Chapitre 101

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- C’est bon ? Tu lui as enfin dit ?

- Non.

- Mais alors vous n’êtes pas…

- Si.


Daichi ne tarda pas à soupirer profondément, entre soulagement et dépit. Il y avait de trop nombreuses fois où il ne comprenait pas son ami. Et elles étaient de plus en plus fréquentes.


- Donc si je comprends bien, reprit-il en se pinçant l’arête du nez, Sei et toi êtes ensemble mais ni l’un ni l’autre n’a dit qu’il l’aimait. Tu m’expliques ta logique Suga ?


Le concerné affichait un sourire bien trop innocent pour qu’il soit vrai et le capitaine se retenait de soupirer encore. C’était l’une des raisons pour lesquelles il ne se penchait jamais très sérieusement sur les questions de cœur : leur logique lui échappait pleinement.
Il avait vu le gris passer par toutes les étapes entre la douceur et la naïveté des débuts, la tendresse de son éclosion ponctuée des phases complexes d’un abattement, ses remises en question et ses troubles. De trop nombreuses fois il lui avait dit qu’il ne devrait pas trainer, tourner autour de la chose, souvent sur un ton un peu moqueur. Et trop de fois Koushi avait délayé le sujet, répondu sciemment à côté avec des plaisanteries ou donné trop peu d’informations pour qu’il puisse se faire un déroulé complet. Mais depuis le temps qu’ils se connaissaient, il avait appris à le déchiffrer un peu. Alors même lorsque le passeur disait que tout allait bien, il avait relevé de légères dissonances entre son regard et ses mots. Et s’il couplait à ce que Asahi lui avait relaté de leur sortie interrompue alors oui, il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond.


- Bien… si toi tu ne veux rien me dire, je suis certain que je pourrais apprendre des choses avec ta mère. Ou même lui en apprendre, elle en sera ravie, provoqua-t-il rieur.

- Tu n’oserais pas, une partie imperceptible du sourire du numéro deux étant devenu suspicieux.

- Tu crois ça ?


C’était à son tour d’afficher un large sourire espiègle, un brin sadique. Il y avait beaucoup de bluff dans ses dires mais maintenant que l’idée était formée, peut-être irait-il rendre visite à Ueki Katsura un de ces jours.


- Ok ok, c’est bon. T’as gagné. Franchement… c’est vicieux de me faire du chantage comme ça Daichi.

- Parce que venant de toi non ?

- C’est pas pareil, j’ai des intérêts à défendre.

- Bah tiens, pouffa-t-il en levant les yeux au ciel. Et est-ce que cet intérêt mesure moins d’un mètre soixante, est deux ans plus jeune, a des cheveux bruns longs et ébouriffés et te regarde en ce moment ?


L’effet dut immédiat, Koushi se retournant quasiment dans la seconde pour observer le point imaginaire qu’il lui avait désigné avec ses derniers mots. Une pure invention, il avait vu la première année partir avec leur jeune manageuse remplir les gourdes quelques instants plus tôt.


- Toi je te retiens, marmonna le gris en pivotant de nouveau.

- Pour toutes les fois où tu niais la regarder.

- Alors déjà, je ne niais pas tout, il y avait des fois où je ne la regardais vraiment pas et en plus…

- Et en plus tu vas tout me raconter bien gentiment.

- Il y a des fois où je me demande si tu n’es pas un père refoulé toi, grommela le passeur.


Son sourire s’agrandit un peu plus : il avait gagné.


- Je t’écoute.


Un long soupir et une inspiration plus tard, le vice-capitaine résuma rapidement ce que le brun connaissait déjà.
Leur rencontre, leurs entrevues et quelques scènes. Il ajouta à cela des morceaux des discussions qu’il avait eût avec la jeune fille, notamment une lors d’un week-end à Tokyo ou encore la nuit où elle avait dormi chez lui puisqu’elle était enfermée à l’extérieur de chez elle. Arrivèrent ensuite les évènements de la finale et ce que son ami considérait comme « la bourde de sa vie », avec ses doutes, les appels sans réponses, le repas chez les Seikuu où il avait cru mourir autant sous les questions que les regards perçants des garçons. Lui et Hatori n’avaient pas abordé leur relation, restant sur la résolution des quiproquos évidents et craignant qu’un mot malheureux se perde dans des oreilles indiscrètes. Ils n’avaient donc plus eu le temps ni l’intimité de réaborder le sujet et était finalement venu ledit samedi.
Daichi entendit donc pour la seconde fois que le capitaine et l’ace de Seijo se trouvaient avec les filles mais que la dessinatrice s’entendait on ne pouvait mieux avec le châtain. Lui non plus ne s’en serait pas douté mais devant l’air un peu troublé du gris, il ne partagea pas son opinion. Arriva la séparation des petits groupes et les pensées rageuses, accusatrices et douloureuses de son ami.
Il savait qu’il pouvait parfois facilement se sentir coupable et se laisser entrainer par ces sombres idées, mais il fut surpris de la violence des mots que Koushi employa à son propre égard. Tout comme il eût envie de le réprimander pour avoir laissé ses hypothèses infondées prendre le dessus. Pour quelqu’un qui faisait passer la communication en priorité au sein de l’équipe, il appliquait bien mal ses propres remarques. Il ne put refréner un soupçon d’empathie lorsque vient la description des échanges désespérés et de l’étreinte prolongée des concernées.
Ils avaient tellement gardé pour eux pour ne pas peiner ou inquiéter l’autre que ça c’était retourné contre eux et leurs omissions avaient décuplés leurs à priori. Les pleurs séchés, le passeur avait raccompagné la plus jeune chez elle, finissant de se promettre qu’ils feraient attentions, parleraient avant tout, iraient à leur rythme. Et il ajouta un peu embarrassé qu’il avait eu bien du mal à lui lâcher la main devant son portail, tout comme il aurait voulu ne jamais avoir à séparer ses lèvres de sa peau.


- Tu l’as embrassé !

- Sur le front, seulement sur le front, protesta l’intéressé. On en a parlé et on ne se sent pas prêts.


« Si au moins vous en avez parlé, vous éviterez peut-être de vous prendre la tête là-dessus.» songea-t-il.


Mais il nota aussi de venir plus tard charrier son ami là-dessus.


- Ok mais la logique dans tout ça ? Vous sortez ensemble, vous vous tenez la main et tu l’embrasses sur le front mais t’es pas fichu de lui dire que tu l’aimes. Je veux bien ne rien connaitre de ces choses-là mais quand même, il n’y pas comme une chronologie particulièrement bizarre chez vous ?

- Surement oui, reconnu-t-il. Mais on s’en fiche tant qu’on est bien. On est encore dans l’idée de se découvrir et se connaitre encore. Il y a bien des gestes et possiblement d’autres petits changements mais ça n’ira pas beaucoup plus loin. On sait chacun ce que ressent l’autre depuis longtemps et c’est trop peu de le résumer en trois mots puisque justement ce sont eux qui nous font défaut. Alors c’est carrément étrange et on le sait mais tant que on ne se sent pas parfaitement en accord dans nos mots, on ne les dira pas. C’est symbolique.

- Toi alors…soupira Daichi. L’art et la manière de te compliquer la vie. Je t’en prie, ne devient jamais conseiller matrimonial.


Il arracha un rire à son ami et le rejoint rapidement. Une fois de plus il ne comprenait pas Koushi mais il pouvait voir son expression radieuse, plus sereine d’avoir partagé les derniers évènements avec quelqu’un. Ce n’était pas gagné pour que la suite ne soit que tranquillité mais si au moins il avait trouvé quelqu’un avec qui s’épanouir, alors il ne s’en ferait pas trop.


En bien qu’il ne pouvait plus le charrier comme avant, il n’avait pas mit longtemps à trouver un autre sujet lors du retour des jeunes première année quand la brune les interpela en arrivant avec ses bouteilles.


- Koushi ! Un certain Taedai demande si tu as rendu ton cahier.


Elle, passa son chemin.
Pour lui, se fut une lueur amusée qui passa dans ses yeux.


- D’autres « petits changements », n’est-ce pas, susurra le capitaine dans l’oreille de son voisin.

- La ferme, grogna le concerné pour toute réponse.


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Salut à tous petits aventuriers !!

Après le pas agréable... eh bah c'est toujours pas agréable pour Koushi. Mais nettement plus fun pour nous :')
Merci Daichi de veiller sur eux, on était pas sortis de l'auberge avant. Et c'est réconfortant de les voir aussi mims tout les deux je trouve. Pas vous? Quel genre de scène vous fait fondre?

On se revoit dans quelques jours pour la suite!

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