Chapitre 4

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Les jours s'étaient suivit, les semaines avaient passé et le match contre Aobajohsai venait de se finir. Sur le papier ils avaient gagné, les deux sets inscrits de leur côté en étaient la preuve. Pourtant même si une certaine euphorie s'était fait sentir, elle était emplie d'une amertume qui ternissait cette image de victoire. Ils étaient loin d'avoir été brillants. Certes, leurs attaques avaient fonctionné puisqu'ils avaient marqué des points mais à côté ils avaient fait aussi énormément de fautes.

Le stress de Shouyou dans le premier set s'était révélé pire qu'ils ne l'avaient imaginé et Koushi était resté impuissant face à ça. Il avait bien empêché Tobio d'appuyer le bouchon quelques fois mais dès lors que le match était lancé, il ne pouvait que rester spectateur. Après tout, c'était bien lui qui était resté sur le banc. Et quand bien même ils avaient remonté au deuxième set avec la résurrection de l'état mental de leur numéro 10, voir le massacre qui s'était abattu sur ses coéquipiers lors du dernier lui restait en travers de la gorge. Cette victoire n'était rien face à l'écrasante humiliation que leur avait fait subir le passeur titulaire adverse, le reconnu Oikawa Tooru. Il n'avait pas été nommé meilleur passeur de la préfecture pour rien quelques années auparavant, le gris se sentait particulièrement incompétent à côté si on le lui demandait. Il s'avait parfaitement qu'il n'était pas parfait au niveau technique et n'était pas un génie non plus. Son plus gros point fort résidait dans la connaissance qu'il avait des capacités de ses coéquipiers, des encouragements qu'il leur prodiguait et des analyses qu'il faisait de ses adversaires.

Et sur ces trois points là, le capitaine de Seijo le devançait de très loin. Il avait une telle prestance et dégageait une telle confiance, Koushi ne pouvait que reconnaitre qu'il était excellent. Et c'était sans parler de ses services smatchés, Kei en avait fait les fraits. Ils étaient d'une puissance et d'une précision monstrueuse, ceux de Tobio faisaient un peu pâle figure à côté. Tout comme le numéro 2 faisait presque pitié à côté de son homologue du même âge. Sa seule satisfaction était peut-être que son sourire était plus sincère que celui du châtain, qui se faisait d'ailleurs souvent taper dessus. Mais forcé de reconnaître que c'était vraiment histoire d'avoir au moins quelque chose pour lui.

Est-ce que les choses auraient été différentes si leur champion était là ? Peut-être qu'il aurait pu rentrer sur le terrain, mettre à profit leurs trois années d'entrainements en commun. La connaissance et la confiance qu'ils avaient l'un en l'autre, s'ajoutant à celle de Daichi. Mais l'ailier manquait à l'appel et lui resterait surement encore un bon moment sur le banc des remplaçants.

Mais ce n'était pas son genre de ressasser en boucle des pensées aussi peu productives. Sans être un exemple de positivité, il faisait en sorte de tendre vers cette philosophie. Même s'il n'avait pas été titulaire, il avait pu observer ses coéquipiers comme leurs adversaires, cela serait utile pour les prochains matchs. Voir aussi des passes si bien exécutées l'encourageait aussi à poursuivre ses efforts, elles étaient la preuve que rien n'était impossible et Tooru n'était pas un pseudo-génie comme était vu Tobio. Il était la preuve que l'entrainement payait et ce à tout âge, il avait suffisamment observé son cadet s'entrainer pour lui enlever cette étiquette. Ce qu'il avait vu lors de cette rencontre était à la fois un objectif et une référence.

Il tiqua légèrement sur son dernier mot. Au moment où il s'était formé dans sa tête, quelque chose s'était allumé ailleurs, plus profond dans sa mémoire. Il l'avait lu ou entendu il y a peu de temps, c'était certain mais le contexte refusait de lui revenir. Était-ce dans le cadre d'un cours ? Probablement, il ne voyait pas d'autre option. Il ne se souvenait pas avoir de modèle dans quoi que ce soit de particulier pour appeler ça une « référence ». Mais là encore le mot « modèle » frappa ses pensées et ces dernières ne daignaient pas lui apporter plus d'informations qu'une impression tenace de déjà-vu. Il allait mettre ça sur le coup de la fatigue, enchainer une journée de cours et autant d'émotions avait de quoi user les nerfs. Bientôt il pourrait se reposer, ce n'était qu'une question de minutes. Il avait laissé ses camarades depuis déjà un bon moment et s'était perdu dans toute ces pensées qu'il avait rejoint sa maison. Demain serait un autre jour, il en était certain.

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Hatori rongeait son crayon, à défaut de son frein. Rien, absolument rien ne semblait voir passer par sa conscience, même en coup de vent. Elle avait beau creuser, tout lui semblait flou, imprécis et parfaitement vide d'impression. Sa feuille la narguait, blanche comme un cachet d'aspirine que la lycéenne rêverait d'avoir.

Elle n'était pas retournée derrière le gymnase, là où elle avait vu ce terminal qui lui avait apporté la réponse à ses heures de travail infructueuses en un instant. La crainte de le revoir et de subir un nouveau moment de honte était une raison mais elle préférait surtout se dire qu'elle n'avait juste pas eu le temps. Ce n'était pas comme s'il allait l'attendre là-bas non plus. Elle était sûre à quatre-vingt-dix-neuf pourcents qu'il avait déjà totalement oublié ce moment, c'était son quotidien. Les professeurs oubliaient de lui passer les cours, ses camarades ne percutaient même pas sa présence lors des activités de sports collectifs, le surveillant d'entrée lui demandait toujours si elle ne s'était pas trompée de lycée car il ne se rappelait jamais l'avoir vu. Comme si le monde entier lui hurlait que sa voix ne resterait jamais en mémoire, sa présence ne serait que passagère.

Certains pencheraient pour une malédiction, elle avait trouvé la raison depuis longtemps. Unique fille de sa fratrie, elle était l'enfant couvée, protégé, entourée de ses lions de frères qui grognaient contre toute présence qu'ils ne pouvaient pas sentir. Et quand elle initiait des gestes dans leurs dos, ça n'allait jamais bien loin, l'un rappliquait presque automatiquement, ôtant toute envie aux personnes avec qui elle tentait une approche de retenter le coup, si bien qu'elle avait l'impression de ne plus exister dans leur esprit. Depuis elle avait tout bonnement cessé de faire des efforts, elle s'était habituée à rester seule, à ternir sa présence. Ce n'était pas toujours agréable de voir les autres rires, discuter, organiser des sorties entre amis alors qu'ils ignoraient superbement son existence, inconsciemment probablement. Mais entre cela et tenter quelque chose qui ne laisserait même pas un souvenir, elle se passait de la déception supplémentaire. Voilà le point principal du « pourquoi elle n'y était pas retournée » : risquer de le revoir et qu'il semble la redécouvrir à nouveau. Même sans connaître tout les élèves de l'établissement, le cerveau humain était parfaitement capable de savoir s'il avait déjà vu quelqu'un ou non, elle s'était renseignée.

Mais à cet instant, elle hésitait fortement. Même beaucoup trop à son goût. Elle voulait ressentir encore les sensations de la dernière fois, elle en avait besoin. Sans ça elle ne serait jamais satisfaite de ce qu'elle offrirait. Le temps allait sérieusement lui manquer si elle ne finissait pas ses croquis sous deux semaines. Elle expira longuement et se leva dans un raclement de chaise sonore, sans pour autant attirer le moindre regard. Rester ici ne servait à rien autrement qu'user son crayon par le mauvais bout alors autant qu'elle y aille. Et quand bien même l'atmosphère s'était envolée, ça lui changerait d'air.

Prenant ses affaires sous le bras, elle avisa l'horloge au-dessus du tableau : 12h56. Elle avait mangé vite et il lui restait plus d'une demi-heure avant la reprise, cela serait suffisant. D'un pas souple, elle esquiva les autres bureaux ainsi qu'un chiffon lancé en direction de quelqu'un et quitta sa classe. Elle parcouru rapidement les couloirs bondés et bruyants et apprécia sentir le vent sur son visage en sortant du bâtiment. Le gymnase du volley masculin se dressait devant elle, clair et calme. Il n'y avait pas entrainements le midi de toute façon, peu de chance qu'elle entende des crissement des chaussures. Légèrement rassurée par la tranquillité du lieu, elle rejoint la façade où elle avait en vain tenter d'imiter ce qu'elle avait vu des passeurs, y dénichant un coin d'herbe pour s'asseoir. En repensant à sa piètre performance, elle étouffa un rire. Heureusement que ce garçon lui avait montré le mouvement correct, elle ne s'en serait pas sortie et sa situation actuelle serait encore pire.

- Quel était son nom déjà ? pensa-t-elle tout haut. Suka... Suga... Sugawara ? Ah oui, Sugawara Koushi.

- Oui ? répondit une voix à sa gauche.

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