Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 35A:Nous allons les sauver.

Ils étaient deux petites lumières qu'on avait tenté d'éteindre.Ils étaient deux enfants qui n'étaient plus des enfants,mais des membres comme les autres d'une communauté qui était devenue cancer.

C'était ce que je ressentais en les voyant,avant de pouvoir les sauver,ce 17 décembre 1942.Waldek était venu les chercher,alors qu'ils étaient recroquevillés derrière des briques,avec un sourire victorieux.Pour lui,c'était en effet une petite victoire,parce que le destin des deux petits était sous son emprise,et,même si il ne le dit jamais explicitement,Waldek était persuadé d'incarner les forces du bien.Ignorant royalement les allemands,bien qu'ils s'étonnent de trouver un homme aussi étrangement vigoureux qui ne soit pas au travail,il prenait les mains de ces deux enfants avec trop d'entrain pour paraître honnête.Halina,Ania et moi suivions.J'étais la seule à ne pas connaître le plan,et c'était volontaire.

Cet établissement où je n'aurais jamais cru mettre les pieds,non par mépris,mais par peur d'inhospitalité,était situé à 40 mètres à l'extérieur des murs d'enceinte du ghetto.Sans problèmes,grâce à un professionnalisme qui ne permit pas à beaucoup d'entre nous de se réveiller ce matin,les pieds de Félix et d'Agnieszka quittèrent le sol vicié du ghetto.Afin de pouvoir se poser trois semaines dans les couloirs de pierre froide du couvent de Sainte Héléna.

Je ne savais pas que je pourrais compter sur leur aide.Mais la religieuse qui prit la charge de ces enfants si peu habitués à ce milieu avait le charme,et le sourire,d'une vendeuse de bonbon irlandaise.

-Est-ce que venir jusqu'ici n'a pas été trop fatiguant?demanda-t-elle.

-C'était terrible,a répondu Halina,qui semblait la connaître de part sa branche de résistance,dont faisait également partie la fameuse Luna.J'aimerais vraiment avoir un peu de légumes,pour des vitamines.

-Tu me sembles assez à l'aise ici,j'ai fait.

Elle ne me répondit pas,et comme une guerrière qui passait voler des pommes à sa grand-mère,elle m'offrit la vision surréaliste d'une insurgée non-chrétienne récupérant des armes de guerre dans le coffre d'un monastère féminin.En revanche,je ne croyais pas vraiment à l'efficacité de siostra Linda,une vieille peau qui servait de mère supérieure.

Aujourd'hui,pour moi cet aide de religieuses n'était pas un hasard.Parce que leur religion n'était pas une secte.Ils voulaient la paix comme nous.Et comme nous,ils vivaient sur ce territoire qui exacerbait la foi de toutes les communautés qui y vivaient.

-Est-ce que ça va aller?demanda Halina,qui pour ces gosses était une seconde maman.

-Ben voyons!la coupa la religieuse.

Toujours est-il que je dus repartir,avec Waldek,pour travailler une heure.Les autres,pouvaient faire ce qui leur chantait,attraper au vol des secondes de sommeil précieuses,ou désencrasser leur épiderme infecté.

Nous avions libéré d'un bocal étouffant,ces deux lucioles qu'on regardait souffrir,agoniser dans un vieux pot en verre empli au moindre milimètre de gaz toxiques,nous en avions ouvert le pot,et nous avions lancé son contenu face à un courant chaud qui portera les lucioles loin vers le firmament.Là où est leur vraie place,là où elle pourront guider les voyageurs.Car ils doivent vivre,ce sont les plus jeunes,les générations futures.

Waldek arborait un adorable sourire en coin,essayant de cacher ses dents.Il avait un regard immense et satisfait.Satisfait d'avoir enfin réussi à sauver quelqu'un.D'avoir pu soustraire à la mort des enfants qu'il aimait.

-Tu n'as pas cédé à la pression qui pesait sur toi ces derniers temps,je l'ai félicité.Tu as combattu jusqu'au bout pour tes opinions.

-Quels opinions,Sara?Je suis directement concerné par ce qui se passe.Je ne fais partie des gens étrangers à cela,qui ahuris découvrent une réalité qui ne les concernent pas et qui'ils veulent changer.Ces gens du monde extérieurs qui nous aident...Comme Jablonski...Comme Sendlerowa...Pour moi ce sont eux les héros.