Chapitre 61

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Les États-Unis et le Canada ont été peu à peu libérés de l'emprise du Gouvernement. Durant plusieurs jours le monde ne parlaient plus que de ça, des chants d'espoir ont commencé à se faire entendre dans les contrées les plus reculées et la population s'est enfin mise à croire en une liberté jadis perdue.
Après notre attaque, les sourires illuminaient le visage de mes camarades. Moi, j'en étais incapable, accablée par trop de sentiments refoulés, je n'ai pas pu acquiescer un seul rictus. C'était trop dur. Ce que j'ai vu lors de cette année sera à tout jamais gravé dans ma mémoire, en bien comme en mal. L'homme est bon, mais il peut être capable des pires horreurs, au point de vouloir exterminer la partie de la population différente de nous. Ils ne sont pas si différents, capables de choses atroces mais aussi du meilleur, ils ont simplement des facultés en plus. C'est ce que j'ai appris. Cette année, j'ai arrêté de me voiler la face, j'ai abandonné les mensonges qui m'entouraient, j'ai accepté le monde. J'ai vu l'Homme, j'ai vu la réalité.

Mes yeux croisent ceux de mon reflet. Les cheveux coiffés, vêtue d'une petite robe blanche, je ne me reconnais plus. Ça faisait longtemps que je n'avais pas quitté mes armes et mon uniforme, maintenant je n'ai presque plus l'air humaine.

- Tu es prête ?

Maélis apparaît dans l'embarrure de la porte, je la regarde à travers le miroir. Habillée d'un pantalon noir et d'une chemisé colorée, elle a rabattu ses cheveux en arrière avec un petit foulard blanc. Mon amie m'offre un radieux sourire. Je hoche simplement la tête et me retourne vers elle, la brune attrape ma main et me tire pour sortir de la chambre. Nous empruntons les escaliers afin de pouvoir aller dehors.
Le soleil brille, nous honorant de sa chaleur. Comme nous, tout le monde s'active pour se rendre au point de rendez-vous.
En masse face à une estrade, tout le monde s'attroupe face à plusieurs dirigeants de camps de Particuliers, dont Mark. Maélis tire un peu plus sur mon bras et me guide à travers la foule, nous finissons par retrouver Thomas. Ses lèvres s'étirent, discrètement il attrape la main de mon amie, je souris à mon tour. Ces deux là...

- Si nous sommes ici aujourd'hui, commence Mark, c'est pour fêter notre liberté retrouvée !

Plusieurs exclamations se font entendre dans la foule.

- Mais n'oublions pas ceux qui sont encore soumis à cet enfer, et les efforts qu'il nous a fallu pour en arriver là. C'est pourquoi je voudrais qu'on se fasse une promesse.

Le silence retombe, plus personne n'ose bouger, en pleine attention aux paroles du Particulier.

- Promettons nous de ne plus laisser une telle chose se produire, quitte à y laisser la vie. Promettons nous de ne pas abandonner ceux qui souffrent encore de la dictature !

D'autres exclamations.

- C'est pourquoi, les volontaires seulement, partirons pour la mission suivante : Libérer les autres, annonce t-il.

Les applaudissements retentissent bruyamment et résonne partout autour de nous.

- Je voudrais aussi profiter de ce moment pour qu'on se souvienne de ceux qu'on a perdu, poursuit Mark.

Mon cœur se serre, la tension monte dans la foule, frappée par les souvenirs douloureux.

- Honorons ceux qui ont sacrifié leurs vies pour que tout ça soit possible.

Liam, Zack, mes parents, ils devraient être ici aujourd'hui. Je serre les poings, peinant à repousser les larmes. Puis, sans que je puisse le contrôler, l'eau sort de mes yeux et s'écoule silencieusement sur mes joues.

- Ce jour marque une nouvelle page dans l'histoire ! Celui où nous, Particuliers, avons dit non à la soumission !

Les hurlements de joies se mélangent, mon cœur bat la chamade. C'est le début de la fin.

IncomprisWhere stories live. Discover now