Incompris

Chapitre 20

La réalité me frappe plus violemment que je ne l'aurais pensé. J'ai toujours voulu croire que Les Particuliers n'étaient pas réellement dangereux, pas tous en tout cas, et surtout pas Caleb. Je ne voulais pas l'admettre, mais maintenant que j'ai pris connaissance de ses aptitudes, je suis envahie par le doute, mais aussi par la peur. Pour la première fois depuis que je connais Caleb, il me fait peur. Ses capacités sont incroyablement terrifiantes, mais je sais qu'il n'a pas voulu me faire du mal intentionnellement. L'humain est fait pour ressentir des choses, des sentiments et émotions, dont la peur, qui est selon moi une des pires mais qui est indispensable pour nous. Sans elle, nous serions perdus. La peur a son sens, elle a une raison d'être. Elle nous permet de nous méfier, elle pousse notre instinct de survie. Dans mon cas, avoir peur de Caleb me fait mal, et voir dans ses yeux la culpabilité qu'il porte me fait tout autant culpabiliser. Pourtant, je ne bouge pas, je n'y arrive pas, le doute et la crainte qu'il recommence perdurent.

Caleb fait quelques pas en arrière sans décrocher ses yeux des miens. Je passe ma main sur mon cou, il n'a aucunement coupé ma respiration mais le fait qu'il est eu le réflexe d'agripper mon cou me donne la chair de poule. Je sursaute quand une main se pose sur mon épaule. Je tourne les yeux vers la personne en question, Maélis. Je souffle doucement avant d'acquiescer un léger sourire pour la rassurer.

_ Vous devriez y aller, conseille Elliot, enfin calmé. On s'occupe d'eux. Quand ils reviendront, ils auront tout oublié.

J'espère en tous cas qu'ils vont réellement tout oublier, parce que s'ils disent ce qu'ils ont vu, je suis officiellement morte. Maélis me tire doucement par le bras pour m'inciter à la suivre. C'est plus prudent de partir. Je me tourne vers elle, puis nous commençons tous les trois à partir. Je m'arrête, alors que mes amis continuent. Mon cœur semble ne plus vouloir ralentir, cognant fort contre ma poitrine. Je croise les yeux vairons du Particulier, et ma gorge se serre. Les yeux de Caleb, sont imprégnés d'une certaine douleur et de culpabilité. Je sens une distance entre nous, et je suis bloquée entre l'envie de le rejoindre, lui dire que je lui en veux pas pour notre dispute et le fait qu'il ait tenté de m'étrangler, et l'envie de partir. Mais je manque de temps, il faut que je parte, je ne peux pas rester plus longtemps. Il ne voulait pas me faire de mal et je le sais, mais peut-être que la prochaine fois, il ne se contrôlera pas. Je ne pensais pas pouvoir m'attacher autant à quelqu'un en si peu de temps. Mais il est la seule personne qui me donne l'impression d'être libre, de ne pas être seule. Mais je n'avais pas réalisé l'ampleur de la situation. Je ne peux pas gérer mes sentiments, alors maintenant je me sens mal.

Je me tourne vers Elliot et inspire un bon coup pour pouvoir me ressaisir.

_ Je ramènerai ton frère, je t'en fais la promesse, assuré-je d'une voix rauque.

Mes yeux dérivent une nouvelle fois sur Caleb. Son regard est presque suppliant, comme s'il attendait que je dise ou fasse quelque chose. Mais quoi ? Il faut avouer, je me suis surestimée, je ne peux pas gérer ça, c'est impossible. J'entends la voix de Thomas qui m'appelle au loin, et adresse un dernier regard au beau brun aux yeux vairons.

_ Je suis désolée, dis-je sincèrement.

Il ouvre la bouche pour dire quelque chose et avance d'un pas, mais je me suis déjà retourné pour partir en courant rejoindre mes amis.

***

J'ai directement rejoint Mr. Clark lorsqu'on m'a ramené à la base. J'ai été immédiatement conduit à l'infirmerie. Après plus d'un heure de soins et d'examens, alors que je pensais être enfin tranquille, on m'informe que Mr. Williams exige de me voir. Je soupire et sors de l'infirmerie, puis marche dans les longs couloirs sinistres du bâtiment avant d'arriver face à la porte du bureau de Mr. Willians. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Je toque avant de rentrer. Il me fait rapidement signe de fermer la porte, puis je m'assieds face à lui.