Chapitre 16C:Entre les nuances de gris.

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La sorcière mâchait sa cigarette,faisant naître de petites étincelles  dorées,quand soudain,fixant la lumière blanche qui filtrait par les lattes le train s'obscurcit,elle nous lâcha:

-On est arrivé.

Les révolutionnaires en blanc à écharpe rouge ouvraient déjà les portes des wagons en nous criant de nous dépêcher avec une gestuelle méthodique,jetant contre les murs des boîtes roulantes les lampes qui s'écrasaient violemment contre le mur.Les bases des lampes étant faites en verre,elles se fracassent dû à l'impact,dans un tourbillon de verre brisé,pouvant atteindre des gens à la tête.Comme si ils n'avaient pas suffisamment fait saigner de gens.Ils nous traitèrent de feignants,nous comparant aux mystiques forces du mal,et plusieurs enfants sautant au bas de ces wagons qu'on ne doit trouver que sur Terre sursautèrent en se réfugiant spontanément près de leurs mères.

Les sombraliens s'étiraient en file,en bras de galaxies noires et informe,sur cette petite crique de montagnes,ressemblant à celle qu'on trouve au royaume des elfes,juste devant une grande usine aux épais murs vaguement blancs,noircis,s'étirant en petites colonnes très hautes,derrière un grand portail de verre bleu.

-Ils vont nous faire travailler,constate Zowie.

-Tu imaginais quoi?Qu'ils allaient nous montrer des films?Ou un des trucs amusants peut-être?déclarait la sorcière avec ironie.

-Ce serait,pour eux,je précisais,un "juste retour des choses"seulement nous,nous n'aurons pas l'appui de la magie.

Après que je dise ça,ils nous ordonnèrent de nous mettre en file indienne pour entrer dans l'usine.Elle s'écoulait d'un rythme régulier,mais ce fut quand même long pour nous vu le nombre de déportés.

Après un long moment,où nous ne pouvions pas nous enfuir à cause de ses sabres bleus fluorescents braqués sur nous,un caniche rose arriva et se frotta contre nous.

-As-tu de quoi le nourrir?demandai-je à la sorcière.

-Comment voudrais-tu?Allez,ouste.

Mais les gardes empêchaient le chien de fuir.Ce chien était-il donc déporté lui aussi?

-On dirait que oui,me souffla Knegna.

Peut-être un des restes de l'Ankarka d'avant où tous les êtres avaient une conscience et où violenter les lampes comme on venait de le faire était un crime.

Je sentais le changement de température dans cette étrange vallée,il y avait plus de variations entre 12H02 et 12H03 qu'entre le début et la fin de semaine,on passait de 0 à 40 degrés.

-Eh bien oui,répondit le caniche rose.

-Elle parle?!

-Oui,une sorcière m'a jetée un sort il y a sept ans,je suis une ancienne duchesse sombralienne transformée en caniche et malgré cette transformation,ils m'ont reconnue...

-Mademoiselle Pheng!

-Cela doit être le fait que je sois un caniche parlant.

J'essayais malgré l'attente,le temps éprouvant,le deuil et l'angoisse d'établir un semblant d'horaire.Je portais une longue jupe noir,un chandail rouge,et des chaussures à hauts talons noirs,l'habit est très professionnel mais féminin.Je n'avais vraiment pas l'air d'une détenue.

Après une heure d'attente dans une chaleur caniculaire,un homme vint à notre rencontre pour nous offrir une bière,la seule boisson de la journée,avant de s'en enfiler toute une canette devant nous en nous regardant avec insistance.

Il n'a rien dit.Pour l'instant,les conditions de vie semblaient être bien meilleures que celles qu'on pu connaître,Sara,ou Lana.Je sais,c'est fou,mais je ne peux m'empêcher de comparer mes malheurs avec les siens,que j'espère moins importents.

-Ce n'est pas fou,déclara Ponno.On vous a justement recueillie pour ça.Tu es dans notre centre à cause des souffrances que tu as vécu et tu vas sans doute toujours l'être.

-Bref,j'ai dit,enfin on a vu ce qu'ils allaient faire aux gens.On les a vu rétrécir et disparaître avant d'entrer dans un tunnel de couleur verte tirant vaguement sur le turquoise,au grand étonnement de Knegna qui se transformait en crapaud,au sens métaphorique.

-Oh vous êtes naïves mes petites chéries,disaient les gardes d'un ton pédophiliques,vous ne savez rien de la douleur.Là,vous allez souffrir.

Leurs rires ressemblaient plus à des gloussements et ça me rendait folle.Nous cinq,avec Mademoiselle,nous nous glissions dans l'immense toboggan,sans avoir la force de chercher à nous rattraper,et on arriva enfin en bas,regardant ce qui se déroulait sous nos yeux.

Nous étions dans un complexe.Les gens étaient attachés à d'étranges machines,les visages déformés par les souffrances endurées.Et là,nous nous mîmes tous à crier.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant