Chapitre 31A:Ne jamais faire confiance.

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Mon père voulait toujours plus que les autres pour la Révolte.Il exigeait réellement que d'autres polonais soient incorporés dans l'armée révolutionnaire du ghetto,celle qui comptait surtout les juifs de Varsovie.

Mais eux ne pouvaient s'y résoudre.Non pas que leur but était de nous démolir,sinon je pense que ça serait déjà fait.Lutter à leurs côtés semblaient des deux points de vue contre nature.Et après,je parie qu'ils viendront nous supplier de ne pas partir à l'étranger,aux Etats-Unis ou en Palestine,pour rester avec eux libérer leur pays.Aucun intérêt pour nous,puisque de toute façon,juste après ils nous demanderont gentiment de partir vers l'Ouest.Du moins,c'est l'analyse des moins pessimistes ici,donc c'est aussi la mienne.

Mes yeux caressaient lentement le bois brun aux nuances rouges des meubles de l'appartement de Soshele,qui s'étaient écrasés sur le trottoir pendant notre absence.L'absence de nous tous ici présents.La seule.Ou du moins la dernière fois remontait à longtemps,bien longtemps.Cela faisait une éternité que je ne m'étais pas accordée le luxe de trouver une cave grillagée où je pourrais jouer avec ma petite soeur de huit ans.

J'entendis des pas feutrés d'abord,des froissements de vêtements ensuite,et des murmures imperceptibles.Mon corps s'était alors crispé dans toute sa longueur,mais peu à peu je me rendis compte que ces voix,sans que je comprenne ce qu'elles disaient exactement,ne m'étaient pas inconnues,et elles n'étaient surtout pas allemandes.

Je me terrai pourtant un peu plus,ma petite soeur serrée contre mes os,dans un carton sale.Je cessai subitement de respirer.Si j'étais découverte,je ne savais pas si je serais tout de suite exécutée ou si je partirais avec ma petite soeur à Treblinka.Je ne savais pas comment j'allais mourir.Les yeux plissés,j'ai fini par me détendre quand je me suis rendue compte que c'était une Luna en pleurs qui était là.Inspirant profondément,je secouai son épaule,et lui parlai,lui demandant ce qui se passait.

Dans l'espoir d'obtenir de l'aide,elle était alllée voir son amie d'enfance.

-Je la croyais morte.

-Si j'avais l'âme poétique,cela serait presque vrai.

En moins de dix minutes elle balaya tous mes espoirs.Elle était revenue au soleil pour me raconter que son amie,une polonaise comme ils le disent si gratuitement,a refusé de l'aider.Son amie,chez qui elle n'avait jamais vu le moindre gramme d'antisémitisme.Ils étaient passés du côté obscur.Dénonçant les juifs pour améliorer l'ordinaire.

-Au final,c'est pas si loin de ce qu'on attend de nos parents.

Je voyais tellement de pureté dans ses yeux clairs.On aurait pu être amies,si j'avais fait un effort pour me rapprocher d'elle.Elle,elle est restée au ghetto.Elle,elle a combattu et pas moi.Je garde d'elle le souvenir de l'ange blond du ghetto,qui quand elle chantait se transformait en une onde pure et fine.

Tout en remontant la rue,têtes baissées,des rues qui se vidaient de ses occupants,on se tamponnait les joues.Je restais debout,je restais fière,et à chaque fois que je croisais une connaissance que j'arrivais encore à reconnaître,je m'inclinai face à elle comme c'en était la coutume.

Je suis remontée dans notre appartement,pratiquement vide,cette fois,et je m'accorderais le luxe de faire cette annonce à mon auditoire,quand les jeunes de la rébellion seront présents.Mais avant,il faudra que je parle à mes parents.Il fallait que je leur parle de Jablonski.J'en avais besoin pour survivre tout simplement.

Mettre le plus de distance entre nous et le ghetto était d'une importance vitale.Pourtant je n'oublierai jamais que c'est lui qui m'a donné l'amour.Il nous a donné l'amour et il nous a donné la mort.

Mon index pesa sur la sonette qui fonctionnait encore,miracle,et instantanément,la propriétaire des lieux m'ouvrit la porte métallique,dont même le grincement acide aux oreilles me sembla mélodieux.J'évitai encore une fois de regarder mon reflet dans les miroirs brisés.Il était affreux.Je me suis tapie dans un coin de la pièce épurée,comme un oiseau qui se cacherait pour mourir.Il fallait que je réflechisse à comment annoncer à mes parents l'existance de Jablonski.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant