Incompris

Chapitre 45

Durant plusieurs jours, mon avis de recherche est le principal objet de conversation. Moi je me torture l'esprit avec des centaines de questions, des idées qui fusent dans mon esprit, et j'en reviens toujours au même résultat, je ne peux pas rester ici. Je les mets tous en danger, malgré ce que Mark dit, qui affirme qu'ils ne nous trouveront jamais, je suis bien placée pour connaître leur détermination à trouver les Particuliers, mais surtout les traîtres.

Ils vont me retrouver.

C'est ce que j'ai sans cesse répété dans ma tête, il faut que je parte. Personne ne doit mourir pour moi, j'ai pris les décisions qui m'ont conduite ici, je dois les assumer seule. Aussi terrifiant que ça soit, parce que oui je suis terrifiée d'avoir à affronter ça seule. On ne se rend jamais compte de ce que c'est, de la responsabilité que ça implique ainsi que les conséquences, jusqu'à y être confrontée.
Je n'avais pas prévu ça en arrivant. Par moment je me demande ce que serait ma vie si j'avais fait des choix différents, si je m'étais tout simplement pliée aux règles, mais plus j'y pense plus je me dis qu'à chaque fois, j'aurais fait exactement les même choix, donc dans tous les cas je serais au même point qu'aujourd'hui. Je ne veux pas être responsable de ce génocide.

La porte du chalet que je partage avec Liam et Lucas s'ouvre. Sam. Elle tente de sourire, mais son expression de visage m'indique clairement qu'elle ressent tout sauf de la joie. Elle tente de me rassurer, mais rien de ce qu'elle fera n'y parviendra.
Elle se déplace jusqu'à moi et vient s'asseoir sur ce qui me sert de lit. Je l'entends longuement soupirer avant de passer sa main dans ses courtes mèches noires.

_ Tu n'as pas à endossé cette responsabilité seule, déclare-t-elle. Nous sommes tous responsables, c'est pas parce que tu as été une des seules à bouger ton cul que c'est toi qui dois prendre.

Sa voix révèle une pointe d'agressivité, ce qui me fait décrocher un sourire. Je n'ai jamais pris le temps de discuter avec elle, mais elle s'avère être une femme forte au grand cœur. J'aurai aimé avoir le temps de créer un lien avec elle.

_ Je fais avec. (un long soupir s'échappe de mes lèvres) Ça devait arriver.

_ C'est des conneries, crache Sam.

Elle souffle.

_ De toute façon tu es en sécurité ici.

Mes yeux se perdent dans le vide. Non c'est faux, je le sais, et ils le savent aussi mais personne ne veut l'admettre.

_ Personne ne sera en sécurité tant que je suis là...

Un lourd silence s'installe, je sens son regard pesant sur moi.

_ Tu es pas putain de sérieuse ? siffle-t-elle entre ses dents.

C'est à mon tour de soupirer, elle ne se rend pas compte.

_ J'ai jamais été aussi sérieuse. Et puis de toute façon c'est mon choix, dis-je fermement.

_ Je te savais pas aussi conne, réplique Sam froidement.

Mes yeux se posent sur elle. Son regard noisette brûle de colère, je n'arrive pas à partager ce sentiment, mais je comprends ses raisons.

_ Écoute, je-...

_ Tais-toi, me coupe-t-elle.

Je fronce les sourcils. Elle l'a aussi mal pris ?
Elle se lève rapidement, je dirais même que son geste est presque paniqué. Elle ouvre la porte.
Il y a beaucoup d'agitation, même trop. Mon ouïe me permet de distinguer des cris.

Bordel, il se passe quoi ?

Une explosion.
Je plaque mes mains contre mes oreilles.
Encore une autre.
Mon rythme cardiaque a considérablement augmenté en l'espace de deux secondes, ma respiration se fait plus courte.
Il faut que je bouge, dans une situation menaçante, il ne faut pas rester sur place.
Sans même m'en rendre compte je suis debout sur mes jambes, et me retrouve rapidement aux côtés de Sam à la porte.