Chapitre 14. Tu veux une médaille ?

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 ✯Luna ✯    

Au rythme de la musique, je me déhanche dans ma chambre tout en terminant de m'habiller. On toque à ma porte et je sursaute. Soit, je perds la boule, soit quelqu'un a ouvert la porte de l'immeuble. La sonnette n'a pas retenti. Passons, qui peut bien toquer à ma porte en pleine journée ? Agustín est au boulot, tout comme Alyana. Je termine d'enfiler mon tee-shirt et me dirige vers l'entrée.

— Un instant, j'arrive ! hurlé-je.

Je jette un regard dans le miroir de l'entrée. Ça va, j'ai pas trop une tête affreuse. J'attache mes cheveux, indomptable, en chignon flou au-dessus de ma tête et déverrouille la porte. Mon cerveau marque une pause, en le découvrant là, devant moi, les mains dans les poches de son jeans. La prochaine fois, rappelez-moi de vérifier par le judas avant d'ouvrir. Putain, mais, qu'est-ce qu'il fou ici ? Et d'abord comment a-t-il eu mon adresse ? Mon regard le sonde. Ses traits sont fatigués. Il a l'air vulnérable. Mon cœur s'accélère. Tu vois, il a tenu parole, m'informe ma conscience. C'est vrai, il est revenu. Pourtant rien ne change entre lui et moi. Je ne veux toujours pas de lui dans ma vie. Menteuse, hurle mon petit diable intérieur. Il se balance d'un pied sur l'autre, attendant certainement que je dise quelque chose. Mais rien ne vient. La surprise, mais aussi tout un tas d'émotions, m'empêche de penser clairement. Je le détaille à la hâte. Ses lunettes de soleil sont passées aux premiers boutons de sa chemise. La fameuse chaîne en argent orne son cou. Christopher remet sa casquette en place, avant de capter mon regard. Les bras croisés sur ma poitrine, j'expire mon mécontentement bruyamment.

— Je peux entrer ? finit-il par demander.

— Comme tu veux !

Ma voix se fait cinglante. De toute façon, il ne me lâchera pas tant que je n'aurai pas accepté de lui parler, donc autant en finir une bonne fois pour toutes. Faisant volte-face, je me dirige vers le salon. La porte se referme. Peut-être est-il parti ? Le rêve. Je me retourne. Déception. Il est là, planté comme un piquet au milieu de mon appartement. Ses mains toujours dans ses poches. Je le vois regarder tout autour de lui.

S'il compte que je parle, il peut toujours courir. Je m'assois sur l'accoudoir du canapé. Un silence de mort règne dans mon appartement. Les minutes défilent et aucun de nous ne dit un mot. Il me faut toute ma bonne volonté pour ne pas me précipiter dans ses bras. Seuls les souvenirs de son départ et la tristesse qui s'en est suivie me retiennent.

— Qu'est-ce que tu fais là ? finis-je par demander.

J'ai craqué. Il a toujours été doué dans ce domaine. C'était une de nos manies. Nous nous cloitrions dans notre mutisme, jusqu'à ce qu'un de nous, en l'occurrence moi, finisse par craquer. Voilà bien une chose qui n'a pas changé.

— J'ai tenu parole, je suis revenu ! dit-il fièrement.

— Et tu veux quoi ? Une médaille ? Rien n'a changé Christopher. Je ne te fais pas plus confiance maintenant que lorsque tu es parti, il y a six semaines.

— Luna, s'il te plait ! Je voudrais simplement qu'on parle. Je sais bien que nous n'aurons plus jamais ce que nous avions, mais je veux retrouver mon amie.

— C'est un peu tard pour ça non ? craché-je.

— Je sais bien que mon départ t'a fait du mal, mais tu crois que je n'ai pas souffert moi aussi ?

— Arrête ça Christopher ! Tu ne m'auras pas aussi facilement. Si ça avait été si difficile pour toi, tu serais revenu, tu m'aurais appelé... Tu aurais fait quelque chose... Mais non, tu as fait le mort. Tu as disparu des radars. Mes lettres sont restées sans réponse tout comme mes messages. Tu m'as abandonné !

Volverte a Ver - T.1 {CNCO} // TerminéeWhere stories live. Discover now