Chapitre 112

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Elle avait bien loupé une grande partie du premier set et le début du second, ne saisissant que quelques bribes d’actions lorsqu’elle y posait les yeux entre deux de Nekoma.

Honnêtement, être tiraillée physiquement entre les deux équipes ne lui avait pas plu, elle aurait du mieux réfléchir à la place qu’elle avait prise.
Parmi ce qu’elle avait perçu, la liste des points compliqués à gérer pour les corbeaux était trop longue à son goût. Il y avait la puissance de frappe de leur ace, un concentré de force allié d’une bonne dose de technique. Le jeu souple et au large champ d’action de celui avec un air endormi au possible, alors que même Kei était bien vivant dans son regard. Le libéro et l’un de leur ailier n’étaient pas mal non plus, juste un peu moins tape à l’œil que les autres. Et pour ce qui était de se faire remarquer, les jumeaux étaient des spécialistes. Entre chamailleries et imprévisibilité, c’était une paire aussi bruyante et exceptionnelle que Tobio et Shouyou.

Elle en avait frémi la première fois.


Et maintenant que toute son attention était portée sur ce match, elle ne parvenait plus à se débarrasser de ce sentiment d’appréhension. Bien qu’un peu apaisé par les aces que flanquait les services de leur passeur de seconde.


- Pas trop déçue de ne pas l’avoir vu jouer ?


Elle ne décrocha pas un regard à son chat de voisin, s’imaginant sans mal la lueur moqueuse de son regard.


- Le match n’est pas fini, il peut encore revenir sur le terrain, murmura-t-elle.

- Et il est de plus en plus palpitant, appuya Moritsuke à sa gauche.


Le mot était bien choisi, elle ne sentait plus son cœur frapper contre ses côtes tant il s’était déjà de trop nombreuses fois heurté à sa cage thoracique.
Et si Inarizaki sembla se calmer et se reprendre après l’arrivée de leur capitaine, cela n’eut pas le même effet chez elle.


- Un match peu se dérouler sans le capitaine de l’équipe ? demanda-t-elle pour faire dériver un peu ses pensées.

- Oui, c’est plus un titre et un rôle qu’un poste, déclara Tetsuro. Le but d’un capitaine n’est pas d’être ce joueur présent à tout les matchs, mais celui qui fait en sorte qu’il y aura toujours des matchs avec l’équipe qu’il maintient soudée. Il n’est pas gardien du jeu, il est gardien des joueurs.

- Et si les joueurs sont mieux avec un capitaine sur le banc, alors il peut y rester tout du long, renchérit le libéro. Je pense que si là il est rentré, c’est parce qu’il y avait ce besoin de recentrer les autres.

- Ca veut dire que jusqu’à présent, c’était ce Ojiro qui s’en occupait. Il est le Vice-capitaine, non ?

- Là encore, c’est un titre. Mais ça devait bien être lui le maitre du jeu ouais. Et s’il est sorti pour se reposer, c’est que la tête de liste n’est pas à prendre à la légère. Aussi bien sur son jeu que son influence, conclu l’ébène.


Influence qui acheva le second set avec un écart non négligeable entre les deux équipes, ne laissant même pas Karasuno atteindre les vingt points.


Le troisième et dernier set s’annonçait déjà tendu sous bien des aspects. La fatigue physique qui ne cessait de croitre, la mentale qui l’appuyait et la fatalité de la dernière chance qui se profilait.

Elle les avait déjà vu disputer des matchs serrés, incertains, des derniers sets où il lui semblait que chaque point était un pas de plus vers l’enfer ou le paradis. Mais peut-être parce qu’elle percevait l’immensité du gymnase, que les supporters adverses lui vrillaient les tympans ou qu’elle lisait une pointe d’angoisse dans les yeux de son ami d’enfance, elle n’arrivait pas à se raccrocher à des sensations connues. C’était à peine si elle se sentait accrochée à la réalité même, happée par ce qui pouvait être un match d’un niveau cosmique pour ses yeux d’amatrice et la croyance folle qu’elle avait eu de dire la veille que tout se passerait bien.

Ce n’était plus quelque chose qu’elle pouvait concevoir aussi naïvement à cet instant. Plus depuis qu’elle avait vu Miya Atsumu en action.


Tobio en avait parlé à son retour du camp d’entrainement. Il avait évoqué ce passeur un peu plus vieux, aux phrases alambiquées et agaçantes mais avec un niveau technique incroyable. Un monstre de la balle haute, imprévisible et chirurgical, sûr de lui et avide de toute expérience, aussi à l’aise en l’air qu’au ras du sol. Peu importe comment elle le regardait, rien en lui ne lui inspirait une quelconque sérénité. Elle ne lui trouvait pas cette aura rassurante qu’avait Koushi, celle encore un peu innocente de Tobio, la calme de Keiji, les aspects simples qui seyaient à Kenma ou la taquine de Tooru. De tous les passeurs qu’elle avait un jour observé, il ne ressemblait à aucun.

Et pour autant, la première chose qui lui était venue en le voyant était combien le duo qu’il formait avec son jumeau était proche de celui que formaient les numéros neuf et dix. Un mélange des plus particuliers dans les deux cas, synonyme de tous les rebondissements possibles. Ceux qui faisaient frissonner les corps et s’arrêter les cœurs quand le temps n’était plus que fictif autour d’eux.
Elle avait ressenti cela la première fois qu’elle avait vu Shouyoou et Tobio en action.

La même sensation l’avait étreinte en voyant les Miyas.

Et elle ne s’en défaisait pas.

Et chaque fois que l’un touchait la balle du plat de la paume, elle serrait les poings.


- Tori, laisse tes pauvres vêtements, tu vas les froisser, avança doucement Tetsuro. Mange un bout plutôt, ça va t’occuper.


Il avait posé l’une de ses mains sur les siennes et tendait de lui faire lâcher son pantalon en lui tendant de l’autre un bâton de carotte. Elle s’en saisi et croqua dedans une première fois avant de rouvrir la bouche.

- Je sais, oui, la devança-t-il. Moi aussi je vois le moral de Karasuno s’effriter un peu plus avec cette nouvelle courte des jumeaux, alors qu’ils avaient inversés leurs rôles. Mais tu auras besoin de tes mains pour les féliciter ou les réconforter alors garde les intactes.


C’était bien loin de ses habituelles taquineries, mais la jeune fille n’aurait probablement pas su bien les prendre. Et si elle s’inquiétait, il en était de même pour son ami d’enfance.
Elle savait que la victoire des corbeaux signifiait beaucoup pour lui. La poursuite de leurs rivaux, la future guerre des poubelles, mais surtout, que des camarades de jeux, des amis même, restent encore en lice. Qu’ils puissent aller plus loin, plus haut.

Qu’ils prennent le même chemin qui celui emprunté par le ballon que le roux venait de réceptionner avec brio.


- Belle réception, murmura-t-elle, savourant le frisson de bonheur qui la traversait, trop longtemps attendu.


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Hello à vous petits aventuriers!

Ça manquait de pression à mon goût :') Et quel match plus palpitant que contre Inarizaki à ce moment de l'histoire? J'en ai encore des frissons ^^
Heureusement qu'elle est bien entourée Hatori, elle nous aurait fait une syncope en même pas 2 actions :') Mais notre petite n'est pas au bout de ses peine, je pense que beaucoup de batons de carotte vont mourir sous ses dents :')

On se revoit dans quelques jours (l'année prochaine déjà!) pour la suite! Bon week-end à vous et bonne année!

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