Déploiement |Haikyuu FF|

Chapitre 40

Si on lui demandait ce qui lui passait actuellement par la tête, Koushi n'aurait pu sortir qu'un étrange gargouillis de sons, aussi compréhensible que ceux des bébés. La précipitation n'était pas vraiment l'une de ses tasses de thé et se laisser guider par ses émotions lui était assez peu bénéfique.

Seulement, le temps lui manquait. Hatori avait déballé une quantité impressionnante d'informations, allant de sa situation familiale à ses années collèges et son point de vue sur elle-même. Beaucoup de ses mots remettaient aussi en cause la perception qu'il avait de cette adolescente aux cheveux toujours ébouriffés. Tantôt incertaine et timide, tantôt survoltée et avide de découvertes, il n'aurait pas imaginé qu'elle se connaissait si mal. En l'espace de quelques minutes, il avait vu passer l'angoisse, la peur, la déception, le regret et une profonde gratitude dans ses yeux cernés, parfois dirigé vers elle ou vers lui concernant le dernier point.

Et au moins fut-il rassuré de voir qu'il n'avait pas été le seul perdu dans ses pensées ces derniers jours. Il lui semblait bien qu'elle avait ruminé ça depuis un bout de temps, peut-être même des mois puisqu'elle avait évoqué une douce prise de conscience et l'évolution de sa situation au sein de sa fratrie. Pour ce qui était de leur situation à eux, il se devait de lui donner une réponse mais clarifier certains éléments était encore nécessaire.

Et c'était d'ailleurs pour cela qu'il lui avait attrapé le bras, instinctivement. Autant pour être sûr de lui, faire part de son opinion et interprétation, que de s'ancrer dans la réalité.

- Peux-tu me donner un instant ? murmura-t-il. Juste pour faire le tri dans ce que je vais dire.

- Ou-oui, accepta-t-elle à fleur de peau, vibrante de son stress.

Il la sentait tendue sous ses doigts, aussi, desserra-t-il légèrement sa prise en descendant sa main pour la laisser reposer contre son poignet, entourant ce dernier facilement tant la différence de taille était importante. Elle ne s'y opposa pas mais il ne la senti pas se détendre totalement non plus. Quoi de plus normal pour un contact si franc, après avoir angoissé aussi longtemps à propos de ce qu'elle avait dit. Au moins la rassurerait-il sur sa dernière et implicite idée : il appréciait bien trop les moments en sa compagnie pour tout stopper sous prétexte qu'elle avait usé sa patience.

Il ne s'estimait pas comme un exemple de tolérance et de calme mais avait entendu de nombreuses personnes louer les trésors de persévérance et compréhension pour certaines causes qui semblaient perdues, comme par exemple faire braver sa timidité à Asahi et faire travailler plus d'une heure Yuu et Ryunosuke. Alors sur ce point-là, il lui serait facile de lui affirmer qu'il s'était engagé en connaissance de cause, il aurait surement pu attendre encore un peu si les récents évènements n'étaient pas venus chambouler leur quotidien. Mais au moins prenait-il à présent pleinement l'importance du capitaine de Nekoma aux yeux de la première année.

Il était celui qu'elle avait eu pour seul ami pendant longtemps et s'il ne s'intéressait pas à elle comme être unique, ils ne sortiraient pas ensemble. Croisé aux information de Tadachi, il comprenait aussi la volonté qu'elle avait déployé pour garder ce qu'elle avait si durement construit et acquis : un lien avec quelqu'un, créé par elle et pour elle. Il ne savait pas trop comment était sa famille, tout était encore brouillon dans son esprit, mais s'ils s'immisçaient au point qu'elle se perdait en leur présence, il voyait sans mal qu'il y avait un problème. Et même si sa fierté en avait pris un coup, il était touché de la considération qu'elle lui apportait. Dans un sens c'était aussi son moyen de ne pas leur donner du contrôle sur elle, ce qu'elle cherchait justement à fuir cette année.

Ainsi donc la partie « relation cachée » s'éclaircissait. Il se doutait bien que son propre entourage allait lui en vouloir au premier abord d'avoir menti pendant des mois mais une fois la situation clarifiée et les explications données, il était quasiment certain qu'ils seraient aussi compréhensifs que lui envers elle. Il s'y emploierait, il assumerait, il y avait aussi de ses choix. Même sans les fréquenter assidûment, une grande partie de l'équipe la trouvait sympathique, il n'y aurait pas de problème à ce niveau-là. Sa propre famille se contentait de le savoir épanoui, pour le reste elle lui faisait confiance.