11 / Malentendu et jalousie

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Pendant que Dresden se faisait prédire un destin malheureux, Camille avait dû assister à un cours laborieux d'histoire contemporaine, sous le regard incendiaire de Lara, qui tentait désespérément de lui soutirer des informations. En vain.

Camille n'avait rien à lui donner de toute façon. Elle ne savait rien ou presque sur ce Dresden Asterios. Sinon qu'il aimait les hommes et que son boulot était de tabasser d'autres hommes. Et puis, c'était quoi ce nom ? Il ajoutait un élément mystérieux à la somme déjà conséquente d'éléments mystérieux le concernant.

Camille aurait voulu le chasser de son esprit, ou à défaut, le reléguer en arrière-plan, mais l'insistance silencieuse de Lara l'en avait empêchée. Des détails lui revenaient peu à peu et interrompaient sa concentration déjà bien ébranlée. Malgré elle, elle cherchait à deviner ce qu'il pouvait bien être. Était-il un homme de main ? Un chef de gang ? Dans quoi trempait-il ? La drogue, la prostitution, le crime ? Les trois à la fois ? Une seule chose était sûre, il n'avait pas peur de se salir les mains...

Et puis, elle était sûre d'avoir vu brièvement un trait noir dépassant du col impeccablement blanc et fermé de sa chemise, quand il s'était penché vers elle tout à l'heure. Un tatouage ? Rien d'étonnant pour quelqu'un évoluant dans son milieu. Cependant, d'habitude les marques d'appartenance étaient visibles. Elles étaient même arborées avec fierté. Ça n'était peut-être pas un tatouage... en plus, elle avait eu l'impression de le voir bouger. Elle devait se tromper.

Il y avait aussi cette attitude étrange, qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer. Elle avait cru déceler du désir, mais elle se trompait peut-être, parce qu'elle était sûre d'avoir vu aussi beaucoup de contrariété et de colère. De la souffrance également. Quant à l'amusement qu'elle avait pensé apercevoir, c'était probablement une erreur de sa part, car aucun de ces sentiments ne pouvaient s'entremêler de manière aussi étroite, et en même temps, chez une même personne.

Lassée de se poser des questions, mais incapable de s'en empêcher, Camille avait fini par abandonner l'idée d'étudier correctement ce matin-là. Elle s'était contentée d'enregistrer le cours sur son smartphone. Le week-end serait plus studieux que prévu. Elle soupira en fourrageant dans ses cheveux, les rendant encore plus ébouriffés, ce qui lui donna une allure de gamin tout juste sorti du lit.

À peine échappée du dernier cours, Lara l'obligea à s'arrêter au milieu d'un couloir pour la fixer bien en face.

— Bon, Camille, je ne sais pas qui est ce type, et j'ai bien vu qu'il t'agaçait, mais sincèrement, tu ne peux pas simplement le renvoyer faire foutre, hein ?! Il est vraiment trop beau ! Laisse-moi au moins le temps de me rassasier les pupilles !

Camille ne put réprimer un éclat de rire. Lara ne perdait pas le nord. Avec cette attraction quasi animale que dégageait Dresden, il eut été étonnant que son amie, si sensible au romantisme le plus débridé, ne soit pas affectée. Un beau ténébreux ne pouvait que l'attirer. Elle était un bien trop joli papillon, et lui, l'ampoule maudite. Mais Camille ne laisserait pas le charme opérer. Pas question !

— Ne me dis pas que tu es amoureuse, Lara ?! s'exclama la jeune étudiante en crochetant les bras de son amie pour reprendre la direction de la sortie.

— Non ! Non ! Il est juste trop beau... Et puis, je n'oserais pas marcher sur tes plates-bandes !

— Cet abruti n'est pas « mes plates-bandes » ! Et puis, il pense que je suis un garçon...

— Ohhh... Pourquoi ne lui as-tu pas dit que tu étais une fille ?

— Parce qu'on s'en fout ! Il ne m'envisage pas ! Il veut me parler à propos de ce que j'ai vu hier soir... C'est tout !

De notre sangOnde histórias criam vida. Descubra agora