Chapitre 130

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Les larmes séchées, ils avaient finalement décidé de refaire un petit tour au gymnase, une dernière fois pour les ex-troisième années, nouveaux diplômés. Et bien sûr, Tobio et Shouyou n’avaient pas pu résister à l’envie de jouer un peu. Encore en uniforme, tirés à quatre épingles, les garçons s’étaient joints à eux pour de petits échanges de balle sans prétention. Juste de quoi se dégourdir les jambes et les bras sans transpirer. Ils savaient de toute façon que leur famille les attendait pour fêter dignement l’obtention du précieux rouleau, mieux valait pour eux qu’ils ne rentrent pas échevelés.

Le jeu avait duré un peu moins d’une heure, entre crises de rires et protestations aux souvenirs de tout ce qu’ils avaient vécus. A dire vrai, Koushi n’avait pas vu le temps passer, trop absorbé à viser entre deux hoquets. Ce ne fut que de retour sur le côté, en prenant la bouteille d’eau que lui tendait Kiyoko qu’il remarqua l’absence de la jeune dessinatrice.


- Hatori n’est pas avec toi ? demanda-t-il à Hitoka.

- Non, elle est partie il y a déjà plus de trente minutes. Elle a dit qu’elle avait quelque chose à faire avant que tu ne rentres chez toi. Je pensais que tu savais.


Il lui répondit à la négative, ne se souvenant absolument pas d’avoir discuté de cela plus tôt. La blonde ne put rien lui apprendre de plus, elle n’avait pas eu le temps de poser la question à la brune avant qu’elle ne quitte le gymnase.
Récupérant sa veste, le gris récapitula mentalement tout les endroits où il pourrait trouver la jeune fille.


- Tu vas la retrouver ?


Il sursauta en entendant la voix de Kiyoko, encadrée par Daichi et Asahi qui étaient eux aussi sortis du terrain.


- Ah, oui, pardon, je la verrais plus avant longtemps alors… enfin, vous voyez quoi… je ne rentrerais pas avec vous.

- On t’attend, répondit l’ancien capitaine avec un regard entendu pour les deux autres, ne t’en fait pas. Ne te presse pas, on est patients.


Un large sourire reconnaissant se dessina sur ses lèvres.


- Merci, je vais faire vite tout de même, cria-t-il en sortant.


Mais la tâche s’annonça un peu plus complexe que prévue. Il ne savait pas ce qu’était partie faire la première année et n’avait donc absolument aucune idée de l’endroit où elle se trouvait.

Il parcouru les couloirs vides du bâtiment principal, s’aventura dans les annexes des laboratoires de sciences et passa même dans la cour arrière sans succès. Même si elle n’aimait pas cela, Hatori était douée pour disparaitre. Il questionna les quelques personnes de sa connaissance encore présentes mais aucune ne pu lui donner plus d’informations lorsqu’il le décrivait la jeune fille. Elle n’avait pas non plus répondu à ses mails et ses appel, il commençait à sentir monter une pointe d’inquiétude. Elle n’était tout de même pas partie sans lui dire au revoir ? Si ?


Une bonne demi-heure de recherches infructueuses plus tard, il retournait vers le gymnase, avec le petit espoir qu’elle y soit retournée entre temps et qu’ils se soient manqués. Avisant l’édifice, une brève et profonde lueur s’éveilla dans un coin de sa tête. Il y avait bien un endroit, un lieu, qu’il n’avait pas été voir et pourtant qui avait un sens plus qu’évident pour eux.

Tournant deux fois sur la droite en contournant les murs extérieurs, il fut presque peu étonné de la voir parterre, dos à lui mais des feuilles disséminées autour d’elle, penchée et concentrée sur une grande toile.
A pas de loup, il s’approcha pour venir jeter un coup d’œil par-dessus son épaule, s’accroupissant pour poser presque son menton sur le tissus de sa veste. A l’instar de leur rencontre, elle ne resta pas immobile et bondie en avant, manquant de le faire tomber lui aussi. Esquivant in-extrémis le tableau sur lequel elle travaillait, elle envoya tout de même voler un bon nombre de feuilles dans la manœuvre, qu’un coup de vent traitre acheva de disperser et d’envoler valser les moins froissées dans l’air.

A demi vautrée dans l’herbe, elle avait tourné la tête vers lui et ses yeux étaient un mélange entre la trouille qu’il lui avait fichu et l’irritation d’avoir été dérangée de la sorte alors que lui affichait une expression fière et amusée.


- Et tu vas me dire que tu ne voulais pas m’effrayer encore ? ironisa-t-elle.

- Non, je ne vais pas le dire. C’est la contrepartie de t’être éclipsée sans un mot. Tu ne voulais pas me voir partir ?

- Evidement que si ! Ou non en fait, je veux pas te voir partir. Mais j’avais un truc à faire, c’est pour ça que je suis là. Comme ça j’entends encore les ballons.

- Tout comme tu m’as entendu arriver.


Elle pinça les lèvres, signe qu’il avait marqué un point. Plus le temps passait et plus il avait remarqué qu’elle était absorbée lorsqu’elle dessinait. Encore plus que lors de leurs sessions d’entrainement, il y a de cela une dizaine de mois.


- Sur quoi étais-tu ? demanda-t-il en prenant une feuille éparpillée près de lui.

- Ne regarde pas ! s’écria-t-elle en se jetant sur lui.


Elle s’était à demi relevée d’un saut, tendant la main pour récupérer le morceau de papier qu’il n’avait pas encore eu le temps de regarder. Il la rattrapa in-extremis et posa une main au sol avant qu’elle ne les fasse basculer en arrière. Position qui avait toujours le don de faire chauffer ses joues, mais il ne se laissa pas perturber.


- D’accord d’accord, je ne regarde pas, calme-toi, dit-il doucement. C’est un projet secret ?

- En quelque sorte… Il ne faut juste pas que tu le vois.

- Et je ne le verrais pas. Laisse-moi juste t’aider à ramasser tes feuilles. Promis, je ne regarderais pas.


Elle hésita un instant mais acquiesça en se redressant, lui tendant tout de même une main pour l’aider à en faire de même.

Emportées par le vent frais de l’hiver, ils mirent un petit moment avant de toutes les regrouper. Quand il lui tendit son petit paquet, certaines manquèrent de s’échapper encore. Finalement, elle les coinça toutes pèle-mèle dans une pochette et noua un grand drap autour de la toile.


- Tu vas ramener ça chez toi ? demanda-t-il en observant ce qu’il ne pouvait voir.

- Non, je le récupérerai demain. Je l’ai pris au club d’art, il faut que je la paye puisque je ne suis pas encore inscrite.

- Pas encore ?

- Je vais les rejoindre pour l’année prochaine. Ça ne m’empêchera pas d’aider au club de volley, mais Yac’chan saura se débrouiller à merveille. Et en ayant passé presque six mois à vous voir vous donner à fond pour ce que vous aimiez, je me suis dit que je devais faire pareil. Pour avancer, élargir mes horizons. Je ne sais pas encore où ça me mènera, mais tant que je peux, autant viser haut.


Sa déclaration provoqua en lui l’éveil d’une douce chaleur. Il avait connu Hatori inquiète, timide et réservée, soucieuse de savoir si elle pouvait aller vers d’autres personnes, si elle allait savoir comment faire, de ce qu’elle provoquerait. Ils s’étaient connus et rapprochés comme cela. Aujourd’hui, elle démontrait une telle évolution. Celle de se tourner vers les autres par sa passion, de la faire découvrir et progresser, d’aller vers l’inconnu, chercher à déployer son potentiel alors même que lui s’éloignait pour suivre son chemin.

Hatori avait toujours eu des ailes à ses yeux. Contenues et restreintes au début, qui s’étaient développées avec le temps. Elle qui avait toujours eu la tête dans les nuages et les cheveux au vents, ses ailes maintenant la portaient vers un avenir infini.


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Hello à vous mes aventuriers!

Ne me tuez pas mais... le prochain chapitre est le dernier :') Il restera quand-même l'épilogue après et des bonus à venir
Que vont donc faire ces deux andouilles ? Entre laisser en plan ses amis et envoyer valser des feuilles, ils semblent ne plus trop savoir quoi faire :')

Une grosse partie sera rétablie dans le prochain chapitre. D'ici là : bon week-end à vous et rejoignez ceux que vous aimez ^^

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