Incompris

Chapitre 55

Plusieurs camps comme le nôtre ont attaqué une prison à proximité en même temps.
Des centaines de prisonniers ont été libérés, il y a de ça plusieurs jours maintenant, et si pendant un temps la paix semblait de retour, ce fut de courte durée.
Le lendemain, tout le monde parlait déjà d'une possible attaque du Gouvernement, ils n'avaient que ça à la bouche, et il est clair que l'idée m'a évidemment aussi traversé l'esprit. Je ne pense qu'à ça. Un millier de questions se bousculent dans ma tête, perturbant mon sommeil un peu plus chaque nuit.

Alors il a été décidé qu'on se disperse tous un peu partout dans le pays, par mesure de sécurité et comme Mark me l'a rappelé, je suis une fugitive, je ne peux pas rester.
C'est pourquoi que je prépare mon sac, comme tout le monde.

Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?

Le Gouvernement va riposter, ce n'est qu'une question de temps. Ils sont capables du pire, mais on ne sait pas quand ça arrivera, et c'est ce qui angoisse tout le monde un peu plus chaque jour.

Quelque chose tombe de mon sac, une photo. Je me baisse pour la ramasser, les bords sont abîmés, je la retourne.

Mes parents, mes frères et moi. Un sourire s'étend sur leurs lèvres. On était si jeune, Léo n'était qu'un nourrisson et mes parents encore en vie.
Je soupire doucement, le cœur serré.
Mes parents, je n'y avais pas pensé depuis un bout de temps maintenant, je ne pensais pas un jour arriver à ne plus y penser. Au début c'était tellement dur, une douleur insoutenable qui devenait presque physique, qui me donnais envie de mourir à chaque minute qui s'écoulait.
J'ai tenu grâce à mes frères et Liam, je n'avais plus qu'eux.

Soudain, le bruit d'un objet qui tombe se fait entendre dans mon dos. Je me retourne vivement, mon meilleur ami est déjà en train de ramasser l'objet en question.
Je range la photo et ferme mon sac avant de me redresser face à Liam.

_ Qu'est-ce que tu veux ? Demandé-je doucement.

_ Avec tout ce que qui c'est passé ces derniers temps, on n'a pas eu l'occasion de se parler, tu sais, comme avant, dit-il, l'air nostalgique.

Je hoche doucement la tête. Je m'assieds sur ce qui me sert de lit et l'invite à faire de même. J'ai toujours considéré Liam comme mon frère, bien que ces derniers temps, je n'ai pas tellement pris le temps pour lui. Il n'y a pas si longtemps de ça, je me suis énervée contre lui, lorsque Caleb s'est fait enlever, je ne pensais pas cela possible, pourtant ce qu'il avait fait, m'avais mise en rogne sur le moment et après avoir réfléchi, j'en suis venue à la conclusion que j'avais agi excessivement.  Certes, je me suis excusée, mais nous n'avons pas parlé.

_ Tu sais que je suis toujours là pour toi ? Dit-il presque tristement.
_ Évidemment Liam ! M'empressé-je de lui dire, je le suis pour toi aussi, même si c'est compliqué en ce moment...

Liam soupire. Je suis à mon tour nostalgique. Divers souvenirs refont soudainement surface, je souris.

_ À quoi tu penses ?
_ Je me rappelle juste de toutes ces fois où tu es passé clandestinement par la fenêtre de la chambre de Lucas ou la mienne, (je souris un peu plus) on passait la nuit devant la télé, ou on sortait dehors dans le parc à côté.

Liam hoche la tête, un sourire s'étire sur ses lèvres.

_ Et la voisine qui était sortie en furie de chez elle parce qu'on faisait trop de bruit ! rit mon meilleur ami.

Je ris de bon cœur, me rappelant parfaitement de cette bonne femme.

_ Elle nous a couru après pour nous chasser, gloussé-je, je crois que Lucas n'a jamais couru aussi vite de toute sa vie.
_ Je reste persuadé qu'elle lui faisait peur, se moque Liam.