Chapitre 45B:Tempêtes de neige.

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Je me suis levée au milieu de la courte "nuit",horaires de sieste plutôt,et je suis sortie de la petite maison,essayant de ne pas réveiller mes "camarades"qui y dormaient paisiblement.

Lavra était déjà réveillée.Je la trouvais sur le sol graveleux de givre,étalée le long d'une bâche froide,et alors que j'allais me précipiter,inquiète,à son chevet,elle me sourit.

-Tu l'as revu?ai-je demandé.

-Il vaut mieux que les autres ne soient pas au courant...

-Ne t'en fais pas...Une histoire d'amour entre une lettone et un soldat russe ils ne pourront pas comprendre.

C'est également ce pourquoi la Lettonie est si peu présente dans mon récit,alors qu'elle est si profondément chevillée à moi.Il y aurait maintes arguments à donner:qu'elle y est d'autant plus présente et donc peu mentionnée.Que les passés et les enfances de nous tous,personnages principaux,tous autant que nous sommes,se sont passées en Lettonie.Que c'est une région trop intime de toutes les victimes de ce drame humain,et que la beauté et l'amour vrai que je porte à ce pays sont tels que mes mots me semblent fluets et fonctionnels.

La nuit du 26 Septembre 1942,ma mère eut 42 ans,et avec elle vint la première tempête de neige.Du fond de mon inimaginable manque de courage,je n'envoyais pas plus heureux destin que de rester assise avec Lavra sur le perron de la hutte à regarder les saisons défiler.Mais nous n'avions pas pu sortir pendant deux jours.Le vent s'infiltrait entre les planches,jusqu'entre les os des jointures.J'avais une envie viscérale de thé ou de café,ou de me sauter d'un toit pour arrêter d'avoir aussi froid.Nous pelotonner les uns contre les autres était une activité qui comblait notre besoin plus que faible de nous faire une place dans la société.Mais les gens se mirent rapidement à se traiter mutuellement d'égoïstes.Cette sublime union aurait pu durer longtemps jusqu'à ce que notre lituanien chéri fasse ce qu'il convient d'appeler une gaffe.Etait-il bouleversé et anéanti lui aussi?

Je me serrais contre les autres malgré que mes cheveux me grattent.J'étais si fatiguée qu'en me levant je me suis cognée contre la porte,mon livre m'ayant échappé des mains,et il est tombé,ouvert et retourné,sur le sol boueux.L'eau froide pénétrait la hutte.Nous avons creusé à tour de rôle un sentier devant la porte,pour nous frayer un chemin jusqu'à la boulangerie.Je me suis précipitée pour le ramasser.Je ramassais de la neige un peu sale qui en fondant restait potable.Nikolaï m'aperçut,me lança un regard sombre,et sourit à ma soeur d'un air mauvais.Avait-il compris ces avances incongrues?J'en doutais fort.

Une fois la tempête finie,nous avions dû quitter notre abri et nous remettre au travail,puisque nous étions censés être parfaitement fonctionnels.Pour couper quelques rondins de bois dans une steppe recouverte d'un ciel noir et entouré d'une eau noire elle aussi.Instinctivement je vins me coller à ma mère.

-Pourquoi ne voyaient-ils pas plus loin que les apparences?se demandait encore Lavra,c'était son bonjour.

On est passé devant une hutte recouverte de neige,et je n'ai pas compris ce qui se passait.Elle ne pouvait pas se plaindre d'avoir monté sa porte à l'envers,alors elle se découpaient les mains,sinon,elle serait foutue.

-Ils sont aveugles ou quoi cette bande de porc?s'est marré l'immonde compagnon de mon nouveau beau-frère.

-Tu ne sais pas de quoi tu parles,ai-je vraiment eu envie de l'interrompre.Tu peux pas dire ça.

Je me suis passée de tout commentaire inutile.4 personnes sont mortes dés la première tempête de neiges,et beaucoup d'autres suivront,et ont suivi.

-Bon,balbutia finalement Gaëll,j'y vais.

Je suis allée dans la forêt,l'une des forêts les plus au nord de Russie,dans lequel on nous a demandé d'aller coupé du bois,ce que j'ai accepté de faire sans rien dire.Markas m'accompagna.Sa première attitude,après avoir osé se plaindre pour la forme,ce qui était,en langage Markas l'équivalent de "pourquoi il me voit pas "en lagnage lavra,fut de me demander mes gants.C'est lâche mais j'ai refusé.Je pourrais le regretter,mais je lui ai expliqué avec supériorité que j'en avais besoin.Je ne l'aimais pas pour le faire passer avant moi.Mais il réussit à me convaincre,en prononçant le nom d'une des personnes de qui a dépendu ma propre vie.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now