engeance qui avait précipité les choses pour Dresden. S'ils n'avaient pas été là, son ami aurait pris le temps d'amadouer sa compagne, de la séduire, - et Aren ne doutait pas que sa victoire aurait été totale -, et il ne souffrirait pas autant aujourd'hui. Les Dévoreurs devaient payer.

— Je me demande pourquoi elle est là ? Tu crois que c'est la Matriarche qui l'a faite venir ?

— Ça m'étonnerait. Je crois qu'Imelda refuse de la croiser.

— Ça risque d'être chaud, si jamais elle la voit...

Aren se leva, abandonnant sa lecture.

— Tu as raison. Je vais m'assurer que cela n'arrive pas.... Toi, tu devrais voir où est Camille.

— Elle est avec Lucie à la source.

— Que font-elles là-bas ?

— Lucie voulait la tester sur un truc avant de partir.

— La maîtrise de l'eau ? Ça fait très longtemps que nous n'avons pas eu un Znūntāk avec un tel don.

— C'est pour ça qu'elle n'y a pas pensé avant.

— Bon, et bien, viens avec moi, alors. Nous ne serons pas trop de deux pour éviter un drame...

***

Imelda fixa les médaillons avec une certaine inquiétude. Elle n'aimait pas ce qu'on lui demandait de faire. Et elle n'aurait pas dû accepter de venir. Elle sentait la présence de Mathilde dans la maison d'à côté.

— Asterios. Ce que tu demandes est extrême et implique un grand sacrifice, commença-t-elle.

— Je sais.

— C'est moi qui le lui ai proposé, madame. Je suis prêt à en assumer les conséquences, dit alors Antonio qui se tenait assis près de Dresden.

La sorcière approcha sa main de son front et ferma les yeux.

— Je sens en toi le sang d'un Znūntāk, mais tu n'en es pas un toi-même. Qu'est-ce que... commença Imelda avant de jeter un regard irrité vers Dresden. Tu sais que c'est interdit, Asterios. C'est même sévèrement puni.

De notre sangWhere stories live. Discover now