Chapitre 58B:Une histoire qui mérite d'être contée.

6 1 0
                                    

-Au revoir Viktor,j'ai fait en lui caressant les joues,doucement,en voyant toujours ma soeur à travers lui.Ce n'était pas à moi de l'aimer,mais tout ceux qui l'avaient fait n'étaient plus de ce monde.

-Veillez bien sur eux,je vous en supplie (nos codes culturels sont si différents,je ne sais pas comment ils s'adapteront,sincèrement.Après tout chacun sa culture.)

-Bien entendu.Ils parlent russe au moins non?Ne vous en faites pas pour eux.Je suis sûr que ce petit fera un grand chasseur,et ces filles...

Très peu pour eux d'imaginer des jeunes filles chasser.Mais la façon dont elles ont survécu à la déportation à leur âge dénoter d'une telle force de survie,ce serait dommage de ne pas en profiter.Je mis du temps à me détacher de ce campement,et de ces enfants.Cela m'étonnerait qu'ils reçoivent tout l'amour dont ils aient besoin.Je voyais encore le petit garçon derrière moi agiter sa main et les petites filles,et je courais derrière le couple qui semblait plus décidé que jamais à accomplir cette quête.Nikolaï semblait bien plus attirant depuis qu'il avait quitté cette ordre,bien plus respectable.Surtout quand on voit dans quel ordre,quel régime il évolue.Le culte de la personnalité de Staline était terrifiant,et se réverbérait chez chaque fonctionnaire du parti un peu haut placé.La féodalité japonaise,à côté c'était rien.J'avais déjà vu des petits gardes comme mon beau-frère paralysés par un respect surhumain,et je continue de n'avoir que du mépris,poliment,à leur égard.L'un d'entre eux s'appelait Viktor,et ressemblait beaucoup au petit letton que nous avions laissé derrière nous.

Ils avançaient loin devant moi,coupant à travers l'immense étendue de neige qu'était cette steppe subpolaire,et j'étais derrière eux."vous retournez pas surtout,pensais-je".Alors j'ai couru légèrement dans la neige,et j'ai pu entendre leur discussion.

-Je me souviens encore de ce merveilleux réveillon de 1934...Ma mère était enceinte,je me suis fait les meilleurs amis que j'aurais eu en Lettonie...J'avais dix ans et pourtant je m'en souviens comme si c'était hier.

Pas de réponse de sa part,lui,disait-il,avait souffert pendant toute son enfance.

-Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus...

-Je n'ai pas accès aux listes du parti,et c'est pas près d'arriver.Je sais juste que je suis dessus moi aussi.

Ils ne savaient pas très bien où aller,il suffisait une fois de se tromper de chemin pour se retrouver à finir ses jours en pleine campagne.Ils ne m'adressaient presque pas la parole,alors je me concentrais sur ma marche,sur la faim,la soif,le froid qui se réverbère et brûle la peau.

-Je vois la lisière d'une forêt par là,regarde,m'avertit soudain Nikolaï.

Retrouver un peu d'ombre,de verdure aurait été un véritable bonheur,et effectivement,ils disaient vrai.La couche de neige commençait à fondre et devenait encore plus lourde sur mes bottes.Et ce serait avec un soulagement immense que je me réfugierai de longs mois dans un terrier en pleine taïga.Mais elle semblait déjà gardée par deux silhouettes.Et Nikolaï continuait à avancer vers elles,intrigué.

-Ce sont des civils,ils sont blancs,ce sont des prisonniers.Avancez,avancez.

Ils avançaient vers nous,eux,de leur côté.Et ils finirent par nous rejoindre.Malgré la neige,j'ai freiné des deux pieds et je suis tombée.Leurs visages me frappèrent si puissamment que j'en perdis connaissance pendant quelques secondes.Et Lavra aussi en était fortement perturbée,pendant que Nikolaï ne cessait de demander de qui ils s'agissait.

Il était effrayé par la femme aux longs cheveux cuivrés qui ne portait qu'une robe de chambre en tissu rose brillant,décoré de plusieurs noeuds blancs.Et son fils,un peu plus petit,se tenait près d'elle.Il avait un grand sourire,une frange blonde,une salopette.

Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]Where stories live. Discover now