Chapitre 14B:Papa.

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L'électricité qui avait rempli le wagon il y a quelques moments était maintenant dissoute.On avait commencé à rouler,et l'air ne rentrait pas.

Depuis quelques temps,on entendait une femme pleurer.Je ne dis pas qu'elle était insupportable ou quoi,mais cela me mettait vraiment mal à l'aise.

-Elle commence à me taper sur les nerfs...me souffla Lavra.Pourquoi est-ce qu'elle pleure comme ça?Je commence à en avoir marre.

-Lavra!Fais attention à ce que tu dis!Tu ne sais pas ce qui s'est passé!

-Lavra n'est pas proche d'être aimable,dis-je pendant qu'un regard noir se pose sur moi.Que lui est-il arrivé?

Lavra arrête de se préparer pour donner un petit baiser d'excuse à sa mère pendant que celle ci explique:

-Elle et ses trois enfants se sont cachés dans un placard quand ils sont arrivés et elle avait un bébé.L'enfant s'est mis à pleurer et elle a appuyé sa main sur son visage en essayant de le faire taire,et...Ah là là,dans quel monde vit-on!

Lavra mourut de honte,et après sa mort elle se passa la main dans les cheveux pour en ôter les impuretés.C'est là qu' Ama,allongée en tenant son gros ventre dans les bras,se manifesta:

-Vous voulez dire qu'il y a une femme possédant encore du lait en elle...Dans ce wagon?

Et avant notre réponse,elle se rua vers la pauvre femme pleurant dans les bras de ses deux enfants,et lui expliqua sa situation,en paniquant:

-Madame,je vous en supplie,je suis enceinte de sept mois et je risque d'accoucher bientôt..Madame s'il te plaît,si je ne survis pas,je vous en supplie...

La pauvre femme était totalement sonnée,elle ne put que vaguement promettre entre deux hoquetements.C'est là qu'Ama nous appela tous,comme un chef de cour d'école pousserait un sifflement stridant pour appeler la bande.Moi et Lavra ne nous déplaçons pas,nous ne voyons pas ce qui pourrait en valoir le coup.J'espère qu'en tout cas,c'est une bonne nouvelle.

C'en était une.Ama avait découvert que notre mère "elle s'appelait Madame Grimas,sérieusement ça ne s'invente pas!"dissimulait une bouche d'aération,ce qui dans un cercueil roulant où il faisait 80 degrés était une véritable bénédiction.ET pourtant,elle refuse de nous laisser place.

-Comme si on était pas suffisemment dans la merde jusqu'au cou...fit ma grande psychologue diplomate de grande soeur.

Moi,j'étais ennuyée de tous ces sentiments de douleurs,nous n'étions que le 15 juin au soir j'étais déjà gavée de souffrance.

-Est-ce qu'il y a de l'eau?j'ai demandé.

-Au moins on a de l'air,me dit ma maman toujours optimiste,noyant totalement ma question.

-Qu'est ce que ça change pour moi?

-Les filles,demanda Gaëll,vous avez besoin d'aller au toilettes?

C'est là que ma soeur a craqué et nous a incendié littéralement.

-Non,s'il vous plaît,ne me dîtes pas que vous voulez que je fasse ça devant tout le monde!Non mais vous vous rendez compte!Vous vous plaignez d'être déshumanisé,vous ne faites rien contre!

-Tu le penses vraiment?Non,ce que je veux dire,c'est que quand tu auras ton infection,tu seras très heureuse,a fait ma maman.

-Moi je suis d'accord avec elle...Oh,s'il te plaît,maman,sort la gourde!

Avant de le passer la gourde,elle s'amusa à faire semblant de me pousser dehors.Franchement,boire quand on est assoiffé est l'une des meilleures choses du monde.C'est si beau de sentir ce flot frais et humide sur ma langue brûlée.Malheureusement,la gourde fut bientôt vide.

Le lendemain,Lasse me réveilla,et Lavra aussi.

-Lasse,qu'est ce qui t'arrives?

-Rejoins moi,dehors.Je crois que je peux t'emmener voir ton père.

Ce dernier mot eut un effet magique sur moi.J'ai bondi sur mes jambes,et j'ai regardé ma mère.Elle dormait paisiblement,comme une louve,serrant le précieux baluchon mystérieux contre elle.

-Comment tu le sais,j'ai demandé le plus sévèrement possible,sûrement parce que je trouvais ça mignon.

-Ecoute,on s'est arrêté à la gare et une longue file de wagon s'est arrêté juste devant nous.Je vais vous emmener.Prends ton manteau chérie on s'en va.

Il prend une grande inspiration,retire son chapeau de paille qu'il a mis aujourd'hui et nous demande de sauter au bas du wagon le plus vite possible.

Je le regarde alors que ses longs doigts fins passent dans ses cheveux et il me regarde directement dans les yeux.

-Vas y on y va.

Là,franchement mon coeur s'est arrêté.Je me suis jetée sous le wagon et il m'a serré dans ses bras.Lavra s'est enroulée autour de ses pieds et Gaëll autour des miens avant que je n'ai le temps de dire va-t-en,va-t-en car en commençant à me déplacer,je m'en suis rendue compte.Bon,je m'arrête car j'ai du mal à comprendre comment j'ai pu oublier de le dire:

Nous volions au-dessus du sol.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora