Chapitre 23A:Bronka....

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-Sara!Sara!Sara!

Waldek courait vers moi au milieu de la rue malgré le danger que représentaient toutes ces traces de gel .Même si l'inquiétude fondait sur moi à la voir paniqué comme ça,venir me chercher jusque dans les rues où la mort cherchait des victimes,j'étais heureuse qu'il me fasse suffisamment confiance pour se confier à moi ainsi.Mais plus il avançant,plus j'entendais qu'il criait,et je vis qu'il était seul.Sa mère serait morte?Son père ou sa jeune soeur?C'est vrai que sa mère était particulièrement mal en rentrant du travail...

-Sara!

Il se jeta dans mes bras,et je ployais un peu car son poids était supérieur au mien.Un mendiant aux cheveux gris et aux yeux creusés juste à côté de nous nous regardait d'un air indifférent.

-Vraiment,dis-moi ce qui se passe,je suis désolée d'être partie si subitement...Et puis on étouffe ici..

Nous étions fin mars 1941,et la violence nous confinait de plus en plus dans l'appartement.Ce qui me donnait une raison de plus de sortir,afin de trouver la faille dans le système.Chaque système a une faille,même l'industrie de la mort n'est jamais parfaite.

-Sara,Ma mère est malade.Elle est tombée sur le radiateur.On lui a mis un bandage sur la tête,mais sans être médecin je sens que c'est plus grave que cela.

Poussée par la détermination,je bondis sur mes deux pieds et le suis en courant à travers les rues.Waldek commençait à paniquer,pourtant c'est l'un des esprits les plus droits que j'ai vu.

Bronka était allongée par terre au milieu de la cuisine,sur un lit d'hôpital improvisé.Je me sentais coupable ,je n'avais pas assez fait intention à elle.Je n'avais pas eu le temps de bien connaitre la mère de mon grand amour,je ne garde d'elle que les souvenirs dont je vous ai parlé.

Toujours sur le sol,Bronka nous répétait que ça allait,que nous n'avions pas besoin d'appeler de médecin.Mais très vite,la fièvre est montée,et nous avions appelé un médecin,qui par chance est venu.

Le diagnostic est tombé ce soir là dans ce petit appartement bondé coincé dans la ville de Varsovie même.Bronka avait le typhus.

-Vous vous souvenez de ce cadavre que vous avez trouvé dans la rue?demanda alors Bronka,ses yeux verts éclatant déjà d'un aura maléfique.

-Oui,avalai-je.

Ses enfants hochèrent la tête,en se regardant dans les yeux,sans vouloir s'avouer quoi que ce soit.

-Rassurez-moi,je ne vais pas finir comme lui?

Ce fut notre premier contact avec la maladie,la mort.Un rappel brutal à la réalité.Nous étions tous des victimes potentielles,personne n'était à l'abri,personne.

Il était impossible d'isoler une seule personne lorsqu'on était treize dans un appartement.Alors,il a fallu que son mari s'installe sur la cage d'escalier.Pour la protéger.Des tâches rosâtres apparaissaient petit à petit sur ses jambes,ses bras,son visage.Elle se plaignait de douleurs insupportables,nous devions la soigner.

-Il faut trouver des médicaments,disait Wladislaw,c'était son unique but.

-Il n'y a plus de médicaments,ricanai Bronka,ses yeux verts brillaient comme si elle était de nouveau possédée,et son corps semblait déconnecter de son esprit.

Elle avait des palpitations,mais je ne savais pas si elle délirait.

J'ai honte de le dire,mais c'est cette maladie qui me rapprocha d'Ania.Elle voyait en moi la grande soeur qu'elle n'avait jamais vu,et elle me confiait ses peurs,ses doutes,comme une bouée dans un océan de ténèbres.Elle racontait cette entrevue terrible où sa mère la suppliait de l'enterrer au cimetière juif de Varsovie,car ses parents souhaitaient aussi reposer dans cette ville où ils pensaient avoir échapper à l'"antisémitisme viscéral des campagnes".

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant