54 / Sacrifice consenti

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Camille crut que sa délivrance était venue, deux semaines plus tard, quand la Matriarche débarqua de nouveau, avec le reste de ses exécuteurs. Camille découvrit alors Vahan, le guerrier indien, petit et sec, au regard aussi noir que celui d'Indra, et Amotep, qui était la figure même de l'égyptien comme on l'imaginait dans les films kitch sur l'antiquité. Grand, fin, musclé, peau dorée et cheveux noirs tressés et attaché en queue de cheval à l'arrière du crâne. Comme Démétrios ou Dresden, ils portaient des costumes trois pièces noirs très élégants.

Les « men in black » entouraient la reine des abeilles qui souriait à chacun. Seule Indra détonait dans l'ensemble avec son sari coloré, à l'opposé de la tenue strict de Mathilde, qui était vêtue d'une tailleur pantalon gris souris agrémenté d'un chemisier très largement échancré sur l'avant, révélant la peau laiteuse entre ses seins. Elle était très séduisante et le savait.

— L'entraînement de Mlle Dorville se passe-t-il bien ? demanda-t-elle finalement sans regarder l'intéressée qui était pourtant dans la pièce.

Camille bouillait de répliquer quelque chose de cinglant, mais se retint du mieux qu'elle put. Elle ne devait avoir qu'un objectif : trouver le moyen de quitter l'île, et attirer trop l'attention ne faisait pas partie du plan pour y arriver.

La jeune femme sentait les regards curieux d'Amotep et Vahan sur elle. Que leur avait dit la Matriarche sur elle ? Et quel était le don de chacun ? La jeune femme se crispa un peu, tandis que Sola parlait des performances de son élève.

— On peut donc dire qu'elle maîtrise son corps convenablement, que ses capacités ne sont pas trop apparentes. Elle est prête, en somme ? Elle n'a développé aucune autre capacité ? Pas de don ? continua Mathilde avec un brin d'ironie dans la voix comme si ça ne l'étonnait pas venant d'une fille comme Camille.

— Pas que l'on sache, répondit sobrement Lucie, avec qui Camille avait effectivement cherché à savoir si elle pouvait avoir un don particulier.

— Pas que l'on sache... Et Mlle Dorville ne nous cacherait rien, n'est-ce pas ? lança Mathilde en laissant son regard caresser Dresden.

— Pourquoi le ferais-je ? répliqua sèchement l'intéressée.

Si Mathilde se figurait qu'elle pouvait encore avoir Dresden dans son lit, elle se fourrait le doigt dans l'œil. Arghhhh ! Mais qu'est-ce qu'elle disait ? Bon sang, Camille envisageait de le quitter pour toujours, et elle en était encore à jalouser les attentions de la Matriarche ! Mais quelle conne elle pouvait être, quand même ! Jamais claire avec elle-même !

Dresden la fixa soudain et sourit, comme s'il avait pu lire dans ses pensées... à moins que... Indra avait-elle enfreint l'avertissement et donné des informations à Dresden ? Non ! Elle ne l'avait pas senti. Néanmoins, par pure précaution, Camille ferma son esprit comme elle s'était entraînée à le faire pendant deux semaines, en vidant sa tête de toute pensée parasite. C'était tout à fait libérateur, mais elle ne remarqua aucun changement chez Indra.

— Je n'ai pas confiance en vous, Mlle Dorville. Pas tant que vous ne serez pas franche envers nous, et que vous refuserez les évidences qui s'appliquent à vous désormais. Il ne sert à rien de se battre contre le vent. Vous êtes une Znūntāk, dit Mathilde avec un ton sec.

— Je le sais, répliqua Camille aussi froidement, en notant tout de même que, parmi les « évidences qui s'appliquaient à elle », il n'y avait pas le fait qu'elle soit la Kachnefer de Dresden. Cette évidence-là restait en travers de la gorge de la Matriarche, manifestement.

— Ah ! Donc, il y a effectivement du progrès. Bien. Je vais envoyer Dresden sur une mission. Dois-je me battre avec vous ? Ou est-il possible qu'il s'éloigne pendant quelques temps ?

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