Chapitre 5. Souvenirs

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 ✯Luna ✯    

Alors que nous arrivons devant nos portes respectives, Alyana se tourne vers moi. Son regard se veut réconfortant et compatissant. Elle me connait suffisamment pour savoir que l'épreuve que je viens de traverser m'a profondément blessée.

— Ça va aller ? me demande-t-elle.

— Oui, j'ai juste besoin d'être un peu seule.

— Pas de soucis, tu sais où me trouver en cas de besoin.

Elle s'avance et avec toute la tendresse qui lui est propre et me prend dans ses bras. Elle me souhaite une bonne soirée, tandis que je lui dépose un baiser sur la joue. Ma porte déverrouillée, j'entre dans mon appartement. Les odeurs réconfortantes de mon cocon apaisent quelque peu ma peine et me poussent à les respirer profondément, comme si cela faisait une éternité que je n'étais pas venue. Je retire mes chaussures, soulagée, avant d'aller m'échouer lamentablement sur le sofa. Un bras sur mon visage, je souffle bruyamment. Les vannes n'attendent pas plus longtemps pour s'ouvrir à nouveau, préférant ne plus retenir aucune émotion. Je pleure. J'ai le cœur tellement lourd, que j'ai besoin d'évacuer toute cette souffrance.

La scène qui s'est déroulée cet après-midi a été horrible. Christopher n'a plus rien à voir avec celui que j'ai connu autrefois. Physiquement peut-être qu'il est toujours le même, mais le voir ainsi si hautain et arrogant, si connard en fait, m'a complètement retourné le cœur. Lui qui était la gentillesse, la douceur et la bienveillance incarnée, n'est plus qu'un crétin sans nom.

Un sanglot m'échappe quand je repense à la question qu'il m'a posée : tu es une fan ? Plus blessant, on ne pouvait pas faire. Pourtant, je suis certaine qu'il m'a reconnu. Dans le cas contraire, il n'aurait pas trituré son collier durant toute l'interview. Cette chaîne est un des innombrables cadeaux d'anniversaire que je lui ai fait. C'était pour son dix-huitième anniversaire et je me rappelle encore très bien sa réaction.

C'était il y a huit ans. J'avais son cadeau dans les mains alors, avant qu'il s'en rende compte, je lui avais souhaité un joyeux anniversaire en lui tendant le petit paquet. Son regard s'était illuminé en apercevant le petit écrin en velours bleu. J'avais économisé pendant des mois pour pouvoir lui faire ce cadeau. Une belle chaîne en argent avec une plaque militaire. Une petite inscription était inscrite au dos : pour toujours et à jamais. Cette même phrase que nous cessions de nous répéter dans nos moments de complicités. Je tenais tellement à marquer cet évènement. Ce n'était pas tous les jours que l'on avait dix-huit ans. Chris avait attrapé la petite boîte en me faisant un bisou sur la joue, comme l'aurait fait un enfant de cinq ans. Déballant son cadeau à la hâte, j'avais vu sa bouche former un « o » au moment où il l'avait ouvert. Le bijou dans ses mains, il avait levé sur moi un regard brillant d'émotion. Immédiatement, il l'avait passé autour de son cou et m'avait souri de toutes ses dents.

Sans que je puisse m'y attendre, il m'avait pris dans ses bras et serré tellement fort que j'en avais eu le souffle coupé. Il avait ensuite déposé un baiser sur ma joue et dans un murmure avait prononcé un merci, ému.

Je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à ce moment. Tout était tellement simple à ce moment-là. Nous passions nos journées ensemble. Jamais, l'un sans l'autre. À cette époque, rien n'aurait pu nous séparer. On s'était juré de ne jamais nous faire souffrir et de toujours faire passer l'autre avant une quelconque personne. C'est ainsi qu'aucune relation n'était venue mettre à mal notre amitié. Et puis, il a fallu que cette putain d'émission vienne tout foutre en l'air.

Une fois mes larmes taries, je m'assois confortablement dans mon canapé. J'attrape la télécommande et allume la télé, bien décidée à me changer les idées. Zappant au hasard je finis par, tomber une rediffusion d'un concert des garçons. Putain de bordel de merde. Ils ne peuvent pas me foutre la paix. Comme si je n'avais pas assez vu leurs tronches aujourd'hui. Les nerfs en pelote, j'éteins à la hâte la télévision avant de m'enfoncer un peu plus dans les gros coussins bien moelleux. Je ferme les yeux quelques minutes, essayant de rassembler mes idées.

Volverte a Ver - T.1 {CNCO} // TerminéeWhere stories live. Discover now