Chapitre 50C:L'arbre sans faim.

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Ponno m'attendait,donc.Au centre d'une arène,aux murs gris à l'odeur de sol mouillé,elle était là,et elle prononça ces mots:

-Je vais t'apprendre à te vider de toute cette agressivité que tu as accumulée au fil de ta pauvre vie.

-Et moi je voulais m'épurer de toute l'agressivité que m'avait inculquée cette guerre.

J'essaie de concilier ces deux aspects de mon malheur,de trouver un équilibre pour être heureuse.Je ne veux pas me battre.

-Tu aurais tort.Viens,Loony.Approche et bas toi si t'es une sorcière.

-Me battre contre vous?Mais que vous ai-je fait?

-Pas contre moi.

Et claquant des doigts comme la plus pimpante des magiciennes,elle fit apparaître une série de peluches roses à grandes dents.C'était pour l'instant une simple simulation,et c'était même simple.Ponno me regarder placer,me déplacer,et quand j'en avais enfin fini avec eux,alors qu j'attendais un compliment,elle hurla quelque chose dans sa langue,me jeta dehors et s'isola dans l'arène.L'âme en lambeaux,j'ai couru pour m'isoler aux cabinets féminins.Je me suis accroupie dans un coin,et je me suis mise à pleurer en bégayant des phrases sans aucun sens.Je n'y suis restée qu'une heure,avant qu'elle vienne me chercher sans même s'excuser.Le récit de mon errance l'intéressait par trop.

Elle a cru que j'allais me fâcher.En effet,elle m'a engueulée et après elle me demande de lui obéir.Mais j'étais pas du tout énervée,j'étais même enchantée.

-Le 18 kailla,cette longue période de solitude a pris fin,parce que j'ai trouvé l'arbre sans fin.Dit comme ça on pourrait penser que c'était l'objet initial de ma quête.En quelque sorte,oui,c'est une île arbre au large de Sombralia,actuellement surtout peuplée d'elfes.Un arbre planté il y a plus de 150 ans par mon arrière-grand-père,oui,c'est possible,il avait 60 ans au moment de la naissance de mon grand-père,qui en avait 62 quand il a eu Darkar.Bref.Il fait partie des principaux attributs du pays et en est son symbole principal.Et je ne pensais pas le voir un jour.Ils devaient me le présenter le lendemain de la Vonshidiwali.La Terre et l'âme de Sombralia dans toute leur splendeur s'offraient donc à moi,cachée comme il faut derrière la brume.

La barque avançait sur une eau qui était noirâtre même au soleil,même entre les branches de l'arbre sans faim,là où se trouvaient des boutiques artisanales aux enseignes gravées à la craie.Du linge s'y étendait à perte de vue,tombant parfois dans l'eau.Une fois à quai,j'ai sauté de la barque.Des enfants de six ans couraient torse nu près de l'eau fumante de froid.

Oui,la vie dans cet arbre tant célébré,l'un des symboles de Sombralia,était horrible.Quelle pauvreté!Dans l'arbre où tout le monde devait vivre dans l'opulence,tout le monde vivait dans la misère!

Bien entendu,pour en rajouter au tableau,là-bas les gens sont très gentils.Soit ils sont devenus soudainement pauvres et ça n'a pas encore eu le temps d'altérer leur façon d'être.Soit c'est les gentils pauvres,et les méchants pauvres et là c'est les gentils pauvres.Mais curieusement cela n'enlevait rien à l'extraordinaire beauté de leurs boutiques artisanales.J'ai lévité,attirée par une bonne odeur de raclette au vin blanc,qui venait d'un tourbillon de branches effritées.Je suis venue grossir la queue qui profitait du parfum en espérant avoir les restes.

-Hé tu fais une raclette aussi bonne tu dois t'y attendre à ce que tout le monde veule la grailler!

Il déversa alors une montagne de fromage fondue sur le branchage public,et les gens vinrent s'y noyer.

-Perso j'irais pas me laver dans l'eau glacée après,ai-je pensé en enfonçant mon bras jusqu'au coude dans le fromage fondu.

C'était super symbolique comme geste je trouve.C'était comme si on se dévorait nous même et qu'on se trouvait délicieux.Il devait y avoir un sens caché là dessous.Le fromage était tellement épais,que quand y en a plus y en a encore.Il y en avait même dans mes cheveux...Il faudrait donc vraiment que j'aille me laver.

-Y a des douches publics si tu veux,m'indiqua quelqu'un qui passait par là et qui s'y rendait justement.

Ces douches publics,c'était deux pommeaux qui se balançaient au bout d'une corde,des ombres sur le fond d'une brume si épaisse qu'elle semblait empoisonnée.Quelques gouttes suffirent pour que je frotte mes cheveux pour en extraire la raclette.C'était tellement bon que j'en avais des frissons.Après,j'ai sauté de ce petit promontoire,et j'ai attiré dans le quartier des bijouteries artisanales,en plein dans la brume jaune.J'ai toujours adoré les bijoux,violet et noir,formant des tourbillons profonds qui semblaient se creuser dans mes poignets.Mais je n'avais pas d'argent,et puis de toute façon je me sentais trop misérable pour entrer.

Cet arbre était donc l'arbre sans faim.Cet arbre planté par mon ancêtre pas si lointain mais très vieux.Je peux vous le dire sans vous décourager,l'espoir est bel et bien mort.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant