80 / Fin de partie

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Dresden vit immédiatement que ça n'allait pas bien finir quand Camille s'empara de la lame. Le visage de la jeune femme devenu féroce, était l'indicateur évident qu'elle avait la volonté farouche de tuer, pour sortir de l'embuscade au plus vite. Elle allait trancher dans le vif. Littéralement. Et ça n'était pas le but de ce test.

— Tahari ! Si vous ne voulez pas de blessé grave ou même de mort, faites-les sortir de là tout de suite ! cria-t-il en se penchant sur la console.

— Mais pourq... les mots moururent dans sa bouche quand elle vit la lame que tenait Camille s'enfoncer dans le bras que l'un de ses adversaires avait levé, in-extremis, pour se protéger. Sans ça, elle l'aurait blessé mortellement.

— Kitana, retire-toi ! Fumigènes lancés !

— Dres ! Je crois que tu vas devoir la calmer tout seul, mon pote, dit Tane. Désolé...

***

Camille vit la fumée se répandre en vagues sournoises, dès qu'elle versa le premier sang. Elle sentit aussi la rupture du confinement qui, jusqu'alors, l'avait tenue éloignée de son élément. Et puis ses adversaires disparurent comme par enchantement.

— Bande de lâches, hurla-t-elle, seule au milieu de la combe.

Et puis, elle l'entendit, lui, et quelque chose se brisa.

— Camille ? Camille, c'est moi... Dresd...

Il n'eut pas le temps de finir qu'une petite chose aussi fluette qu'une brindille, mais d'une force sans commune mesure, lui sauta dessus et s'agrippa à lui comme une sangsue à un mollet imprudent dans un marécage.

— T'étais où ? Putain ! T'étais où ? J'ai cru que les Dévoreurs t'avait capturé ? J'ai cru qu'ils allaient manger ton cœur ! J'ai cru que...

— C'est bon, Camille ! Tout va bien... Tout va bien... C'était un test... c'était juste un test.

Camille eut un bref temps d'arrêt avant de hurler un « QUOI ! » rageur, et de se débattre pour s'éloigner de Dresden, mais il avait prévu sa réaction et la maintenait contre lui avec toute sa force.

— Calme-toi, Camille... Calme-toi...

— Que je me calme ! Putain ! T'as vraiment envie de mourir, toi ! fulmina-t-elle en réussissant, cette fois, à le frapper.

Dresden encaissa le coup, mais il sentit que ses pieds étaient désormais immobilisés au sol par une masse de terre qui l'emprisonnait jusqu'au mollet. Il lâcha sa Kachnefer qui s'éloigna aussitôt. Malgré les fumigènes dont les émanations persistaient autour d'eux, il pouvait parfaitement distinguer la fureur qui animait tout son être. Elle était au bord de la rupture. Elle l'insultait et se retenait à grand peine de venir le frapper.

— Camille ! rugit-il brutalement, coupant court à son accès de rage.

— Quoi ?! hurla-t-elle sur le même ton. Va te faire cuire le cul sur Mars, enfoiré ! Et en parlant de cul ! Tu peux toujours rêver pour avoir le mien ! Bordel de zombie avarié !

— Zombie avarié ? répéta Dresden sentant venir un fou rire qu'il tenta de maîtriser tant bien que mal, parce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de la trouver craquante, même en ce moment fatidique où elle aurait pu, si elle l'avait vraiment voulu, l'éliminer sans difficulté.

Il aimait tout d'elle : Sa rage et sa colère, ses doutes et ses combats, son regard sur le monde et ses espoirs, son rire et ses larmes. Camille était comme une forteresse environnée de barbelés. Il fallait se battre pour accéder à son cœur. Il s'était battu. Il avait été patient aussi. Et maintenant, il l'aimait au point de refuser de la laisser s'enferrer seule dans sa propre colère.

De notre sangOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz