Chapitre 39

4K 341 6
                                    

Les jours s'écoulent comme le sable qui s'écoule dans un sablier, vite mais en même temps très lentement, je vois chaque grain tomber sans vraiment m'en rendre compte. C'est la première fois depuis la mort de mes parents que je me sens émotionnellement si mal. C'est comme un coup de poignard en plein cœur, le muscle qui est vital à ma vie, et devenu maintenant l'origine de mes souffrances. Tout me semble dénué de sens, comme si d'un seul coup, le monde avait perdu de ses couleurs. Mes pensées ne sont que tourbillon dans mon esprit, m'empêchant de réfléchir clairement. La cause de tout ceci, n'est qu'une seule personne, Caleb, l'homme dont je suis tombée amoureuse. Ma colère et ma peine sont si grandes que je ne saurai déterminer lequel de ces sentiments est le plus fort. J'ai beau avoir envie de le secouer, lui hurler dessus à m'en arracher les cordes vocales, jusqu'à le frapper si il le faut, je l'aime encore.
Je suis partagée en deux, mais une chose est sûre c'est que je ne vais pas retourner vers lui. J'ai besoin de temps, je ne peux pas me permettre de me laisser dicter par mes sentiments. J'ai cru que c'était possible mais cela ne l'est pas.

Caroline m'est d'une grande aide, tout comme mon frère, Liam et Thomas. Ils sont mon échappatoire. Mon entraînement a repris, plus hardant que jamais, Thomas ne m'épargne pas, chaque jour il augmente la difficulté du combat, me laissant face à toute sa force. Caleb est responsable de ma douleur psychologique, Thomas de ma douleur physique.

Je tombe violemment au sol qui n'est recouvert maintenant que d'une faible couche de neige, laissant place au vert de l'herbe. Je soupire en sentant toute la douleur se propager dans mon corps. Il va me tuer, mais toute la colère accumulée ces derniers jours me donne la force de me relever.

_ Concentre toi Adelia, braille Thomas. Tu es plus forte que ça.

Je serre les poings, je contracte mes jambes, prête à agir, je vois du coin de l'œil deux autres prêts à se jeter sur moi. L'un d'entre eux arrive à ma hauteur, alors qu'il pense que je ne l'ai pas vu, je me saisis de son bras et le tords dans son dos, il crie de douleur, je lui frappe le visage avec le dos de ma chaussure après avoir lâché son bras. Le deuxième, Ethan, m'attrape par les aisselles et me fais valser telle une vulgaire poupée de chiffon. Je me relève aussi vite que je peux, Thomas regarde la scène, laissant les deux autres me mettre la raclée de ma vie. Ça va pas se passer comme ça. Poussée par l'adrénaline, je pousse un crie de rage et cours vers eux. S'attendant à ce que j'attaque, ils se préparent à riposter, mais je me baisse pour rouler au sol.
Le cœur battant à toute allure, la respiration saccadée, j'empoigne mon sabre. Je pivote vers veux, je fais tourner le sabre dans ma main, avant de l'agiter vers eux. Les deux Particuliers reculent, parfait. Je me jette sur l'un d'entre eux, lâchant mon sabre au passage. Ma jambe frappe durement ses côtés, avant de taper dans son ventre puis sur sa tempe, il tombe au sol. Ethan arrive en courant jusqu'à moi, je vois du coin de l'œil mon sabre, j'ai le temps, je peux le faire. Mes jambes me poussent jusqu'à mon arme, je glisse sur le sol pour pouvoir la récupérer et la brandis face au Particulier. Ma lame sous sa gorge, il stoppe tout mouvement.

La respiration irrégulière, je prend une grande inspiration pour calmer mon cœur. Je peux encore sentir l'adrénaline pulser dans mes veines, je ne me suis jamais sentie aussi forte qu'à cet instant. Ça fait du bien, je baisse mon sabre alors que j'entends les applaudissements de Thomas dans mon dos. Je jette un coup d'œil à Ethan au sol, je m'avance vers lui. J'y suis peut-être allé un peu fort. Je tends ma main vers lui, il me sourit et l'attrape. Je l'aide à le remettre sur ses jambes.

_ Je suis désolée, je voulais pas te faire mal.

_ J'ai rien, t'en fais pas. Tu devrais te réjouir, si tu as réussi à me mettre au sol c'est que tu as progressé.

Je lui souris doucement. Thomas nous rejoint.

_ Elle progresse vite cette petite, se moque mon ami.

Je roule des yeux. Il adore me comparer à une petite chose. Il est vrai qu'à côté de lui, je semble si faible et minuscule, qui se soucierai de ce que je pourrais faire ? Personne, c'est un avantage. Elliot finit par nous laisser pour rejoindre son frère.

_ Ça va toi ?

Je tourne les yeux vers Thomas.

_ Oui, c'est seulement quelques bleus.

_ Je parlais pas de ça.

Je souffle. Je sais de quoi il parlais, enfin de qui. La vérité c'est que je n'ai pas tellement envie d'en parler. Je n'y arrive pas, c'est trop douloureux.

_ J'ai pas très envie d'en parler...mais merci Tommy.

Le blond me sourit, il pose sa main sur mon épaule et la presse doucement. Qu'est-ce que je ferais sans mes amis ? Aucune idée. Je lui offre un sourire.

_ Adelia ?

Mon ami et moi tournons la tête, Mark. Il s'avance vers nous, son air grave ne me dit rien de bon.

_ Tu peux venir ? Il faut qu'on parle.

Je hoche simplement la tête, les sourcils froncés, une pointe de stress me pique. Je salue mon amie et marche avec Mark. Nous nous dirigeons vers le chalet central, plus nous avançons plus je me demande ce qu'il veut, son silence est lourd. Je peux m'empêcher de regarder autour de moi, à la recherche d'une seule personne. Je n'ai pas vu Caleb depuis notre dispute et malgré la colère que je lui porte, il me manque.
On entre dans le chalet, je ne vois qu'Anne. Elle me sourit chaleureusement, bienveillante. J'aime bine cette femme, il n'y a aucune once de méchanceté en elle, si seulement les gens lui ressemblaient un peu plus.

_ Comment vas-tu Adelia ?

_ Bien merci et vous ?

_ Je me porte bien, je te remercie.

Je lui souris.

_ Bon parlons sérieusement, intervient Mark.

Anne hoche la tête, elle attrape le dossier avec toutes les informations récoltées par mes parents.

_ On ne peut plus attendre, les gens doivent savoir.

Je croise les bras contre ma poitrine. Je redoutais ce moment, mais je savais que je ne pouvais pas y échapper. Anne a raison, ils doivent savoir.

_ Très bien, fais-je. Et comment on s'y prend ?

_ On y a réfléchi, commence-t-elle. Si on avait pu te mettre en dehors de ça, on l'aurait fait, mais on a malheureusement pas le choix.

_ Dans trois jours, un représentant du Gouvernement est envoyé dans chaque Cellules, pour fêter l'anniversaire de la mise en place de ce système gouvernemental, explique Mark. Ça va faire 100 ans, ils vont marquer le coup.

_ Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?

_ Tu vas aller dans une des Cellules, la plus importante du Canada, j'ai quelqu'un là-bas qui peut te faire entrer.

_ Et ensuite ? Demandé-je.

_ Tu vas devoir intervenir dans son discours et exposer les faits, il faut que tu marques le coup, que tu leur fasses peur, que tu montre au Gouvernement ce dont tu es capable. Il faut que tu ouvre les yeux aux gens.

_ Mais c'est seulement si tu es d'accord, ajoute Anne. Il y a beaucoup de risques Adelia.

Je sens mon cœur s'emballer. C'est du sérieux, tout ce que j'ai appris au cours de mon éducation ne m'a jamais préparé à ça. Mais je ne peux pas fuir, plus maintenant, pas avec ce que je sais, je serais complice de ce qu'ils font. Je ne veux pas être complice de ce qu'on a fait à Caleb et à ses parents, comme à des milliers d'autres Particuliers. Mes parents ont sacrifié leurs vies pour ça, pour que tout le monde puisse savoir la vérité, mais ils n'ont pas vécu assez longtemps. C'est à moi de le faire aujourd'hui. Alors je n'ai qu'une seule chose à dire.

_ Je suis partante.

C'est maintenant que je dois changer les choses.

IncomprisWhere stories live. Discover now