7 Janvier 1943.

14 3 0
                                    

Qui sauve une vie,sauve l'humanité.


C'est le moment.J'allais donner un sens à ma naissance.

-Ania.Aujourd'hui,nous allons sortir,lui avais-je dit au-dessus de l'oreille,dans cet appartement prêt à capituler contre les nazis.Je sentais poindre en moi,j'ignore pourquoi,une certaine jalousie compulsive à l'égard du courage d'Halina.Cette femme arrivait à nous insuffler de l'espoir,et elle n'était pas jalouse,elle,de notre opportunité de fuite derrière ce mur,qui ne changerait pas grand-chose,honnêtement.C'est alors que j'ai prononcé ces mots que j'aurais aimé dire une dernière fois à ma famille,et que je n'ai pas pu.

-Halina...Je t'aime,sincèrement.

Elle soupira,émue,en levant les yeux au ciel.Elle semblait attendrie.

C'est elle,à peine habillée d'une jupe grise totalement élimée et d'un débardeur en hiver,comme une sauvageonne,qui nous a conduit à l'extérieur.Ania était celle qui parvenait à se cacher le mieux,dans ce ghetto où elle était déjà l'une des rares survivantes,grâce à sa tournure d'esprit spéculative,esprit qui s'est adapté à l'environnement de prédation,qui a fait qu'elle n'était plus une enfant.Nous allions simplement nous glisser par une infractuosité,ce que nous n'avions plus fait depuis les débuts difficiles.

-Si l'on m'avait demandé avant ce que je ferais dans une telle situation,je n'aurais pas su écoutez,a dit Halina comme pour s'excuser.Dans le passé,ça équivaudrait à demander à une actrice ce qu'elle ferait si elle était dans l'armée.

Halina essayait de nous redonner le sourire avec cette comparaison idiote.Une neige grise étouffait tout,y compris je l'espère notre départ.

J'arrivai à sortir une heure plus tard.Halina,en future insurgée,hocha la tête après un bref regard prouvant que les rues de ce ghetto si combles étaient vides,ils étaient tous à Treblinka,ou terrés de terreurs dans ce qu'ils purent obtenir comme logement.

-Sara,Waldek,Ania,a fait son visage,son immense silhouette tout en longueur placée derrière le mur,comme ultime preuve qu'il y a toujours une faille dans le système.Je ne vous en veux pas de pas combattre.Vous êtes encore mineurs.Partez chercher les enfants Fenmann.Quant à moi,je serais là quand le Ghetto se libérera.Et même si ils ne nous aident pas,je serais au côté de l'ensemble des polonais quand ils se rebelleront à leur tour.Lorsque le vent de Révolte se généralisera à toute la Pologne.

Je n'ai plus jamais revu cette femme depuis.Pourtant,elle semblait incarner,le courage des femmes juives européennes,grâce auquel elles sont toujours en vie même à présent.Même à présent.

Je n'avais pas un grand sens de l'orientation,et la mémoire me fait défaut,quand il s'agit de me rappeler de la cruciale adresse de ce Jablonski.Elle m'avait au contraire marquée si fort que...Je savais que je devrais prendre une petite rue encore goudronnée sur la droite,mais il neigeait tellement,il faisait tellement froid,que moi je ne pouvais rien faire.Nous allons donc attendre de vivre,ou attendre de mourir,dans une poubelle,donc.

-C'est vraiment pathétique,a fait Waldek,ça va faire plaisir aux allemands.

Je me suis sentie en sécurité.Le verre provoquait des spasmes douloureux contre ma peu fragilisée,j'étouffais,mais au moins,personne n'aura l'idée de fouiller ici.Je récitai mentalement une petite prière,et personne ici,ne versa aucune larme pendant toute la durée où nous étions cachés ici.Cela dura pourtant plusieurs heures,plusieurs heures où il fallait trouver un moyen d'en sortir,sans nous faire repérer,ce à quoi,dans la précipitation,je n'avais pas pensé.

-Me dis pas qu'il va falloir attendre la nuit,a répondu Ania.Le petit Félix va s'inquiéter.

-Si on sortait maintenant,Ils risqueraient d'attendre longtemps.Bien longtemps.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now