Chapitre 1

1.2K 48 35
                                    

Quelques temps après la rentrée

Le soleil s'affichait haut dans le ciel, nullement envahit de nuages en ce début d'après-midi. Les élèves se regroupaient, discutaient, mangeaient, riaient, vaquaient à leurs occupations avant la reprise des cours. Au sujet de ceux-ci, l'un des terminales filait entre ses camarades. Sans courir, mais ceux qui s'y intéressaient un peu pouvaient aisément deviner qu'il avait un but et savait exactement où il allait.

S'excusant à chaque fois qu'il bousculait un tant soit peu quelqu'un, Koushi n'était pas spécialement pressé mais plus tôt cela serait fait et plus tôt il serait serein. Il n'était pas le plus anxieux de son entourage mais ne cherchait pas non plus à le devenir et savait qu'il pouvait rapidement avoir une bonne place au tableau. Il voulait aussi profiter de la fin de la pause comme tout le monde, quoi de plus normal ?

C'était donc d'un pas rapide qu'il descendait les escaliers en réfléchissant au lieu exact où il se rendait. Deux choix s'offraient à lui : la salle du club ou le gymnase. Il se souvenait l'avoir eût dans les mains aux deux endroits mais quant à savoir où il l'avait laissé, c'était une autre paire de manches. Il avait passé près de quatre heures sans que ça lui traverse l'esprit et sa tête avait dû penser à autre choses plus urgentes. Les kanjis à retenir pour la semaine prochaine, les formules utiles pour leurs exercices et puis tout simplement être attentif en cours. Il n'excellait spécialement en rien alors pour ne pas être à la traine ou devoir plancher tard le soir, c'était le minimum. Et du respect pour leurs professeurs.

Sortit de l'édifice, il opta pour son second choix qui était non seulement plus proche mais aussi mieux ranger qu'une pièce de 12m² où était passé des années de garçons plus ou moins méticuleux et nombreux. Un jour peut-être ils rangeraient leur club de fond en combles, mais ce n'était pas encore au programme. Et il faudrait surtout voir ça avec Daichi. C'était tout de même lui le capitaine.

Mais il se sentait divaguer, le plus important restait remettre la main ce qu'il avait oublié. Une fois ses chaussures soigneusement essuyées, il fit le tour du gymnase, regardant sur l'estrade, dans le local de rangement, parmi les ballons - savait-on jamais - autour des bancs et bien sûr à chaque coin de mur.

Ce fut d'ailleurs dans l'un de ses derniers qu'il retrouva son carnet de vocabulaire d'anglais. Maintenant qu'il l'avait, il se rappelait parfaitement l'avoir mis ici au cours de l'entrainement du matin pour qu'il ne tombe pas de sa poche et que quelqu'un glisse dessus. Quelle idée il avait eu aussi de le mettre dans les poches de son sweat du club ? Soupirant de soulagement et d'affligeance, il se retourna et entama le chemin du retour quand un son parvient à ses oreilles. Il n'était pas fort, si faible qu'il cru un instant l'avoir imaginé. Mais ce léger bruit se fit entendre quelques secondes après celui lui ayant fait tendre l'oreille. Un son sec, bref, irrégulier, à la fois proche par sa netteté et loin par son volume.

Le jeune homme tourna sur lui-même, portant son regard dans l'espace l'entourant en espérant y déceler quelque chose de différent de d'habitude. Mais rien n'avait changé depuis ce matin. Le sol était encore propre, les filets rangés et aucun ballon oublié ne s'était perdu dans un coin ou sur l'estrade.

Un troisième coup était porté. Il lui semblait qu'il venait de presque partout en même temps, de tous les murs, comme s'il résonnait entre eux.

« Ou sur eux », pensa-t-il.

Fixant maintenant avec attention les fenêtres, il n'eut pas à attendre longtemps avant qu'une ombre ne se dessine sur l'une d'entre elle.

Poussé par la curiosité, il sortit du bâtiment et le contourna pour rejoindre le point externe correspondant à la possible origine de la forme qu'il avait perçu. Tournant une dernière fois sur sa droite, il y découvrit la personne qui faisait rebondir un ballon sur les murs.

--------------------------------------------------------------

La chaleur qui se répandait dans les couloirs, amplifiée par les mouvements incessants de leurs occupants. Des rayons que les fenêtres laissaient passer, rendant l'atmosphère aussi bruyante que tendancieusement moite. Des exclamations de surprise, des appels, des rires, des cris de frustration, un brouhaha que chacun semblait accepter. Après tout, là où il y avait du bruit c'est qu'il y avait du monde. Qui voudrait passer sa pause déjeuné seul, avec un temps si beau ?

« Je suis fatiguée... » soupira Hatori à l'autre bout de l'enceinte.

Qu'elle idée avait-elle eu aussi de rester aussi tard sur ses feuilles. S'il l'apprenait, c'était sûr que Isai lui passerait un savon. C'était peut-être un gros bucheur mais s'il savait que ça sœur faisait des nuits blanches aussi peu productives, il s'arracherait les cheveux. Heureusement que l'autre avait un sommeil de plomb. Peu importe le nombre de fois où son crayon était tombé, les coups du bureau dans le mur lorsqu'elle gommait, il avait à peine grogné, se retournant une ou deux fois sans jamais se réveiller. Et c'était en grande partie sa faute aussi si elle sacrifiait son précieux sommeil. Son anniversaire approchait et elle n'avait encore rien commencé, passant ses heures et ses nerfs sur de pauvres bouts de papiers. Pourquoi ne pouvait-elle pas faire comme tout le monde et lui acheter un truc ? Un livre, une paire de baskets ou encore un sac pour remplacer celui usé jusqu'à la couenne qu'il trainait depuis des années ?

Second soupir. Elle ne pouvait pas car elle avait déjà utilisé ces idées les années précédentes ou les avait données à d'autres. Résultat, elle s'était embarquée dans un projet qu'elle n'était même pas sûre de pouvoir aboutir. Autre la limite temporelle, c'étaient surtout ses capacités propres qui lui feraient probablement défaut. Visualiser un ballon à l'arrêt c'était simple, Internet suffisait pour ça. Mais même les meilleures photos ou des heures de vidéos ne rendaient pas l'exacte réalité d'un mouvement, des sensations ressenties par le sujet. Et son frère n'était pas un joueur professionnel, il n'était qu'un simple collégien imparfait qui apprenait encore. Elle voulait le représenter lui, pas une version améliorée ou idéalisée d'un futur peut être irréalisable. Et s'il lui venait le malheur de lui proposer quelques échanges avec lui, non seulement elle ne pourrait rien noter mais en plus elle se ferait cramer directement. Définitivement, elle était trop pointilleuse sur son passe-temps.

Elle s'était surement mis la barre trop haute mais il était celui qui l'encourageait le plus dans ce loisir, c'était l'occasion de lui montrer une preuve concrète de sa gratitude. Restait maintenant à trouver le moyen de résoudre son problème de sujet. Mais ça serait après s'être reposée quelques minutes loin des échos se répercutant dans chaque salle.

Elle arriva quelques instants plus tard à l'endroit qu'elle estimait dans les plus calmes du lycée. Il y avait bien un peu de passage mais personne ne s'aventurait après le second tournant. Aussi, quelle ne fut pas sa surprise d'y trouver la trace d'un passage humain. Perdu au pied d'un arbre, un ballon de volley semblait attendre son propriétaire.

« Comment est-il arrivé là ? » songea-t-elle.

Les fenêtre du gymnase ne permettaient pas d'en laisser sortir un et personne ne venait s'entrainer là alors que le lieu dédié se trouvait à l'intérieur des murs à moins de cinq mètres. C'était une question de plus qui s'ajoutait à sa longue liste. Et celle des choses à faire comprenait maintenant la mission « ramener le ballon à son club ». Espérons qu'ils ne l'accuseraient pas de vol. Dans l'idée, il s'agissait même plutôt d'un bon geste puisque personne n'aurait l'idée d'aller chercher un tel objet ici. Tout comme personne ne la cherchait ici non plus.

- Et si..., un coup d'œil à gauche puis à droite, je tentais un peu ?

C'était l'opportunité de peut-être avancer en théorie sur son cadeau et sa sieste pouvait bien attendre un peu. Après tout, personne ne viendrait voir ici quelqu'un faisant quelques rebond sur un mur, non ?

Alors pourquoi, après une dizaine de minutes tranquille, ce garçon aux cheveux gris avait débarqué et la regardait?

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant