98 / Trahison

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— Mais qu'est-ce qui te prends, Arennn ! arriva à articuler Kaspar en tentant d'échapper à la poigne de son agresseur.

Dejen, Médjès et Zhihao ne bougeaient pas, mais se tenaient prêt à intervenir. Ils fixaient tous Aren, attendant de sa part une explication plus plausible que leurs soupçons individuels et non partagés.

— Arrr... arrê.... Aid... moi...

Kaspar avait lâché sa seringue de surprise. Elle avait atterri sur le drap. Il cherchait maintenant à la récupérer.

— Il y a quoi là-dedans, Kaspar ? demanda alors Aren en s'emparant de l'objet avec une certaine délicatesse avant de la planter dans le torse de sa victime.

Puis, il commença à appuyer sur le piston, et Kaspar hurla.

Aren était resté tranquille du moment où Dejen l'avait déposé sur le lit de la salle de soin. Au début, il n'avait pas bougé, tout entier tourné vers la certitude d'avoir perdu Wira. Absent aux problèmes qui l'environnaient. Absent de sa propre conscience et de ses propres principes. Et puis, clairement, il avait entendu la discussion autour de lui. Il avait même pu déduire ce que Zhihao avait lui-même déduit des informations données par Wira. Bien sûr qu'il fallait tenter de mettre les blessés dans des conditions similaires pour tenter de les guérir. Il fallait tout tenter. Tout.

Et puis, Kaspar était arrivé avec ses insinuations et ses doutes.

Et puis, Dejen avait parlé avec ce timbre qui sous-entendait que quelque chose clochait.

Et puis, Zhihao avait posé sa question et Kaspar n'avait pas répondu.

Enfin, il n'avait pas répondu de façon satisfaisante.

Quelque chose se tramait, et dans l'état où il se trouvait, - en bonne voie de guérison mais encore faible, et surtout amoureusement désespéré -, Aren n'avait pas hésité. Sans compter qu'il connaissait Kaspar depuis longtemps. Il savait ce qu'il avait été avant de devenir le médecin officiel des Znūntāks.

L'obscurité enveloppa soudain le bourreau et sa victime. Aren sentit qu'on lui subtilisait sa proie. Quelqu'un avait décidé de l'aider ? Y-avait-il un autre traître ? Encore un ? Il hurla.

— Dejen arrête, où nous allons tous y passer. Il semblerait que Aren ait décidé que, finalement, son don pouvait lui être utile, dit calmement Zhihao en attrapant son microscope au vol.

— Ça suffit, vieux crouton rassis ! Arrête de nous emmerder. Il faut que Kaspar vive. On a besoin de savoir s'il est vraiment un traître ! Et si c'est le cas, on a besoin de savoir ce qu'il sait, dit alors Dejen en faisant basculer l'obscurité vers Kaspar inconscient, qu'il tenait maintenant à bout de bras.

Aren cligna des yeux plusieurs fois avant de s'habituer de nouveau à la lumière vive de la salle.

— Tu me poses, maintenant ! hurla alors Médjès qui flottait de manière incontrôlée alors que son faucon volait en évitant avec brio tout ce qui défiait brusquement l'apesanteur, notamment le lit où se trouvait Alya, ou les boites d'échantillons de Zhihao.

— Vieux crouton rassis ? répéta alors Aren en fixant Dejen. T'as pas trouvé mieux ?

— Au moins, ça t'a fait réagir.

— Aren... ton don... soupira Zhihao.

— Ah ! Oui !

Et tout ce qui flottait tomba brutalement. Y compris Médjès, qui hurla aussitôt un nombre d'imprécations impressionnant et dans plusieurs dialectes.

— Pourquoi as-tu fait ça, Aren ? Pourquoi attaquer Kaspar ?

— Parce que Kaspar est suspect, et que nous n'avons pas le temps de tergiverser, dit Aren en se relevant.

De notre sangWhere stories live. Discover now