Chapitre 46. Ce n'était pas mon choix

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Luna

🔞


— Merci ! Passez une bonne fin de journée, dis-je la caissière.

— À vous aussi !

Le paquet de course dans les mains, je sors du magasin. Les écouteurs sur mes oreilles, mes pas remontent la rue au rythme de Hablame Bajito. Une fois le code tapé, mes fesses poussent la porte. Dans les escaliers, je me déhanche jusqu'au palier du deuxième étage. Cette musique est géniale. Elle donne la pêche et met de bonne humeur. Je me dandine jusque dans le couloir de mon appartement, mais me stoppe net en tournant à l'angle. Cette silhouette serait reconnaissable entre mille. C'est lui, il est bien là, dans le hall de mon immeuble. Mes yeux papillonnent pour être sûrs que tout ceci ne soit pas un énième rêve. Non, tout ça, est bien réel. Mon cœur s'emballe. Mes yeux le détaillent de haut en bas. Tête baissée, seul son bombers bariolé donne de la couleur à sa tenue bien sombre. Comme à son habitude quand il est nerveux, ses mains sont dans ses cheveux et ses yeux sont clos. Avec prudence, je m'avance vers lui, comme si j'avais peur qu'il puisse disparaître sous mes yeux.

— Christopher ? l'appelé-je le cœur au bord des lèvres.

Mes pas s'arrêtent pourtant à quelques mètres de lui. Non, c'est trop simple. Il ne peut pas débarquer une nouvelle fois, comme une fleur alors qu'il a balancé au monde entier que je n'étais rien pour lui. Quand il relève la tête, ses yeux captent immédiatement les miens. Nous nous détaillons. Je manque de souffle et le courage m'abandonne. Pendant des jours, j'ai espéré que ce jour arrive. Et maintenant qu'il est là, je ne sais plus quoi faire.

Christopher se redresse et s'approche doucement de moi. Je ne trouve pas les mots. En cet instant, rien ne sort de ma bouche. Je suis stoïque, figée, incapable de bouger. Je reste là, le regard braqué sur lui. Il s'arrête à quelques centimètres de moi. Je sens la chaleur de son corps et l'effluve de son parfum vient caresser mes narines. Les yeux clos, je tente de retenir mes larmes du mieux que je peux. Prudemment, il pose sa main sur ma joue. À ce contact, mon corps se réactive et mon esprit se reconnecte.

— Non !

— Luna, attends !

Non. Non. Non. Souffrir par sa faute, je ne le veux plus. Il en est hors de question. Deux fois c'est déjà trop et mon cœur n'en peut plus. Le bousculant, les mains tremblantes, je tente d'ouvrir la porte, avant de m'engouffrer dans le cocon réconfortant de mon appartement. Christopher m'empêche de la refermer après mon passage.

— Je t'en supplie, laisse-moi t'expliquer ! m'implore-t-il.

— Pour quoi faire ? Je ne suis rien pour toi... Ah si, pardon, je suis juste une distraction !

— Tu sais que le sarcasme te va très mal Luna !

— Va-t'en, s'il te plait ! Je n'ai pas envie de parler avec toi ! Pas ce soir... plus jamais.

Non, mais t'es folle, me gronde ma conscience. Décidant de l'ignorer, mes mains forcent pour fermer la porte. Christopher cède et le battant en bois claque dans ses gonds. Le dos appuyé contre celle-ci, mes jambes glissent et mes fesses touchent le sol. Mes jambes repliées contre ma poitrine, ma tête s'enfouit dans mes coudes. Quelques larmes s'échappent et dégringolent le long de ma joue.

— Luna !

Sa voix me parvient au travers du bois. Le connaissant, il est lui aussi assis de l'autre côté et il attend. Il attend que mon mauvais caractère disparaisse. Il me connaît et il sait que mon caractère impulsif et entêté peut parfois être mon pire ennemi. Pourtant cette fois et même, si je le voulais, c'est trop dur. Ça fait beaucoup trop mal. Mes larmes redoublent d'intensité. À force, il va falloir m'offrir un abonnement chez Kleenex.

Volverte a Ver - T.1 {CNCO} // TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant