44 / Un homme facile

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Dresden savait qu'il ne servait à rien de discuter avec Camille pour le moment. Seul le temps parviendrait à l'aider à accepter sa nouvelle condition. Peut-être même parviendrait-elle à lui pardonner ? En attendant...

— Des fringues, répéta-t-elle le regard toujours aussi dur et froid.

— Derrière cette porte, dit-il en désignant l'une des trois portes qui donnaient dans la chambre. Celle à droite mène à la salle de bain. La dernière donne sur l'extérieur. Je te laisse te rafraîchir, finit-il en se dirigeant vers cette dernière porte avant de disparaître derrière.

Elle le fixa jusqu'à ce qu'il soit sorti. Ensuite, elle ouvrit les deux autres portes. La salle de bain était aussi lumineuse que la chambre, toute de bois blond et de porcelaine blanche, avec une baignoire si grande qu'elle aurait pu la prendre pour une piscine et une immense baie vitrée donnant sur le jardin. Vue imprenable sur son intimité ! « Merci bien » éructa-t-elle en cherchant un panneau de commande pour un hypothétique volet ou un rideau. Un truc qui la cache quoi ! Qu'elle ne trouva pas.

Déjà qu'on l'avait déshabillée à plusieurs reprises alors qu'elle était inconsciente, elle n'allait pas se donner en spectacle ici ! Elle finit par abandonner l'idée de prendre une douche, mais elle avait besoin d'aller aux toilettes, qui se trouvaient bien sûr dans la même pièce, à peine dissimulés derrière un demi muret élégamment décoré de faïence aux motif bleus et verts. Elle attrapa le rouleau de papier toilette, se couvrit du drap, genre fantôme, et, ainsi dissimulée, s'assit sur le trône. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire quand même !

Sa colère contre son environnement l'empêchait de s'attarder sur celle plus sourde résultant de ce que Dresden avait dit et prétendu. Se focaliser sur les détails lui permettait de ne pas penser à l'essentiel, elle le savait, mais continuait à garder son bandeau d'aveugle. Ainsi le « morte ET vivante » n'arrivait pas à s'accrocher à sa réalité. Ainsi, elle ne perdait pas pied.

Une fois soulagée, elle fila jusqu'au dressing et s'arrêta net. C'était plus grand que sa chambre d'étudiante, et il y avait tant de fringues qu'elle se demanda si Asterios n'avait pas simplement dévalisé le fond d'un magasin pour remplir toutes les penderies et autres étagères. Il ne lui fallut pas longtemps pour constater que tout était à sa taille. Du soutien-gorge au pantalon. Après un instant de réflexion, elle se dit que ce devait être la chambre de son ex, et que, par un hasard étrange, cette nana avait les mêmes mensurations qu'elle. Quelle que soit la réponse exacte à ce dressing bien fourni, Dresden restait un psychopathe.

Elle attrapa un jean et un tee-shirt blanc, ouvrit quatre tiroirs avant de trouver de la lingerie décente, - pour une fois, elle dédaigna la dentelle qui pourtant lui parut d'une délicatesse fabuleuse, mais compte-tenu de la fâcheuse habitude qu'avaient certaines personnes de la déshabiller à son insu ces derniers temps, mieux valait assurer le coup -, et s'habilla en vitesse.

Question chaussures, elle n'eut pas vraiment le choix. Il n'y avait qu'une paire de basket de running. Tout le reste se composait de chaussures majoritairement à talon.

Bien sûr, elle évita de prendre la porte pour sortir. Elle utilisa la porte-fenêtre de la chambre et se retrouva dans le jardin. Sans demander son reste, et ne voyant personne, elle se mit à courir vers l'horizon, puis bifurqua vers la gauche quand elle se rendit-compte que le bout du jardin se jetait dans la mer depuis un surplomb de falaise élevé.

***

— Elle s'enfuit.

— Je lui ai pourtant dit que nous étions sur une île.

— Elle ne t'a pas cru manifestement.

— Est-ce qu'elle a même écouté ce que je lui ai dit ?

— Sûr, vu comme elle a tenté de te frapper. En même temps... tu t'y es pris comme un manche.

De notre sangOnde histórias criam vida. Descubra agora