Chapitre 28

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Les volontaires qui ont accepté de se battre contre mon peuple se sont tous regroupés pour pouvoir commencer un entraînement. Mark a demandé à Caleb de l'aider à entraîner ceux qui débutaient. Ils donnent tous les deux les instructions, tout le monde est concentré, ils semblent animés par le courage, ils sont ambitieux, certains de sortir vainqueur.
Assise sur le côté, je ne fais que regarder la scène. Mes yeux suivent les mouvements de Caleb qui marche entre les duo qui se sont formés pour s'entraîner au corps à corps. Ses yeux captent chacun de leurs gestes et il n'hésite pas à intervenir pour leur donner quelques conseils. Mon regard se pose sur une petite fille qui ne doit pas avoir plus de douze ans, regardant les duo d'un air perdu. Mark vient rapidement vers elle.
La première fois que j'ai tenu une arme dans mes mains, j'étais terrifiée, les premiers coups que j'ai reçu m'ont causé des douleurs terribles, j'étais une petite fille perdue et apeurée. Et aujourd'hui, tenir une arme me semble banal et la douleur me paraît moins importante. Ma génération était prédestinée à ça, se battre, nous n'avons plus le choix, plus de libre arbitre. C'est pourtant une des choses qui nous est essentielle, ils ne devraient pas avoir le droit de nous l'enlever, mes parents le disaient eux même, les humains on énormément perdu. C'est déroutant lorsqu'on sait ce que l'avenir nous réserve. Notre vie n'a plus aucun sens, je n'ai jamais ressenti une vraie joie de vivre, je ne me suis jamais réellement sentie moi-même, sauf avec mes frères, et Caleb.
Je sens soudain une masse s'asseoir près de moi. Je tourne les yeux et rencontre une paire d'yeux vairons, dans lesquels je perçois une lueur d'inquiétude.

_ Tout va bien ? Susurre Caleb d'une voix rauque.

_ Je vais bien, souris-je doucement.

Caleb me regarde un instant sans rien dire, ses yeux parcourant mon visage, avant qu'il vienne délicatement remettre une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Mon corps frisonne, alors qu'un sourire s'étend sur mes lèvres. Je peux sentir mon cœur s'accélérer, je réagis beaucoup trop vite avec lui. Lorsqu'il me regarde, c'est comme si nous étions projetés dans une autre dimension, où ne règne que la paix, où nous sommes seuls au monde.

_ À quoi tu pensais ? Demande t-il.

Mes yeux quittent les siens pour regarder le vide face à moi.

_ À ma vie... soufflé-je. Et je me suis rendue compte qu'il n'y avait pas grand chose à en dire.

_ Pourquoi ?

_ Parce que c'est la vérité. Depuis que je suis toute petite c'est toujours la même chose, on nous apprend à nous battre, à réagir vite et surtout à détester les Particuliers...

_ Ça n'a pas tellement marché avec toi, sourit Caleb.

Je glousse doucement. C'est sûr que je ne suis absolument pas d'accord avec mon peuple, enfin la plupart d'entre eux. Et je suis fière d'être comme ça, je suis fière d'être capable de distinguer ce qui est bien et ce qui est mal.

_ Ce que je veux dire, hésité-je, c'est qu'on a jamais eu le choix. Certains ont complètement adopté les techniques du Gouvernement, en fait, la plupart des humains l'ont fait. Mais les gens comme moi qui sont absolument contres, sont réduits au silence...

_ Plus maintenant Ad', déclare Caleb. Tu nous as ouvert les yeux, bientôt tout ça sera fini, j'en suis persuadé.

Je souris au Particulier, lui aussi semble certain que tout ceci va se terminer. Mais les hommes sont capables de tellement d'atrocités, ça me fait affreusement peur.
Soudain, un Particulier qui m'est inconnu arrive rapidement vers Mark. Caleb fronce les sourcils et se dirige vers eux. Mark hoche simplement la tête avant de se tourner vers son peuple.

_ Votre attention s'il vous plaît, déclare-t-il d'une voix forte alors que tout le monde cesse son activité. Nous avons besoin de quelques volontaires pour partir en forêt, les effectifs des humains ont augmenté, il nous faut plus de monde.

IncomprisOn viuen les histories. Descobreix ara