Chapitre 42C:Sur un fond pourpre et blanc.

9 1 0
                                    

Oui,c'est ce que jeune j'aurais dit à ma mère quand j'ai su ce que l'un d'entre eux ressentait pour moi,et quand j'ai analysé mes propres sentiments pour voir ensuite que je n'étais pas prête à éprouver des sentiments pour d'autres.

-Personne n'a dit que tu le devais,je te croyais prête à passer une soirée avec moi c'est tout.

Une soirée dans le camp signifie juste arpenter un terrain vague en attendant que les choses se fassent,qu'à notre sortie du camp on puisse dire qu'on s'y était aimé.Mais je ne voulais pas du triangle amoureux nul,alors j'ai décidé de retrouver notre cabane triangulaire où dormait une épave humaine de vingt ans dans un coin.

Je me suis aperçue que j'étais une irrécupérable obstinée dans l'amour.J'ai passé la nuit à pleurer.Pas parce que j'hésitais.Parce que j'avais l'impression d'être une mauvaise femme,et parce qu'un homme avait eu la mauvaise intuition de s'intéresser à moi.

Le lendemain,les responsables des activités du camp se sont dit qu'on devrait être utile à autre chose qu'à porter des pierres précieuses sans utiliser la magie.Nous allions retourner dans les mines de sel,celles qui sèchent les canaux rénales,le gosier,la peau,rien qu'à la vue.Là où l'on me fit remarquer que je devrais cesser de me faire désirer autant.Que je devrais être un peu galante et voir le mal que les autres se donnent pour moi.Oui,même ceux qui ne m'aimaient pas était un peu triste devant tant d'insensibilité de ma part,je le conçois.L'autre homme,c'était l'épave humaine de vingt ans,qui s'exclama à la lumière du sol blanc:

-Comme vous ressemblez à la princesse,je viens seulement de m'en rendre compte!C'en est hallucinant!

-Vous aussi,vous dîtes ça.

Je ne devais pas être découverte,heureusement,malgré ces quelques remarques isolées,tout semblait être fait pour que je ne le sois pas.Je peux m'écrouler d'épuisement sur mes deux oreilles.Nous sommes passés par colonne dans la ville,et ce passage fut plus que tout inspirant.J'essayais de faire des parallèles mentaux entre ce cortège actuel et ceux qui suivaient une famille royale présentée comme inaccessible.J'eus le plaisir de voir ces farouches tigres blancs humanoïdes poser leurs pattes féroces sur des instruments de musiques primitifs dans l'espoir d'un peu d'argent,d'un peu du corps de notre dieu à tous.Une envie d'en pincer un à nouveau,de le frotter,m'était venue aussi à l'esprit.Mais un violent coup derrière les genoux m'en fit passer toute envie,autant que celle de sourire.Puis comme revitalisée par la magie,bien que la mienne soit celle des ombres,je me suis remise debout.Bon,ça tirait un peu sur mes tendons désydratés,mais j'allais pas faire ma princesse et accorder de l'attention à ce genre de détail.

Je voyais dans leur regard qu'ils n'auront aucune pitié pour moi.Dans le meilleur des cas ce serait dans tous les sens du terme.

Arrivée dans ce désert où j'allais creuser à main nue avec mes mains pleines de plaies,je me suis mise avec un groupe de lutins homosexuels qui étaient arrivés hier.Apparemment,on les avait emmené ici parce qu'ils cherchaient une clé qu'ils n'existent même pas,mais au fond de moi je pense que c'est parce qu'il y a des coins où tu ne baises pas qui tu veux sur Ankarka.Souvent,autour de nous,on torturait un détenu en le plaquant contre un capteur de magie solaire,lui posaient une main glacée sur le dos,avant qu'on se déchaîne avec une violence méthodique sur lui,presque calme.

C'est là que nous voyons la différence entre les gentils et les méchants.Un gentil verra toujours ma brutalité là où elle est d'un point de vue extérieur et candide.D'autant qu'ici,on pouvait mériter un tel traitement pour tout et n'importe quoi.

-Ils veulent nous faire crever de stress,ai-je glissé.

Je me suis reniflée la peau.Je voulais voir si mon parfum tenait.J'ai posé ma tête contre une épaule finement ciselée et j'ai reniflé l'aisselle.J'ai projeté ma tête en arrière,choquée et honteuse,en toussant par les narines.

Les cheveux ont recommencé à se développer dans des recoins sombres,mais ce n'est pas ça le problème.On ne sentait plus le miel,tant il était recouvert par une sueur sèche,collante.

-Il dure combien de temps le chemin du retour?ai-je demandé en porte voix à mes compagnons de train,qui se laissaient porter par les mouvements spasmodiques,la tête baissée.

-Une heure ou deux?

Un homme est arrivé vers moi,et avec une gestuelle de guérisseur,il posa le plat de sa main sur mon épaule.La peau tirait sur mes os,se calquant sur la forme dessinée au préalable de mon squelette.

-carotène.

J'étais déroutée,presque choquée,ayant pensé instinctivement à une insulte,comme à chaque fois que je rencontrais un mot que je connaissais pas.

-Ne me prenez pas pour un fou...Vous avez l'air d'origine terrestre.Asiatique.

-C'est quoi la carotène?

-C'est ce pour quoi votre peau est jaune.

A peine la phrase fut finie qu'une de ces pastilles qui font saliver fut projetée entre mes seins dégonflés.D'un geste adapté à l'urgence,je le portais à ma langue,avant que les autres ne tentent de me l'attraper.Ils espéraient qu'on s'écharpe pour ça.

-D'accord,au revoir,a fit quelqu'un qui n'a as tenté de l'attraper,en se levant de sa chaise du train.

On s'est tous précipités dehors,il ferait moins étouffant que dans un train.J'avais l'impression que ma peau était recouverte de ventouses pétrifiées.Je sentais mes reins travailler comme des rouages mécaniques.Je n'avais cessé d'avoir mal depuis que je m'étais réveillée.Passant d'une simple gêne à l'impression d'épuiser ses propres organes tabous.Ainsi,mes pensées finirent par reprendre le contrôle.On a déjà vu des gens devenir fous à cause de ça,et finir allongé sur le sol.Sur un fond pourpre et blanc.Je regrettais finalement de ne pas avoir passé de soirées joyeuses dans ce camp de la mort,avec celui qui me drague.On pourrait simuler ce bonheur qui montrait que nous sommes vivants.Toujours ce faux,que j'avais appris à détester en étant princesse.Tout sonnait faux de toute façon empli de sarcasme et de prétention.Autant ne pas rire,donc.

C'était évident que mon pays me manquait.Je ne peux même pas dire que je me sois senti bien en dehors de Sombralia.Enfin,si,au débile soumis,avec le garçon aux yeux noirs,comme j'aimais ) l'appeler.Je ne suis pas une aventurière.Je n'arrivais même as à obtenir du travail.Du travail.j'avais fait des études dans une atmosphère à la fois élitiste et confinée.Je soufflai,et portais sur le ciel un regard lourd de reproches.Je vais essayer de m'aider moi-même,en attendant de trouver mieux.

J'imaginais qu'il était temps de me prendre en main.Il était temps en effet,ai-je vu dans le hochement de tête d'un chacal gris.je n'avais pas été la plus imprudente des héritières,mais j'avais consommé ma jeunesse de jet-set.Un authentique sourire naquit sur les lèvres de mon prétendant et je me suis demandée à quoi il pouvait bien penser en ce moment.Et si j'arrêtais d'être sarcastique,si je devenais sérieuse?Dans cet univers si dramatique envers moi?j'ai posé mes pieds sur une table basse en m'allongeant dans un canapé.Je me concentrais sur mon sommeil,pour ne pas entendre les cris de ceux que l'on exécutait dehors.



Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now