Chapitre 116

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- Il y a quelques mois, lors du camps, je croyais que ça faisait longtemps que je n’avais pas vu Tetsu. En fait, je ne l’avais toujours pas revu depuis aujourd’hui.


Aux regards perplexes et interrogatifs de Alisa et Akane, elle n’y porta aucune attention, happée et plongée dans sa redécouverte.

Entre attaque et défense, air et sol, acharnement et stratégie, les ballons s’étaient enchainés, et avec eux les points, amenant progressivement le score du 2nd set sur une égalité à dix-neuf partout sur un smatch du capitaine des félins. Menant jusque-là, les corbeaux avaient pourtant eu bien du mal à garder cette précieuse avance. Menés par les réflexions de Kenma, ils avaient parfaitement réussi à bloquer la prise d’élan de Shouyou par diverses moyens, la frustration s’était lue sur sont visage.


Une vague impression la parcourait depuis le début de ce match au sujet de son ami d’enfance, mais elle ne pouvait y apposer des mots que maintenant. Il lui avait bien expliqué le sens qu’il voulait donner à cet affrontement entre eux, vieux rêve d’anciens joueurs maintenant coachs, mais sous ses yeux, c’était aussi autre chose qui se réalisait.
Elle savait que le terminal aimait le volley, il venait suffisamment la chercher étant petits pour jouer avec lui. Mais ce qu’elle avait prit pour un amour de l’effort et du sport était certainement plus complexe. Lors du stage de l’été dernier, il s’était moqué de Koutaro qui souriait toujours à pleines dents en attaquant. Mais lui aussi se mettait à en faire de même. Un sourire quelque peu plus fourbe, mais non moins dénué de plaisir. De là où elle était, elle ne pouvait pas se tromper.

Parfois puéril, arrogant et vicieux, la perche qui lui servait d’ami d’enfance avait grandi. Dévoué, obstiné et attentif, dans ce match, il s’éclatait autant qu’il en bavait. Et si elle avait craint un temps de perdre ce campagnard de voisin de vacances pour un jeune citadin, il y restait toujours le même au fond. Pleinement plongé dans son jeu, elle revoyait l’enfant de ses souvenirs, le caractère le plus brut de ses émotions. Dans ce match de la dernière fois, c’était les même sentiments qu’il exprimait que ceux des journées passées ensembles. Celles qui pouvaient être sans lendemain, parenthèse de vies entre deux champs. Il était incompréhensible pour elle de ne pas avoir percuté avant.

Tetsuro avait cette toujours ce goût du risque et de la passion, cette soif de rencontres et d’égalité. Prêt à enseigner à son adversaire dans l’idée d’un jour se mesurer à lui ou de tirer par la main pendant des années la même personne pour qu’elle en vienne à avancer vers une autre. Elle était admirative de le voir aussi fidèle à lui-même.


- Levochka disait parfois que son capitaine avait des remarques qu’il ne comprenait pas, énonça finalement la platine. Je crois que tu es un peu pareil Hatori-chan.


Détournant finalement le regard du cours orange, la brune resta muette quelques secondes avant de laisser échapper un petit rire.


- Oui, probablement.


Et si la barre des vingt points fut franchie en premier par Nekoma, ce fut Karasuno qui reprit l’avantage cinq services plus tard, amenant le score à vingt-trois à vingt-deux pour eux. à grand coups d’open, les essais du duo infernal avaient fini par payer, permettant au numéro dix de déployer de nouveau les ailes dont l’avaient privé leurs adversaires.
Qui ripostèrent de plus belle en faisant rentrer Sou, suivit quelques minutes après par Teshiro.


- C’est votre second passeur, c’est ça ?

- Oui, c’est sa première entrée dans un match officiel, répondit Akane.

- Alors pourquoi il ne remplace pas Kozume ?

- Parce que comme pour Karasuno tout à l’heure avec votre terminal, un passeur ne se résume pas qu’à la deuxième touche. Il est un joueur qui peut aussi servir.


La malice perceptible dans son sourire trouva sa réponse après ledit service effectué, haut et en cloche, à en frôler les néons. Et s’il ne permit pas aux rouges de remporter le point, il fut l’occasion de mettre en action au moins un peu ce petit joueur dont le nom serait aussitôt oublié.

Le second set prit fin l’échange suivant, sur un mélange entre la chance et l’instinct, lorsque le ballon retomba directement dans le terrain des chats après une réception violente du petit roux qui ne cessait d’étonner.


- Ne me regardez pas comme ça, se défendit la dessinatrice lorsque ses voisines se tournèrent vers elle avec leurs yeux ahuris. Moi non plus je ne sais pas d’où il vient Hinata.


C’était presque la question qu’avait posé Tetsuro à Kei un peu plus bas, mais le ton était stupéfait et la remarque l’avait suffisamment amusé pour qu’elle la reprenne en réponse. Ce qui ne provoqua chez la plus jeune, qu’un grommellement incompréhensible qu’elle émit en se cachant les yeux.


- Akane ! La partie n’est pas encore perdue ! l’encouragea la russo-nippone.

- Je sais, je sais, mais j’ai peur ! Je sais que c’est absurde ce que je raconte… mais j’en ai gros sur le cœur. Ils ont marqué ce point sur une réception…


« Ça ne sera surement pas le dernier » pensa Hatori, mais elle préféra abstenir sa remarque et profita du temps de changement de côté pour faire un rapide passage aux toilettes.

Elle espérait aussi que se passer de l’eau sur le visage lui permette de se décider. Le prochain set était le dernier, le côté qu’elle choisirait pourrait aussi bien être celui de la victoire que de la défaite, des encouragements pour les uns et non plus aussi directs pour les autres.


Le troisième set avait déjà commencé à son retour, reprenant les mêmes échanges coude à coude que le précédent. Un esprit similaire et pourtant différent, les joueurs semblèrent par moment oublier le public, échangeant sans aucune gêne piques et compliments, comme si tout cela n’était qu’un jeu.


« Et en même temps, s’ils s’amusent, c’est que c’est un jeu aussi. »


Un jeu où les uns apprenaient des autres, où les plus fermés se mettaient à rire, où les plus nonchalants finissaient à terre à l’autre bout de la zone. Affrontement de rivaux et amis, ces adversaires qui avaient été coéquipiers de quelques soirs. Où entre deux moues crispées et deux froncements concentrés, se dessinaient les plus grands sourires.


« Ce n’est plus un tournois, ce n’est plus les nationaux. C’est un match. Leur match. »


D’un battement de cils, Hatori cru revoir l’un des nombreux auxquels elle avait pu assister lors du camp d’aout. La lumière des spots avait été remplacée par la chaleur de l’été, les cris des spectateurs s’étaient transformés en bruissement des criquets. Et les gouttes de sueur dévalaient encore leurs nuques trempées.

A la petite différence que Kenma avait crié, que les réceptions des uns et des autres étaient in-extremis, et que le ballon qui toucha le sol, fut le dernier.


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Bonjour bonsoir petits aventuriers !!

Je vous rassure, moi non plus je ne voulais pas que ce match finisse. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin et cette fin de match est aussi la fin du chapitre. Je vais défendre mon sadisme en disant que cela vous permet d'expérimenter la même frustration que les joueurs :')
Et je pense que je n'étais pas la seule personne qui dans ce match revoyait aussi tout ceux du camp d'été, qui est un arc très apprécié ^^

J'espère vous avoir emmené un peu avec moi pour cela et que je pourrais vous emmener aussi avec le prochain chapitre la semaine prochaine ^^

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