Chapitre 12

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Ainsi, lorsque Koushi regagna sa classe un peu plus tard, il fut surpris de trouver Daichi assis sur son bureau, l'attendant visiblement de pied ferme.


- Tu en as mis du temps pour juste rendre un livre, énonça-t-il sans émotions.

- Du monde à la bibliothèque. Beaucoup semblaient avoir oublié de rendre leurs livre hier, comme moi, ria-t-il.

- Et ça te fais transpirer ? Suga, je suis passé à la bibli et tu n'y étais pas.

- On s'est peut-être croisés alors, j'ai cherché un autre ouvrage.

- Ecoute, je ne sais pas ce que tu fais et si tu ne me dis rien c'est que tu as une raison mais soit franc avec moi au lieux de toujours donner des excuses. Tu t'absentes tous les mardis et jeudis, c'est trop précis pour que ce soit toujours des rendus, des convocation ou des emprunts de livres. Je sais que tu en as dans le ventre mais pour que tu cherches autant à me le cacher, je ne peux que m'inquiéter.


Le gris retint de justesse une remarque qui n'aurait fait que rendre la situation plus complexe. Il savait parfaitement que son ami était sérieux et s'il voulait pouvoir le rassurer, ce n'était pas en passant par l'humour immédiat.


- Daichi..., s'interrompit-il en cherchant ses mots un instant avant d'offrir un sourire rassurant à son interlocuteur, c'est gentil que tu t'inquiètes mais il n'y a vraiment pas de quoi. J'aimerais pouvoir te dire mais certaines choses m'en empêchent. Cependant, j'espère que la situation s'arrangera et je te rassure déjà, je ne manquerais pas les entrainements mardi prochains. J'aurais encore des choses à faire les jeudis mais le volley est ma priorité et tu le sais. Et puis je n'ai pas grand-chose à offrir alors ôte toi de la tête que je subis un chantage ou tout autre idée de ce genre. Tu devrais plus t'inquiéter pour les inter-lycées que pour moi parce que je mange ailleurs, finit-il avec un petit coup dans les côtes.

- Eh ! C'est moi qui devrais te dire de t'inquiéter, tu as un sérieux rival qui t'as piqué ta place de titulaire alors tâche d'être assidu ce soir.

- Ça c'est un bon capitaine.


Et ils partirent tous les deux à en rire, avant que ledit capitaine ne regagne sa classe, le laissant enfin s'installer à son bureau.

Avant l'arrivée du professeur, il eût tout le loisir de se plonger dans ses pensées, remuées par sa précédente conversation et certaines paroles de la jeune première année. Il comprenait parfaitement qu'on ne puisse pas être à l'aise en présence d'inconnus, lui-même parfois n'en menait pas large. Qu'être une fille au milieu d'une assemblée de garçons passablement grands n'aidait pas vraiment à rassurer non plus. Mais les garçons en question n'étaient pas méchants, un peu idiots et impulsifs pour certains surtout mais pas envers les filles. Et ils ne lui étaient pas tous inconnus puisqu'elle en connaissait déjà quatre, ou plutôt trois et demi puisque le Tobio d'aujourd'hui était différent du collège et nettement plus abordable. Et si le problème était d'être le centre de l'attention il était évident que le capitaine ne laisserait pas ses joueurs bailler aux corneilles trop longtemps en cette période. Alors non, il avait du mal à comprendre ce qui pouvait gêner à ce point Hatori à venir les observer lors de entrainements.

Ou alors il y avait une variable qui lui était inconnue. Un copain possessif ? Il n'en n'avait pas la connaissance et elle semblait assez indépendante pour se laisser marcher sur les pieds. Une pression parentale qui ne voulait pas qu'elle se détourne des études ? Il ne voyait pas comment le fait qu'elle s'accorde des loisirs pourrait remonter jusqu'à ses parents. Une phobie des ballons ? Non puisqu'elle jouait avec lui. Et il avait beau chercher rien de beaucoup plus pertinent ne lui venait à l'esprit et il était à la limite de tomber dans des théories douteuses. Il soupira intérieurement de ne pas pouvoir débloquer leur situation. Même s'ils avaient échangé souvent lors de ces rencontres il réalisait à présent qu'il ne connaissait au final quasiment rien d'elle. Elle venait de Kitagawa, avait un frère et puis aimait visiblement peindre, rien de plus. Mais c'était peut-être là le soucis. Il avait immédiatement pensé qu'elle n'avait pas côtoyé le numéro neuf mais il s'était peut-être trompé. Il y avait une éventualité pour que les deux se connaissent et que ce soit la raison qui la réfrénait à voir l'équipe puisqu'il en faisait partie. Si c'était un souvenir douloureux, mieux valait ne pas demander de but en blanc aux deux concernés mais chercher des infos sur elle ailleurs était encore possible.

Chose qu'il mit en action dès le soir, alors que tous se changeaient dans le local.


- Au faite Yamaguchi, vous avez rendu le travail dont tu parlais la dernière fois, entama-t-il après s'être rapproché de son cadet.

- Oui, ce matin même.

- Et vous êtes confiants ? Avec qui l'as-tu fait ?

- On a fait de notre mieux mais on est plutôt confiant. Avec Tsukki et Seikuu on se complète plutôt bien, ce n'était pas la première fois qu'on travaillait ensemble.

- Seikuu ? Un camarade de classe, demanda-t-il feignant la surprise et la curiosité.

- Non, c'est une fille. On a dû travailler ensemble en chimie une fois et comme ça a bien fonctionné on a gardé ce groupe pour d'autres matières.

- Et comment est-elle ?


Il puisait dans ses talents d'acteur pour simuler un intérêt à une question sont il connaissait mieux que bien la réponse.


- Petite, brune, vraiment sympa et elle a de bonnes idées. C'est elle qui a pensé toute la disposition de nos rendus, elle doit avoir un bon sens artistique.

- Elle a surtout aucune connaissance des brosses à cheveux, intervint Kei. On dirait qu'elle vient de se réveiller à chaque fois. Elle fait un peu sorcière à toujours gribouiller dans son coin.


Il ne pourrait pas le leur dire, mais était bien d'accord que la chevelure de la jeune fille était désordonnée. Elle devait vivre une vie à elle seule, en dehors de certaines lois de la physique.


- C'est vrai qu'elle ne discute pas avec grand monde, avoua un peu nerveusement le vert.

- Elle n'a pas d'amies ? demanda sérieusement le passeur cette fois ci.

- Je ne crois pas non, certains ne semblent même pas savoir qu'elle est là. Les professeurs passent leur temps à oublier son nom ou sa présence.

- Toi aussi tu ne savais même pas qu'elle était avec nous je te rappelles, le piqua son ami.

- C'était la première fois qu'on travaillait ensemble aussi, je l'avais peut-être déjà aperçu mais je ne m'en souvenais pas. Tu savais qu'elle était dans notre classe toi Tsukki ?

- Je t'ai dit que je ne regarde pas qui est à côté de moi.

- Je ne m'y attendais pas, murmura le troisième année pour lui-même avant de reprendre plus fort pour les deux autres, mais maintenant elle vous a vous deux. C'est bien que vous travailliez bien ensemble, c'est peut-être un début d'amitié.


Le plus grand ne répondis pas, il respectait trop son ainé pour riposter à sa candeur de façade, et Tadashi se contenta de hocher la tête en haussant un peu les épaules, signifiant un « pourquoi pas ». La conversation se finit là, l'équipe étant maintenant changée et parée pour l'entrainement. Néanmoins, le numéro deux dissimula une mine plus préoccupée derrière une bonne humeur de façade.

Il songeait à ce qu'il venait d'apprendre et le mettait en parallèle avec la tête qu'elle avait affichée ce matin quand il lui avait parlé de passer plus de temps avec ses amis. Sans le vouloir il l'avait peut-être blessée, lui rappelant qu'elle était seule. Il faudrait qu'il s'excuse avec subtilité la prochaine fois. Et ça amenait un second point. Si elle était effectivement seule dans sa classe, les midis où ils se retrouvaient avait surement une grande importance pour lui, plus qu'il ne l'imaginait initialement. En plus d'avoir quelqu'un l'aidant pour ses dessins, elle avait surtout une personne avec qui elle pouvait parler, discuter, parfois même rire. C'était un sacré rôle qu'elle lui avait attribué à son insu mais plus que de lui en vouloir il se sentait peiné et avait maintenant conscience d'un poids en plus sur ces épaules. Même s'ils se voyaient peu et avait des niveaux et intérêts différents, elle restait quelqu'un de très agréable. Ça lui donnait encore plus envie de trouver pourquoi elle ne voulait pas s'ouvrir plus alors qu'elle semblait chercher de la compagnie.

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