106 / Choc des titans

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Préférant demeurer dans l'obscurité, les Znūntāks avaient senti la présence ennemie avant même l'ébranlement du mur où Osiris trônait en majesté tenant les attributs de son pouvoir sur l'au-delà. Puis, dans un mouvement lent, les hautes portes de pierre longtemps restées closes s'enfoncèrent dans le mur avec un feulement rauque, laissant s'échapper la poussière et le sable patiemment accumulés dans les plus infimes interstices, par le temps écoulé. L'air s'emplit de particules lumineuses et miroitantes, comme si une magie inconnue répandait une fine pluie d'or.

***

Auréolés d'une lumière chaleureuse déversée à profusion par les vasques antiques qu'ils avaient enflammées, les séthiens regardèrent les portes s'ouvrirent sur l'obscurité du Sanctuaire caché, avec une solennité toute personnelle. Le Commandeur psalmodiait une litanie que les quelques assistants qu'il avait amenés avec lui reprenaient, emplissant l'espace de leurs voix mornes et sentencieuses, tandis que leurs soldats se tenaient prêts à agir en cas d'intrusion ennemie.

Lorsqu'enfin, les portes eurent disparu dans l'épais mur qui séparait les deux salles, le commandeur stoppa sa litanie et sourit. Personne ne semblait se trouver derrière. La voie était libre comme il l'avait prévu. Si Indra avait été une source inépuisable d'informations, Kaspar avait été d'une efficacité redoutable pour leur assurer une progression sereine jusqu'à la Source.

Encadré de ses deux assistants les plus proches, Ponchalarder s'avança, confiant, vers la seconde salle, tandis que les autres rangeaient le précieux livre qui leur avait permis d'ouvrir les portes, longue compilation d'années de recherche. Leurs chuchotements fiévreux emplissaient maintenant l'air de leur excitation. Aucun d'entre eux n'aurait pu se douter que leur Commandeur ressentait la même. Si Nout avait été encore représentée sur un quelconque mur, il aurait presque eu envie de lui faire un pied de nez. Mais elle avait disparu avec les portes.

Au moment où Olivier de Ponchalarder allait franchir le vaste encadrement qui le séparait, selon lui, du Sanctuaire de la Source, une main le poussa brusquement sur le côté avec l'urgence d'un geste salvateur.

Éloi Galander sentait que quelque chose clochait. Du moment où les portes avaient commencé à s'ouvrir, il avait eu l'impression que le danger les environnait comme à aucun moment tout au long de leur progression. Était-ce cette sensation que l'air s'était soudain chargé de pouvoir ? Cette vibration qu'il percevait malgré le silence ? Lorsque le Commandeur avait entamé le rituel, il s'était fait la remarque qu'il aurait dû s'abstenir. Il aurait aussi bien pu ouvrir les portes sans tout ce cérémonial. Il l'avait trouvé trop confiant. Il ne pouvait quand même pas croire que toutes ses petites manigances avaient porté leurs fruits, tout de même ? Quel manque de modestie !

Heureusement qu'il avait été là, sinon, il serait mort sur le coup ! La lance fuselée avait fendu l'air avec un sifflement meurtrier à l'endroit même où il s'était trouvé quelques secondes plus tôt. Elle avait fini sa course dans le torse de l'un des assistants restés en arrière. Le jeune homme s'était effondré dans une gerbe de sang, faisant hurler tous les autres. Et ce hurlement avait été le déclencheur du chaos qui suivit.

Dans un bel ensemble, les soldats avaient fait feu, sans retenue, ni grande efficacité, vers l'obscurité vide de la salle suivante, comme s'ils n'avaient pu contenir plus longtemps la tension accumulée jusqu'à maintenant. Puis le silence retomba sur l'immobilité tendue des séthiens.

— Mais... mais était-ce un piège qui se serait activé avec l'ouverture des portes ? murmura le commandeur raisonnablement retranché derrière un chef d'escouade baraqué.

De l'autre côté des portes, Éloi lui fit non de la tête en mettant un doigt sur ses lèvres. Puis, il lui montra le sol.

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