Les bourgeons de la Haine [Between shades of gray fanfic]

Chapitre 26B:Cris de musicalité.

Je cherchais des yeux Lasse et sa mère.Ils n'étaient pas là,bien évidemment,ils étaient sûrement parti ramener des informations à propos de nous sur Ankarka.Qu'est ce que je vais lui dire,à lui,si jamais je le revois.Et à elle,je dirais quoi?

Je ne savais pas que les choses pouvaient être pires.Enfin,si,mais je ne voulais pas y croire,pas sûr que mon esprit aurait tenu le coup.

Je laissais pourtant croire que je ne m'en souciais pas,mais à chaque fois cela devenait trop difficile,je ne suis pas Lavra.

Le commandant marchait de long en large,derrière la lumière artificielle qui brillait dans la nuit,et faisait des commentaires aux gardes.Il s'arrêtait parfois de parler,comme s'il voulait juste voir la manière dont les paupières de Lavra palpitaient au son de sa voix.

-Que dit-il,Ilentha?demanda Sessimis.

-Bordel,fit Lavra,vous êtes censée être une intellectuelle ou pas?

-Lavra!Excuse-toi.

-En attendant elle t'as posé une question.

-Ils nous divisent en groupe,et répartissent le travail dans chaque groupe.

J'espérais très sincèrement qu'ils ne pouvaient pas nous entendre ou nous comprendre...

Je crois que si,vu qu'il s'approcha de ma mère et hurla quelque chose que je n'ai pas pu déchiffrer,avant de me faire sortir moi et ma soeur de la file,ainsi que Grimas et Sessimis.

Ma petite soeur est entraînée à son tour avec deux vieilles femmes.Son esprit,son être,elle quoi,essaye de bouger mais elle ne peut pas.Nous,on nous emmena d'un pas énergique vers une direction inconnue.J'ai cru que j'allais mourir.Je me traînais.

Enfin,au bout de quelques kilomètres de marche,nous arrivions à une petite clairière,dans les bois.Je déteste ça.

-Creusez!

Oh,j'ai compris un mot!

Je ravale ma bile dans ma gorge,et cligne des yeux pour chasser les images du commendant en train de violer ma mère et ma soeur.

Je ne comprenais pas l'intérêt de ce travail,ni la logique.Mais ce n'était pas le moment de poser ce genre de question.J'ai pris la petite pelle rouillée,sûrement percée,et j'ai commencé à travailler,en pleine nuit,sans montrer de signe de fatigues,même si je n'allais pas non plus me mettre à siffler.

Merde.

Fuck.

Fucking merde.

-Où sont passés les pommes de terre,et l'huile?j'ai demandé,car dans ce kolkhoze on participe à la formation d'une huile communément appelé huile de coco.

-De toute évidence,fit maman,ils me punissent.

-De quoi?demanda Sessimis.Je sentais qu'elle allait rajouter "qu'est-ce que vous avez fait?"mais la question serait un peu déplacée.

Elle glissa quelques mots dans son oreille à propos de la proposition de tout à l'heure.

-Je suis désolée,Ilentha mais ici c'est chacun pour soi.Vous aurez pu bénéficier d'un traitement de faveur,et,chose qui compte plus que tout ici,d'un supplément de nourriture.

-Je ne peux pas faire ça!Si je l'avais fait vous aurez sûrement pris des torches pour me brûler en place publique.Parce que songez à ce qui pourrait arriver aux gens.Non,non,je vais essayer de tenir le coup.Comme tout le monde.

Sessimis hoche la tête et je m'éloigne un peu,mais pas trop, pour pouvoir entendre ce qui se dit.

-Il y a un village pas loin,ajouta-t-elle.Avec un petit magasin,et une école.

-Ah ben ça va!fit Lavra en se levant,avant de redonner un grand coup de pelle pour chasser l'attention d'elle.On pourra envoyer des lettres.

-Heuh,Lavra,fit Sessimis,je suis désolée mais les lettres sont lues.Vous envoyez quelque chose,une lettre,elle est lue.

-Je ne parle pas de ça...murmura maman.J'ai un contact.

Annicka.Ankarka.Ainsi donc,ma mère était au courant.Elle savait donc ce qui se passait en Lettonie pendant la guerre.Ce qui était arrivé à la maison.Les massacres de la Shoah par balles.Elle savait donc que comme eux nous creusions notre propre tombe.

-Au moins,la personne qui partage votre hutte vous parle.La mienne est une créature absolument bestiale qui n'hésite pas à tirer des gens par les cheveux.

-Cela ne vous fera pas de mal,alors,fit Lavra.Bande de bourges.Je commence vraiment à croire qu'on est ici pour notre bien,et que c'est de notre faute que...

-Tu as bien raison là-dessus:hurla ma mère ironiquement.Tout ceci est de ma faute!

Maintenant,sors de cette clairière si tu tiens vraiment à rejoindre la police!

-Veux-tu te calmer?Je ne vais nul part.Vas-y,amène moi à la police,et fais moi rejoindre leurs rangs,on ne parlera que de nous dans le village,et c'est ce que tu veux,n'est-ce pas?

-C'est vrai,je ne peux pas trop me plaindre,continua maman,j'ai eu une meilleure vie que celle des villageois.Je ne veux pas ressentir de la pitié envers moi-même,mais cela devient accablant dernièrement,et les villageois n'arrangent rien.

-Les villageois ne sont pas contents,fit Sessimis,mais ils s'attendaient à notre arrivée.Ils ont déversé des wagons entiers d'estoniens il y a quelque jours dans les environs.

-Des estoniens?demanda ma mère,sonnée.

-Vous n'avez pas idée du nombre de personnes qui ont connu la même destinée que nous,fit Sessimis.Les lituaniens aussi,les ukrainiens,les polonais...

Quand je repense à ces trois dernières nationalités,des flashs de souvenirs heureux ou cruels n'arrêtent pas de revenir me hanter l'esprit.

Tout ceci est de notre faute,disait ma soeur.

Au début,je ne pensais pas que Lavra ait pu dire ça,ma tête me  jouait des tours,c'est pas possible sinon.Mais les évènements lui donnèrent raison.Ce qu'elle a dit à ma mère à propos de la ville fut la dernière preuve,ou l'une des,preuve d'optimisme dont elle nous fit part.

Lavra continuait cependant à me tenir par le bras,et je savourais notre fraternité,quand soudain...

-Qu'est-ce qui t'arrive ,lui demandai-je.

-Trop de choses,trop de choses pour que je puisse t'expliquer.Il se passe des choses dramatiques.Peut-être poursuivront-ils le génocide sur les derniers survivants restés au pays,comme ils l'ont déjà fait.

Mais cette soeur a toujours été un immense atout pour moi.Je ne sais même pas si j'aurais survécu sans elle.Nous n'étions pas bonnes l'une pour l'autre mais ensemble nous étions parfaites,c'était justement ça le problème....

-Bon,taisez-vous,maintenant,fit madame Grimas.Je veux manger.